L’Encyclopédie/1re édition/CIERGE

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CIERGE ÉPINEUX, (Hist. nat. bot.) plante qui doit être rapportée au genre appellé melocactus. Voy. Melocactus. (I)

Ce cierge s’appelle encore cierge du Pérou, flambeau du Pérou, cereus Peruvianus.

James a manqué de goût en obmettant dans son ouvrage la belle & bonne description que M. de Jussieu a donnée en 1716 du cierge du Pérou (Mém. de l’acad. des Sc. ann. 1716. in-4o. pag. 146. avec fig.) ; je me garderai bien de la supprimer dans un dictionnaire où la Botanique exotique, qui est la moins connue, doit tenir sa place.

Description du cierge épineux du jardin du Roi. Deux sortes de gens, remarque d’abord M. de Jussieu, nous ont parlé du cierge épineux, les uns en voyageurs, les autres en botanistes : ceux-là frappés du peu de ressemblance qu’ils ont vû de cette plante à toutes celles de l’Europe, se sont plus attachés dans leurs relations à étonner leurs lecteurs par le merveilleux du récit qu’ils en ont fait, que par le vrai qu’ils n’étoient pas en état de rapporter, faute d’avoir quelque teinture de Botanique : ceux-ci ne nous en ont décrit que des especes différentes de celles dont il s’agit ici ; ou si l’on prétend que ce soit la même qu’ils ayent décrite, on ne pourra regarder leurs descriptions que comme imparfaites.

La plus exacte doit donc être celle qui sera d’après la nature même, & sur les observations qu’aura permis de faire la commodité du lieu où on a pû la voir en toute sorte d’état.

Cette plante, qui fut envoyée de Leyde au commencement du siecle par M. Hotton, professeur en Botanique au jardin de cette ville-là, à M. Fagon premier medecin de Louis XIV. & surintendant du jardin du Roi, y fut plantée, n’ayant alors que trois à quatre pouces sur deux & demi de diametre.

Depuis ce tems-là, on a observé que d’une année à l’autre, elle prenoit un pié & demi environ d’accroissement, & que la crue de chaque année se distingue par autant d’étranglemens de sa tige ; ensorte qu’elle étoit déja parvenue dans l’année 1716 à 23 piés de hauteur sur sept pouces de diametre, mesurée vers le bas de sa tige.

La figure droite & longue de la tige de cette plante par laquelle elle ressemble à un cierge, lui en a fait donner le nom : on pourroit même dire qu’elle auroit encore plus de rapport à une torche par les côtes arrondies, dont elle est relevée dans toute l’étendue de sa longueur.

Ces côtes, qui sont au nombre de huit & saillent d’environ un pouce, forment des cannelures d’un pouce & demi d’ouverture, lesquelles vont en diminuant, & augmentent en nombre à proportion qu’elles approchent du sommet de la plante terminée en cone.

Des toupets, composés chacun de sept, huit, ou neuf épines écartées les unes des autres en maniere de rosette, couleur châtain, fines, fort affilées, roides, & dont les plus longues sont de près de neuf lignes, sortent d’espace en espace à un demi-pouce d’intervalle, de petites pelotes cotonneuses, grisâtres, de la grandeur & figure d’une lentille ordinaire, & placées sur toute la longueur de ces côtes.

Son écorce est d’un verd gai ou verd de mer, tendre, lisse, & couvre une substance charnue, blanchâtre, pleine d’un suc glaireux, qui n’a qu’un goût d’herbe, & au milieu de laquelle se trouve un corps ligneux de quelques lignes d’épaisseur, aussi dur que le chêne, & qui renferme une moelle blanchâtre pleine de suc.

Onze ans après que ce cierge fut planté, & étant devenu haut de dix-neuf piés environ, deux branches sortirent de sa tige à trois piés & quelques pouces de sa naissance. A la douzieme année, il poussa des fleurs qui sortirent des bords supérieurs des pelotons épineux répandus sur ces côtes. Depuis ce tems jusqu’à l’année 1716, le cierge a tous les ans jetté de nouvelles branches qui sont en tout semblables à la tige, & a donné des fleurs qui naissent ordinairement en été de différens endroits des côtes de cette tige, quelquefois jusqu’au nombre de quinze ou seize. Il est actuellement très-haut.

