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L’Encyclopédie/1re édition/CARMES

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 687-688).
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CARMES, s. m. pl. (Hist. ecclés.) ou NOTRE-DAME DU MONT-CARMEL ; ordre religieux qui tire son nom du Carmel, montagne de Syrie, autrefois habitée par les prophetes Elie & Elisée, & par les enfans des prophetes, desquels quelques auteurs peu intelligens ont prétendu que les Carmes descendoient par une succession non interrompue ; l’un d’entr’eux l’a même soûtenu dans des theses singulieres imprimées à Besiers, & qu’on trouve dans les nouvelles de la république des Lettres de Bayle.

D’autres, avec aussi peu de vraissemblance, leur donnent Jesus-Christ pour fondateur immédiat : quelques-uns ont imaginé que Pythagore avoit été Carme, & cela naturellement, & sans le secours de la métempsycose ; & d’autres que nos anciens Druides des Gaules étoient une branche ou un rejetion de cet ordre. Phocas, moine Grec, qui vivoit en 1185, dit que de son tems on voyoit encore sur le Carmel la caverne d’Elie, auprès de laquelle étoient des restes d’un bâtiment qui paroissoit avoir été un monastere ; que depuis quelques années un vieux moine, prêtre de Calabre, s’étoit établi en ce lieu, on conséquence d’une révélation du prophete Elie ; & qu’il y avoit assemblé dix freres. Albert, patriarche de Jérusalem, donna en 1209 à ces solitaires une regle qui fut approuvée deux ans après par le pape Honoré III. & que le pere Papebrock a fait imprimer. En 1238, le roi S. Louis revenant de la Terre-sainte, emmena avec lui quelques-uns de ces religieux, & les établit en France où ils ont sept provinces. Cet ordre qui est un des quatre mendians aggregés à l’université de Paris, s’est rendu célebre par les évêques, les prédicateurs, & les écrivains qu’il a donnés à l’Eglise. L’habit des Carmes est une robe noire, avec un scapulaire & un capuce de même couleur, & par-dessus une ample chape & un camail de couleur blanche. Il n’étoit pas autrefois de même. V. Barrés. L’ordre des Carmes se divise en deux branches ; ceux de l’anciene observance, qu’on appelle mitigés, parce que l’austérité de leur regle fut adoucie par Innocent IV. & par Eugene IV. & qui n’ont qu’un général auquel obéissent quarante provinces, & la congrégation de Mantoue qui a un vicaire général ; & l’étroite observance qui a deux généraux, l’un en Espagne, qui a huit provinces de son obéissance, & l’autre en Italie, qui a douze provinces en différentes parties de l’Europe.

Carmes Déchaussés ou Des chaux, ainsi appellés parce qu’ils vont nud-piés ; c’est une congrégation religieuse établie dans le xvi. siecle par sainte Thérese : cette sainte la remit dans sa premiere austérité vers l’an 1562. Elle commença par établir sa réforme dans les couvens de filles, & la porta ensuite dans ceux des hommes, aidée dans ce dessein par le pere Antoine de Jesus, & le pere Jean de la Croix, religieux Carmes. Pie V. l’approuva, & cette réforme fut confirmée par Grégoire XIII. en 1580. Il y a deux congrégations de Carmes déchaussés, dont chacune a son général & ses constitutions particulieres : l’une est la congrégation d’Espagne, divisée en six provinces ; l’autre est la congrégation d’Italie, qui comprend tout ce qui ne dépend pas de l’Espagne. Ils ont quarante-quatre ou quarante-cinq couvents en France, où ils sont établis depuis 1605. (G)