L’Encyclopédie/1re édition/CEILAN, ZEYLAN ou CEYLON

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Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 798).

CEILAN, ZEYLAN ou CEYLON, (Géog.) île très-considérable d’Asie, dans la mer des Indes ; les Hollandois en possedent presque toutes les côtes, & le roi de Candi est maître de l’intérieur du pays, qui contient sept royaumes ; les insulaires se nomment Chingulais ; ils sont idolatres. Leurs mariages se sont d’une maniere assez extraordinaire ; c’est la fille qui choisit un mari, & qui fait ensuite part de son choix à ses parens, qui, lorsqu’ils l’approuvent, préparent un grand repas. Le fiancé va avec ses amis chez sa fiancée ; ils se lient les pouces ensemble, & vont ensuite se coucher ; ou l’homme tient un bout du linge de la femme, & le met autour de ses reins, la femme tient l’autre bout, on leur verse de l’eau sur la tête & sur le corps ; cela fait, ils vivent ensemble aussi long-tems qu’ils s’accordent. La premiere nuit des nôces est au mari, la seconde est pour son frere, & s’il a un troisieme ou quatrieme frere, jusqu’au septieme, chacun a sa nuit ; de cette maniere une femme suffit pour une famille entiere. Les Chingulais ont un soin extrème de ne jamais se mésallier, & ils poussent le scrupule si loin sur leur noblesse, qu’ils ne prendroient point la moindre chose, pas même un verre d’eau, chez un homme d’un rang inférieur au leur ; un homme du commun n’a pas la permission même de frapper à la porte de son supérieur. Les femmes qui sont convaincues d’avoir eu commerce avec quelqu’un au-dessous d’elles, sont punies de mort. L’île de Ceilan est fort abondante en canelle, gingembre, ivoire, pierres précieuses, camphre, &c. c’est la Taprobane des anciens.