La fleur commence par un petit bouton verdâtre, teint à sa pointe d’un peu de pourpre ; il s’allonge jusqu’à un demi-pié, & grossit un peu plus que du double à son extrémité, laquelle s’épanouissant, forme une espece de coupe de près d’un demi-pié de diametre.

Elle est composée d’une trentaine de pétales longues de deux pouces sur un demi de largeur, tendres, charnues, comme couvertes de petites gouttes de rosée blanchâtre à leur naissance, lavées de pourpre clair à leur extrémité, qui est pointue & légerement dentelée.

Une infinité d’étamines longues d’un pouce & demi, blanchâtres, chargées d’un sommet jaune de soufre, partent par étage des parois intérieures d’un calice de couleur verd gai, épais de deux lignes, d’une substance charnue, verdâtre, visqueuse, & d’un goût d’herbe, cannelé sur sa surface extérieure, & composé de plusieurs écailles longues, épaisses, étroites, vertes, teintes de pourpre à leur extrémité, & appliquées les unes sur les autres successivement, ensorte que les inférieures qui sont jointes à la naissance du calice, soûtiennent les supérieures, lesquelles se divisent, s’allongent, & s’élargissent à proportion qu’elles approchent des pétales de la fleur, dont elles ne se distinguent que parce qu’elles sont les plus extérieures, plus charnues, d’un verd jaunâtre vers leur milieu, & plus arrondies vers leur extrémité, qui est lavée d’un rouge brun.

Cette fleur qui a peu d’odeur, est portée sur un jeune fruit coloré d’un même verd que l’est le calice à sa naissance, auquel il sert de base, & lui est si intimement joint, qu’ils ne font ensemble qu’un même continu.

La surface de ce fruit gros alors comme une petite noix, est cannelée, lisse, & sans épines. Son intérieur renferme une chair blanchâtre, dans le milieu de laquelle est une cavité qui contient plusieurs semences.

Un pistil long de trois pouces & quelques lignes sur un & demi de diametre, blanchâtre, évasé à sa partie supérieure en maniere de pavillon, découpé en dix lanieres étroites, longues de six lignes, prend sa naissance au centre de ce fruit, que nous n’avons pas vû mûrir ici, & s’éleve de sa partie supérieure, enfile le calice de la fleur, & en occupe le centre : là, il est environné de toutes les étamines, qui s’inclinent un peu de son côté sans le surpasser & sans en être touché.

Observations sur cette plante. Les observations auxquelles la description de ce cierge peuvent donner lieu, sont :

1°. Que cette espece de cierge n’a du rapport qu’à celle dont Tabernamontanus donne une figure, qui a été copiée par Lobel, Dalechamp, & Swertius. C. Bauhin l’a nommée, cereus Peruanus, spinosus, fructu rubro, nucis magnitudine. Lin. 458.

2°. Que cette espece est différente de celles rapportées par M. Herman & par le P. Plumier, parce que celle-ci jette des branches, & que le pistil de sa fleur est de niveau aux étamines ; au lieu que celles-là n’ont qu’une seule tige sans branches, & que celle dont parle le P. Plumier, pousse du milieu de sa fleur un pistil qui la surpasse de beaucoup.

3°. Que quoique l’examen de la fleur & du fruit des plantes ait été jugé propre pour en établir le caractere, on peut néanmoins le faire sans ce secours, & par la seule inspection de la figure extérieure d’une plante qui a quelque chose de particulier ; ce qui se vérifie à l’égard de celle-ci, qui est assez reconnoissable par la longueur de ses tiges & par leurs cannelures, dont les côtes sont hérissées de paquets d’épines placées d’espace en espace : ensorte que comme il ne porte des fleurs que fort tard, & que cette fleur passe très-vîte, & n’est bien en état que la nuit & vers le matin, elle devient à l’égard du botaniste comme inutile pour juger du genre dans lequel la plante qui la porte doit être placée.

