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L’Encyclopédie/1re édition/CLOISON

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CLOISON, s. f. terme d’Architecture, ouvrage de charpente ; du Latin craticii parietes, selon Vitruve, ou de crates, une claie ; parce que les poteaux debout des cloisons, leur sommier, & leur traverse, imitent les menues perches dont les premiers hommes se servirent pour clorre leur cabannes. Les poteaux de ces cloisons sont espacés de dix ou douze pouces : ces espaces sont remplis de plâtre seulement quand on veut laisser les bois apparens, & hourdis des deux côtés lorsqu’on veut les recouvrir ; alors ces cloisons sont appellées pleines. L’on appelle cloisons creuses, celles qui sont seulement hourdies des deux côtés.

On nomme cloison de menuiserie, celle de planches assemblées à rainures & languettes posées à coulisses, & entretenues par des entretoises, à l’usage des retranchemens que l’on veut pratiquer dans de grandes pieces.

On appelle cloison de maçonnerie, tout mur de refend qui ne monte pas de fond, & qui n’a pas l’épaisseur requise suivant l’art, n’étant pour l’ordinaire construit que de briques, de plâtras, ou de moellons non gissans, liaisonnés néanmoins avec du plâtre ou du mortier. (P)

Cloison, (Fontainier.) on nomme ainsi des séparations de cuivre, de plomb, ou de fer-blanc, qu’on place dans les cuvettés des fontaines & des jauges. On en distingue de deux sortes : celle de calme, appellée languette, est placée près de l’endroit où tombe l’eau ; sans interrompre sa communication dans toute la cuvette, elle ne fait qu’en rompre le flot, qui dérangeroit le niveau de l’eau en même tems qu’il en augmenteroit la dépense : l’autre cloison est celle du bord où s’attachent les bassinets pour la distribution de l’eau. Voyez Bassinets. (K)

Cloisons ; ce sont des planches qu’on attache ensemble dans une écurie, depuis les poteaux jusqu’au ratelier, & qui en bouchent tout l’intervalle, afin que les chevaux ne puissent point se battre, & qu’ils soient plus tranquilles en leurs places. Lorsqu’on met des cloisons dans une écurie, il faut que les poteaux soient plus éloignés les uns des autres que quand il n’y a que des barres, afin qu’ils ayent assez d’espace pour se coucher. Voy. Barre, (Man.) Poteau, &c. (V)

Cloison, (Marine.) c’est un rang de poteaux espacés environ à quinze ou dix-huit pouces, & qui étant remplis de panneaux ou couverts de planches, forment & séparent les chambres dans les navires. Voyez la Plan. IV. Marine, fig. 1. la grande cloison des soutes cotée 53, & les montans de cette cloison cotés 54, la cloison de la sainte-barbe cotée 108. (Z)

Cloison, (Serrurerie.) c’est dans une serrure ce qui entoure le palatre & forme la surface extérieure des côtés de la serrure. La cloison est arrêtée sur le palatre par des étochios.

Cloison, en Anatomie, nom de différentes parties qui font l’office de mur mitoyen entre deux autres.

La faux & le pressoir d’Hérophile tiennent lieu d’une cloison, dont la premiere sépare les deux hémispheres du cerveau, & la seconde le cerveau du cervelet. Voyez Faux & Pressoir.

La cloison transparente est située directement sous la couture du corps calleux dont elle est la continuation, & comme une espece de duplicature. On l’appelle aussi septum lucidum.

Les deux sinus sphénoïdaux & les deux sinus frontaux sont séparés chacun par une cloison osseuse ; les fosses nasales sont séparées par une cloison formée par l’os vomer, la lame verticale de l’os ethmoïde, & un cartilage.

Les deux ventricules du cœur sont distingués par une cloison charnue.

Le diaphragme fait l’office d’une cloison qui sépare la poitrine du bas-ventre.

Le darthos forme une cloison qui distingue les deux testicules l’un de l’autre. Voyez Cœur, Diaphragme, &c. (L)

Cloison du palais, (Anatom.) en Latin velum palati. La cloison du palais, dont la luette est regardée comme une partie, pourroit également être appellée la cloison du nez, du gosier.

Elle est terminée en en-bas par un bord libre & flotant qui représente une arcade particuliere située transversalement au-dessus de la base ou de la racine de la langue. Le sommet de cette arcade porte un petit corps glanduleux, mollasse, irrégulierement conique, que nous appellons la luette. V. Luette.

On trouve dans tous les livres d’Anatomie la description de la cloison ou du voile du palais ; mais comme la meilleure est à mon sens celle qu’en a donnée M. Littre, dans les mémoires de l’académie des Sciences, ann. 1718, p. 300, je dois m’en servir ici par préférence.

