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L’Encyclopédie/1re édition/CASSINE ou THÉ

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 747).
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* CASSINE ou THÉ de la mer du Sud, (Hist. nat. bot.) On lit dans Miller, que les Indiens de ces contrées en font grand cas, & que c’est presque le seul remede dont ils fassent usage à la Caroline. Dans un tems fixe de l’année, ils accourent de fort loin sur les bords de la mer, dont le cassine n’est jamais éloigné. Ils prennent sa feuille, la mettent dans une chaudiere pleine d’eau, & la font bouillir sur le feu. Quand l’infusion ou la décoction en est suffisamment faite, ils s’asseyent autour de la chaudiere, & chacun en avale dans une grande tasse qui fait la ronde. Ils continuent l’usage de cette infusion pendant deux ou trois jours. Elle a la propriété de les faire vomir sans effort, sans douleur, sans tranchées, & sans qu’ils soient obligés de se baisser. Quand ils se croyent assez purgés, ils se chargent tous d’une brassée des mêmes feuilles, & s’en retournent dans leurs habitations.

M. Frezier dit que les Espagnols usent de ce remede contre les exhalaisons des mines du Pérou, & qu’on en fait grand usage à Lima, où on l’apporte seche & presque réduite en poudre. On met sa feuille dans une tasse de calebasse, qu’on appelle mate ; on y ajoûte du sucre, & l’on arrose le tout d’eau chaude, qu’on boit sans donner le tems à l’infusion de se faire. Pour ne pas avaler les feuilles, on se sert d’un chalumeau qui a une boule percée de trous à son extrémité. Ce chalumeau fait la ronde. On remet du sucre & de l’eau sur la feuille, quand la tasse est vuide. Au lieu du chalumeau, qu’on appelle bombilla, d’autres enlevent les feuilles avec une petite écumoire appellée apartador. Cette liqueur est préférée au thé ; elle a un goût plus agréable. L’usage en est si commun, que les habitans les plus pauvres en prennent le matin.

Le commerce s’en fait à Santa-Fé : on l’apporte par la riviere de la Plata. On en distingue deux especes ; l’une appellée yerba de palos, & l’autre yerba de camini : celle-ci qui vient du Paraguai, se vend la moitié plus cher que l’autre. On assûre qu’on en tire tous les ans plus de deux cents cinquante mille pesant. Voyez le Dict. de Medecine.