4°. Que le cierge par la structure de ses fleurs, par celle de son fruit, & par ses paquets d’épines, a beaucoup de rapport à la raquette, ou opuntia, & n’en differe que parce que les tiges de celle-ci ne sont point cannelées ; & que ce qui est merveilleux dans la végétation de l’une & de l’autre de ces plantes, est qu’elles puissent pousser un jet si haut, si charnu, & durer aussi long-tems, avec des racines si courtes & avec aussi peu de terre.

Ce que l’on a observé d’important pour la culture de ce cierge par rapport au lieu où l’on doit le placer, c’est qu’il faut qu’il ait une exposition favorable qui le mette à l’abri du nord, & où il puisse recevoir toute la chaleur du soleil, de laquelle il ne peut jamais être endommagé.

Que les pluies, la trop grande sécheresse, & la gelée, sont ses ennemis mortels ; que pour l’en garantir, on doit le tenir fermé dans un vitrage couvert par-dessus, & qui puisse être élevé à mesure que ce cierge croît.

Par rapport aux soins que l’on doit avoir de cette plante, l’expérience a appris qu’il est nécessaire d’entourer de fumier sec l’extérieur de la boîte vitrée qui l’enferme, & en même tems d’avoir la précaution de mettre intérieurement tous les soirs, une poële de feu pendant les froids les plus rigoureux.

Enfin on a prouvé que pour multiplier le cierge, il faut en couper pendant les plus grandes chaleurs les jeunes branches, & les laisser fanner deux à trois jours, en les exposant à l’ardeur du soleil auparavant que de les mettre en terre.

Après avoir transcrit la description du beau cierge épineux qui est dans le jardin du Roi, la Botanique exige de caractériser cette plante, quelque connoissable qu’elle soit par son port, & d’en indiquer les especes, outre que j’ai quelques remarques particulieres à y joindre.

Les caracteres du cierge épineux. Sa racine est vivace, petite en comparaison de la plante, & très-fibreuse. La plante n’a point de feuilles : elle est garnie de piquans, & est anguleuse. Les angles des ailes sont attachés à des épines, qui partant du centre des rayons, forment comme une espece d’étoile. La partie interne de la tige est ligneuse ; celle de dehors est blanche, fongueuse, & couverte d’une membrane semblable à du cuir. Le calice est long, écailleux, & sa partie supérieure est garnie de longs rayons, qui entourent le sommet de l’ovaire. La fleur qui sort de l’extrémité du fruit, est composée d’un grand nombre de pétales qui s’élargissent à mesure qu’ils s’éloignent de leur base ; elle est ornée de plusieurs étamines, & d’un très-beau pistil. L’ovaire qui est à l’extrémité du pédicule, forme le corps du calice : il est muni d’un tube, & se change en un fruit semblable à celui du poirier sauvage, charnu, couvert d’une membrane velue & visqueuse, lequel contient un nombre infini de semences.

Ses especes. Boerhaave en compte treize différentes especes.

1re. Cereus erectus, altissinus, Syrinamensis, Park. Bat. 116. spinis fuscis. H. R. D.

2e. Cereus erectus, altissimus, Syrinamensis, Park. Bat. 116. spinis albis. H. R. D.

3e. Cereus maximus, fructu spinoso, rubro, Dadus. Par. Bat. 113.

4e. Cereus erectus, fructu rubro, spinoso. Par. Bat. 114.

5e. Cereus erectus, fructu rubro, non spinoso, lanuginosus, lanugine flavescente. Par. Bat. 115.

6e. Cereus erectus, crassissimus, maximè angulosus, spinis albis, pluribus, longissimis, lanugine flavâ. H. R. D.

7e. Cereus erectus, gracilis, spinosissimus, spinis flavis, polygonus, lanugine albâ pallescente.

8e. Cereus erectus, gracilior, spinosissimus, spinis albis, polygonus. H. R. D.

9e. Cereus erectus, quadrangulus, costis alarum instar assurgentibus. Ind. 181.

10e. Cereus seandens, minor, trigonus, articulatus, fructu suavissimo. Par. Bat. 118.

11e. Cereus seandens, minor, polygonus, articulatus. Par. Bat. 120.

12e. Cereus minimus, articulatus, polygonus, spinosus. H. B. D.

13e. Cereus crectus, polygonus, spinosus, per intervalla compressus quasi in articulos. H. R. D. Bocrhaave, index alter plantarum. Vol. I.