C’est, dit ce célebre anatomiste, une espece de membrane qui est d’une consistance molle, de couleur blanchâtre, gluante au tact, convexe par-dessus, & concave par-dessous ; elle est environ d’une demi-ligne d’épaisseur, de quinze lignes d’un côté à l’autre, & d’un pouce de devant en arriere : sa situation est à la partie postérieure de la voûte du palais, & elle est plus antérieure, plus haute, & plus élevée que celle de l’épiglotte de trois à quatre lignes : son attache est par-devant à la partie postérieure des os du palais, par les côtés aux parties latérales & internes des mêmes os & des apophyses ptérigoïdes ; par sa partie postérieure elle n’est attachée a rien, excepté par les deux côtés, étant lâche & comme pendante par son milieu.

Cette cloison est éloignée de la glotte d’environ quatre lignes ; cependant toûjours prête à changer de situation dans les corps vivans, lorsque ces parties sont en action, tantôt s’approchant, & tantôt s’éloignant les unes des autres : elle forme par sa face inférieure la partie postérieure de la voûte du palais, & par sa face supérieure la partie postérieure & inférieure du nez.

On remarque du côté de la face inférieure de cette cloison deux manieres d’arcs musculeux, l’un & l’autre un peu séparés au milieu de la partie supérieure, situés transversalement l’un vers le devant & l’autre sur le derriere. L’arc antérieur est un peu incliné par en-bas, & en-devant ; il s’attache par une de ses branches à la partie postérieure & inférieure d’un des côtés de la langue, & par l’autre branche au même endroit de l’autre côté. L’arc postérieur est incliné par en-bas & en-arriere, & il s’attache par une branche à un des côtés du pharynx, & par l’autre branche au même endroit de l’autre côté. On observe entre ses deux arcs ou arcades les deux glandes dites amygdales, qui sont placées l’une au côté droit l’autre au côté gauche. Enfin la cloison du palais est composée de deux membranes, de quantité de glandes, & de plusieurs muscles, qu’il sera toûjours impossible de bien décrire.

On apperçoit dans les corps vivans dont la bouche est beaucoup fendue, & qui ont la langue petite, que cette cloison se porte en en-haut, tantôt en-devant, tantôt même en-arriere, & qu’elle se porte en en-bas, tantôt aussi en-devant, & tantôt aussi en-arriere ; d’où l’on peut conclure qu’elle peut fermer tantôt le passage du gosier à la bouche, & quelquefois aussi couvrir la glotte.

Mais outre que la cloison du palais fait la fonction de valvule aux narines & au gosier, en empêchant de revenir par les narines ce qu’on avale, principalement la boisson, elle a d’autres usages que M. Littre a passés sous silence, & qui méritoient de n’être pas omis. D’abord elle sert à conduire dans le pharynx la lymphe lachrymale, & la lymphe mucilagineuse qui s’amasse continuellement sur la voûte du palais ; de plus, c’est une machine qui aide à pousser en en-bas les matieres de la déglutition, qui sert aux modulations de la voix, soit que les sons & la voix passent par la bouche, par les narines, ou par l’un & par l’autre : c’est encore une machine qui, avec l’aide de la luette, préserve les poumons des matieres qui pourroient entrer par la glotte ; enfin, qui enduit & lubrifie la surface des alimens qu’on est sur le point d’avaler.

Je voudrois bien aussi donner les usages des différens muscles de la cloison du palais, mais ils ne sont pas assez distinctement connus, ni même les différens mouvemens dont cette cloison est capable : voilà comme l’Anatomie trouve ses limites, dans les objets qui semblent tomber le plus sous les sens & l’art du scalpel. Mais est-il de partie dans le corps humain, dont la méchanique & le jeu ne tendent à confondre notre présomption & notre science imaginaire ? Article de M. le Chevalier de Jaucourt.

Cloison d’Angers, ou Clouaison, (Jurisp.) est une imposition que les anciens ducs d’Anjou avoient octroyée aux maire & échevins d’Angers, pour entretenir les fortifications de leur ville & du château. Ce droit fut nommé cloison, parce qu’il étoit destiné à la cloison ou clôture de la ville. En 1500 il y eut un réglement au sujet de la cloison de la ville d’Angers, qui est imprimé à la fin de plusieurs coûtumes d’Anjou, où l’on peut voir sur quelles marchandises on levoit cette imposition. Voyez aussi Choppin, sur l’art. 50. de la coût. d’Anjou, tome I. p. 482. de la troisieme édition de Sonnius. M. Pérard, p. 413. (A)