L’Encyclopédie/1re édition/COLIBRI

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COLIBRI, sub. m. oiseau commun dans plusieurs contrées de l’Amérique. (Voyez B. fig. 1. Pl. XII. Hist. natur.) Il y en a des especes fort différentes pour la grosseur, pour les couleurs, &c. Il y en a de si petits, qu’on leur donne le nom d’oiseaux mouches : ils sont très-beaux par la diversité de l’éclat de leurs couleurs, ce qui les a fait appeller rayons du soleil ; leurs plumes sont en effet si belles, qu’on les employe à faire des tapisseries & même des tableaux ; & l’oiseau entier, après avoir été desséché est encore si beau, qu’on le suspend aux oreilles pour servir d’ornement. La longueur du bec varie dans les différentes especes de colibri ; il est droit dans les uns, & courbe dans les autres. Leurs yeux sont petits & noirs ; leur vol est si rapide, qu’on les apperçoit à peine ; ils se soûtiennent pendant long-tems en l’air, & semblent y rester immobiles. On les voit dans les forêts, sur-tout le matin, recueillir la rosée ou le miel sur les fleurs, particulierement sur celles du gui. Ils font leur nid avec du coton sur des branches d’arbre, & y déposent des œufs blancs qui ne sont pas plus gros que des pois. C. Il y a en Amérique des araignées A, qui sont beaucoup plus grosses que les colibris, & qui mangent leurs œufs. Voyez Araignée.

Lorsque les colibris ne trouvent plus de fleurs, ils se suspendent par le bec à l’écorce d’un arbre, & y restent jusqu’à ce qu’il y ait de nouvelles fleurs. Hist. des Incas, Paris 1744, tom. II. pag. 277.

On donne aux colibris le nom de suce-fleurs ou d’oiseau abeille (Seba Th. rer. nat. tom. I. pag. 61.) ; parce qu’ils sont très-petits, & qu’ils voltigent sur les fleurs comme les abeilles. Seba rapporte qu’on lui a envoyé des colibris des Indes orientales, qu’ils sont ordinairement plus grands que les autres, & que le plumage en est gris & mêlé d’un verd éclatant.

Edwards fait mention, dans son histoire naturelle des oiseaux, de plusieurs especes de colibris, & il donne les figures & les descriptions du colibri rouge à longue queue, du petit colibri brun de Surinam, du colibri verd à longue queue, du colibri à tête noire & à longue queue, du colibri dont le ventre est blanc, du colibri bleu & verd, du colibri verd dont le ventre est noir, du colibri hupé, & du colibri à gorge rouge. Il suffira de rapporter ici d’après ce même auteur la description du colibri rouge à longue queue, qui est un des plus grands & des plus beaux oiseaux de son genre ; & celle du colibri hupé, qui est un des plus petits.

« Le colibri rouge à longue queue est un des plus gros oiseaux & des plus beaux que j’aye jamais vû de ce genre. Son bec est long, mince, & courbé en-bas vers la pointe, & de couleur noire : la tête & le haut du cou sont noirs & luisans ; la gorge est d’un verd brillant, & même de couleur d’or : au-dessous de ce verd, il y a une ligne noire en forme de croissant, qui le sépare de la poitrine qui est de couleur de rose. Le dos & les petites plumes des ailes sont d’une couleur rouge orangée. Les grandes plumes des ailes & le premier rang des petites sont d’un violet. La queue a dans le milieu deux longues plumes de la même couleur violette que les aîles. Les plumes des côtés & de la queue sont d’une couleur orangée rougeâtre, comme celles du dos. Les plumes du bas du dos, celles du croupion, & les plumes qui recouvrent la queue, sont d’un beau verd. Les jambes sont très-courtes & de couleur noire, de même que les piés qui ont quatre doigts, dont trois sont en-avant & l’autre derriere, comme dans tous les autres oiseaux de ce genre.

Le colibri hupé a le bec mince, aigu par la pointe, mais pas si long que dans la plûpart des oiseaux de son genre, de couleur noire & très-peu courbé en-bas. Le haut de la tête depuis le bec jusqu’au derriere de la tête qui se termine en une hupe, est d’abord verd, & sur le derriere bleu foncé : ces deux couleurs brillent avec un lustre qui surpasse de beaucoup les métaux les plus polis & les plus éclatans ; sur-tout la partie verte qui est la plus claire en certains jours, se change de verd en couleur d’or d’une si grande beauté, qu’on ne sauroit l’exprimer par des couleurs, ni même la concevoir dans l’absence de l’objet. Les plumes de la partie supérieure du corps & des ailes, sont d’un verd foncé entremêlé de couleur d’or. Précisément au-dessous du bec, il y a une tache d’un blanc terni. La poitrine & le ventre sont d’une couleur grisâtre, ou mêlée de gris sombre & terni. Les grandes plumes sont de couleur de pourpre. La queue est d’un noir bleuâtre, un peu lustré par-dessus ; mais le dessous est encore plus brillant que le dessus, ce qui n’est pas ordinaire. Les jambes & les piés sont très-petits & noirs. Le nid est composé d’une substance de coton ou de soie très-belle & très-douce, je ne saurois dire précisément ce que c’est ; c’est un composé de deux matieres, l’une rouge, & l’autre d’un blanc jaunâtre. Voyez Oiseau. (I) »