Remarques sur ces especes & leur culture. Voilà le catalogue des diverses especes de cierges du Pérou. Le meilleur moyen de les conserver, est de les encaisser dans des boîtes vitrées, & de les tenir toûjours à l’abri de l’humidité dans une serre ouverte en été, & fermée en hyver. Il y a bien peu de ces especes qui produisent des fleurs dans nos climats. L’on ne compte guere que celles du jardin royal à Paris, & des jardins de botanique de Leyde & d’Amsterdam, qui ayent eû ce bonheur.

Les deux premieres especes sont les plus communes en Europe, & l’on peut même les conserver pendant les chaleurs de l’été dans les jardins, pourvû qu’on ait soin de les garantir des vents du nord, du froid, de la pluie, & de l’humidité, qui sont les plus grands ennemis des plantes de l’Amérique.

Les trois, quatre, cinq, six, sept, huit, & neuvieme especes, sont plus tendres, & requierent plus de chaleur. On les doit tenir avec soin dans des boites vitrées, & les placer dans un lieu choisi de la serre, à une chaleur reglée par le thermometre ; elles demandent très-peu d’arrosement pendant l’hyver.

La dixieme espece est cultivée par les habitans des Barbaties, attenant leurs maisons, par amour pour son fruit qui est de la grosseur d’une poire de bergamote, & d’une odeur délicieuse.

Cette dixieme & onzieme espece exigent encore plus de chaleur pour leur conservation, que les précédentes. Si on les place contre les murs d’une serre, elles y pousseront des racines, & s’éleveront à une grande hauteur : pourvû qu’on les attache à la muraille, on les portera jusqu’au haut de la serre, où elles feront un très-bel effet à la vûe.

La onzieme espece parvenue à un certain âge, produira de larges & belles fleurs d’une odeur admirable ; mais ces fleurs semblables à celles des autres especes, demeurent à peine un jour épanouies ; & si elles sont une fois fermées, elles ne s’épanouiront pas de nouveau.

On multiplie cette plante par boutures : pour cet effet il faut couper de ses tiges à la hauteur qu’on voudra, les mettre dans un lieu sec, les y laisser quinze jours ou trois semaines pour consolider leur blessure. Ces boutures doivent être plantées dans de petits pots remplis d’une terre légere & sablonneuse, avec un mêlange de décombres de bâtimens. On arrangera au fond des pots quelques petites pierres poreuses, pour boire l’humidité : ensuite on placera ces pots dans un lit chaud de tan ou de fumier, pour aider au développement des racines, & on les arrosera légerement une seule fois par semaine.

La meilleure saison pour ce travail est au mois de Juin ou de Juiliet, afin de leur donner le tems de prendre racine avant l’hyver. A la mi-Août on commencera par leur procurer de l’air par degrés, pour les endurcir contre le froid prochain ; mais il ne faut pas les exposer entierement à l’air ouvert ou au soleil. Au mois de Septembre, il faut les reporter dans la serre pour y passer l’hyver, pendant laquelle saison on ne les arrosera que très-rarement.

Quand vous avez coupé les sommités de quelques-unes de ces plantes pour les multiplier, leur tige poussera de nouveaux rejettons de leurs angles qui, quand ils auront huit ou neuf pouces de long, pourront servir à former de nouvelles plantes, & de cette maniere les vieilles plantes fourniront toûjours de nouveaux jets.

Comme les cierges du Pérou sont pleins de suc, ils peuvent se conserver hors de terre. Ceux donc qui voudront en apporter des Indes occidentales, n’ont autre chose à faire que de les couper, de les laisser sécher quelques jours, les renfermer ensuite dans une boîte avec du foin sec ou de la paille, les empêcher de se toucher de peur qu’ils ne s’entre-déchirent par leurs épines, & les préserver de l’humidité : de cette maniere, ils soûtiendront deux ou trois mois de voyage. Article communiqué par M. le Chevalier de Jaucourt.

Cierge, s. m. chandelle de cire que l’on place sur un chandelier, & que l’on brûle sur les autels aux enterremens & autres cérémonies religieuses. Voyez Chandelle.

On fait des cierges de différentes grandeurs & figures. En Italie, ils sont cylindriques ; dans la plûpart des autres pays, en France, en Angleterre, &c. ils sont coniques : l’une & l’autre espece sont creux à la partie inférieure ; c’est-là qu’est reçue la pointe du chandelier. Voyez Chandelier.

L’usage des cierges dans les cérémonies de religion est fort ancien. Nous savons que les Payens se servoient de flambeaux dans leurs sacrifices, sur-tout dans la célébration des mysteres de Cérès, & ils mettoient des cierges devant les statues de leurs dieux.

Quelques-uns croyent que c’est à l’imitation de cette cérémonie payenne, que les cierges ont été introduits dans l’église Chrétienne ; d’autres soûtiennent que les Chrétiens ont suivi en cela l’usage des Juifs. Mais pour en trouver l’origine, il est inutile d’avoir recours aux sentimens des uns & des autres.

Il n’est pas douteux que les premiers Chrétiens ne pouvant s’assembler que dans des lieux soûterreins, ne fussent obligés de se servir de cierges & de flambeaux : ils en eurent même besoin depuis qu’on leur eut permis de bâtir des églises ; car elles étoient construites de façon qu’elles ne recevoient que très-peu de jour, afin d’inspirer plus de respect par l’obscurité.

C’est-là l’origine la plus naturelle qu’on puisse donner à l’usage des cierges dans les églises. Mais il y a déjà long-tems que cet usage, introduit par la nécessité, est devenu une pure cérémonie. S. Paulin, qui vivoit au commencement du cinquieme siecle, observe que les Chrétiens de son tems aimoient si fort les cierges, qu’ils en représentoient en peinture dans leurs églises.

Ceux qui ont écrit des cérémonies de l’église, ont remarqué que l’usage d’allumer des cierges même en plein jour, a une signification mystique, qui est d’exprimer la joie, la charité, & la lumiere même de la vérité, découverte aux hommes par la prédication de l’Evangile. C’est le sentiment de S. Jerôme contre l’hérétique Vigilance : Per totas Orientis ecclesias, dit ce pere, accenduntur luminaria, sole jam rutilante, non utique ad fugandas tenebras, sed ad signum latitia demonstrandum… Ut sub typo luminis corporalis illa lux ostendatur de quâ in psalterio legimus : lucerna pedibus meis verbum tuum, & lumen semitis meis. S. Jerôme, tom. IV. part. I. pag. 284.

Il y a deux manieres de faire des cierges ; l’une à la cuillere, & l’autre à la main.

Voici la premiere. Les brins des meches que l’on fait ordinairement moitié coton & moitié filasse, ayant été bien commis & coupés de la longueur dont on veut faire les cierges, on en pend une douzaine à distances égales, autour d’un cerceau de fer, perpendiculairement au-dessus d’un grand bassin de cuivre plein de cire fondue : alors on prend une cuillere de fer qu’on emplit de cette cire ; on la verse doucement sur les meches, un peu au-dessous de leur extrémité supérieure, & on les arrose ainsi l’une après l’autre : de sorte que la cire coulant du haut en-bas sur les meches, elles en deviennent entierement couvertes, & le surplus de la cire retombe dans le bassin, au-dessous duquel est un brasier pour tenir la cire en fusion, ou pour empêcher qu’elle ne se fige.

On continue ainsi d’arroser les meches dix ou douze fois de suite, jusqu’à ce que les cierges ayent pris l’épaisseur qu’on veut leur donner. Le premier arrosement ne fait que tremper la meche ; le second commence à la couvrir, & les autres lui donnent la forme & l’épaisseur. Pour cet effet, on a soin que chaque arrosement qui suit le quatrieme, se fasse de plus bas en plus bas, afin que le cierge prenne une figure conique. Les cierges étant ainsi formés, on les pose pendant qu’ils sont encore chauds, dans un lit de plume pour les tenir moux : on les en tire l’un après l’autre, pour les rouler sur une table longue & unie avec un instrument oblong de boüis, dont le bout inférieur est poli, & dont l’autre est garni d’une anse.

Après que l’on a ainsi roulé & poli les cierges, on en coupe un morceau du côté du bout épais, dans lequel on perce un trou conique avec un instrument de boüis, afin que les cierges puissent entrer dans la pointe des chandeliers.

Pendant que la broche de boüis est encore dans le trou, on a coûtume d’empreindre sur le côté extérieur le nom de l’ouvrier & le poids du cierge, par le moyen d’une regle de boüis sur laquelle on a gravé les caracteres qui expriment ces deux choses. Enfin on pend les cierges à des cerceaux, pour les secher, durcir, & exposer en vente.

Maniere de faire des cierges à la main. Les meches étant disposées comme ci-dessus, on commence par amollir la cire dans de l’eau chaude, & dans un vaisseau de cuivre étroit & profond : ensuite on prend une poignée de cette cire, & on l’applique par degrés à la meche qui est attachée à un crochet dans le mur par le bout opposé au collet, de sorte que l’on commence à former le cierge par son gros bout : on continue cette opération en le faisant toûjours moins fort à mesure que l’on avance vers le collet.

Le reste se fait de la maniere ci-dessus expliquée, si ce n’est qu’au lieu de les mettre dans un lit de plumes, on les roule sur la table aussi-tôt qu’ils sont formés.

Il y a deux choses à observer par rapport aux deux especes de cierges ; la premiere, est que pendant toute l’opération des cierges faits à la cuillere, on se sert d’eau pour mouiller la table, & d’autres instrumens, pour empêcher que la cire ne s’y attache : & la seconde, que dans l’opération des cierges faits à la main, on se sert d’huile d’olive, pour prévenir le même inconvénient.

Cierge paschal, dans l’église Romaine, est un gros cierge auquel un diacre applique cinq grains d’encens, dans autant de trous que l’on y a faits en forme de croix ; il allume ce cierge avec du feu nouveau, pendant les cérémonies du samedi-saint.

Le pontifical dit que le pape Zosime a institué cette cérémonie ; mais Baronius prétend que cet usage est plus ancien ; & pour le prouver, il cite une hymne de Prudence. Il croit que ce pape en a établi seulement l’usage dans les églises paroissiales, & qu’auparavant l’on ne s’en servoit que dans les grandes églises.

Le pere Papebroch parle plus distinctement de l’origine du cierge paschal, dans son conatus chronico-historicus. Quoique le concile de Nicée eût reglé le jour auquel il falloit célebrer la fête de Pâques, il semble qu’il chargea le patriarche d’Alexandrie d’en faire un canon annuel & de l’envoyer au pape. Comme toutes les fêtes mobiles se reglent par celle de Pâques, on en faisoit tous les ans un catalogue que l’on écrivoit sur un cierge, & on benissoit ce cierge dans l’église avec beaucoup de cérémonie.

Ce cierge, selon l’abbé Châtelain, n’étoit pas de cire, ni fait pour brûler ; il n’avoit point de meche, & ce n’étoit qu’une espece de colomne de cire, faite pour écrire dessus la liste des fêtes mobiles, cette liste ne devant subsister que l’espace d’un an : car lorsqu’on écrivoit quelque chose dont on vouloit perpétuer la mémoire, les anciens avoient coûtume de le faire graver sur du marbre ou sur de l’acier : quand c’étoit pour longtems, on l’écrivoit sur du papier d’Egypte ; & quand ce n’étoit que pour peu de tems, on se contentoit de le tracer sur de la cire. Par succession de tems, on commença à écrire la liste des fêtes mobiles sur du papier, mais on l’attachoit toûjours au cierge paschal, & cette coûtume s’observe encore de nos jours dans l’église de Notre-Dame de Roüen, & dans toutes les églises de l’ordre de Cluni. Telle est l’origine de la bénédiction du cierge paschal. V. sur l’article Cierge les Dict. de Trévoux, du Commerce, & Chambers.

Cierges, (Hydraulique.) Ce sont des jets élevés & perpendiculaires, fournis sur la même ligne par le même tuyau, qui étant bien proportionné à leur quantité, à leur souche, & à leur sortie, leur conserve toute leur hauteur. On a un bel exemple des cierges ou grilles d’eau au haut de l’orangerie de Saint-Cloud.

On prétend que les cierges d’eau sont plus éloignés les uns des autres que les grilles. (K)