L’Encyclopédie/1re édition/COTONNIER

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COTONNIER, s. m. xilon, (Hist. nat. bot.) Voy. à l’article Coton, la description de ce genre de plante, & différentes observations, tant sur les arbres de ce nom, que sur la laine qu’ils donnent. On dit que la tige de celui qu’on cultive à Malte & plusieurs endroits du Levant, & qui est désigné dans les auteurs de Botanique par xilon herbaceum, J. B. ou cotonnier commun, s’éleve environ à trois ou quatre piés ; qu’elle est droite, velue, ligneuse, & presque toûjours branchue ; ses feuilles alternes & semblables, au haut de la plante, à celles du petit érable, moins fermes, plus velues & plus blanchâtres ; au bas, arrondies & échancrées en quelques endroits ; ses fleurs, placées aux extrémités des branches, de la grandeur & de la figure de celles de la mauve ordinaire, jaunes sur les bords & purpurines au fond, & que son pistil devient, quand la fleur est passée, un fruit gros comme une petite noix, & divisé en plusieurs cellules pleines d’une filasse blanche qu’on appelle coton, attachée à plusieurs graines. Ce cotonnier est annuel. Le xilon arboreum ou cotonnier arbre, est commun aux Indes & n’est point annuel ; il a la tige haute de plusieurs piés ; les branches longues, ligneuses, couvertes de feuilles alternes, & peu différentes de celles du riceri, excepté par la couleur & la consistance ; la fleur jaune & de l’étendue de celle de la mauve appellée rose d’outre-mer ; le fruit plus gros que celui du cotonnier précédent, & le coton & la graine tout-à-fait pareils à son coton & à sa graine.

On peut diviser ce dernier en trois espèces, qu’on distingue par la finesse de la laine & la disposition des graines dans la gousse. La premiere donne un coton commun dont on fait des matelas & des toiles ordinaires : la seconde, un coton très-blanc & extrèmement fin, propre aux ouvrages déliés ; & la troisieme, un très-beau coton qu’on appelle à la Martinique coton de pierre, parce que les graines au lieu d’être éparses dans sa gousse, comme elle l’est aux autres, sont ammoncelées & si serrées les unes contre les autres qu’on a de la peine à les séparer, ensorte que toutes ensemble occupent le milieu du flocon.

On cultive aux Antilles une quatrieme espece de cotonnier, plus petite que les précédentes, quoique leur ressemblant à-peu-près par sa tige & ses feuilles ; le coton en est très-fin & d’une belle couleur de chamois ; on l’appelle coton de Siam ; voyez l’article Coton ; peut-être sa graine est-elle venue de Siam. On fait de sa laine des bas d’une extrème finesse. La couleur en est recherchée. Les plus beaux se font dans l’île de la Guadeloupe.

Le coton de Fromager se tire d’une gousse de la grosseur d’un bon œuf, & cette gousse est produite sur un des plus gros & des plus grands arbres que la Nature ait fait croître aux Antilles. Ce coton est d’une extrème finesse ; il est doux comme la soie ; la couleur en est brune, tirant sur celle de l’olive ; il se pelote facilement : les parties qui le composent sont si courtes, qu’il ne peut être filé ; il est presqu’aussi combustible que l’amadou. Les Negres & les chasseurs l’employent au même usage que l’amadou ; pour cet effet ils le portent dans de petites calebasses. On prétend qu’on en pourroit fabriquer de beaux chapeaux. Les habitans ne le mettent qu’en oreillers & en coussins.

Coton de Mahot ; il est beaucoup plus fin que les précédens ; sa couleur est tannée ; la soie est moins luisante ; rien n’est plus doux au toucher ; mais étant aussi court que celui de Fromager, il est impossible de le filer. L’arbre qui le produit croît le long des rivieres ; la fleur en est grosse, jaune, en cloche, & découpée ; la gousse qui lui succede est longue d’un pié, ronde, de 15 à 14 lignes de diametre, cannelée, un peu véloutée, & s’ouvrant d’elle-même quand elle est mûre, ensorte que le coton qui s’échappe d’entre les cannelures recouvre la gousse en entier. On pourroit transporter ce coton dans les climats froids pour en oüetter les vêtemens. Il reste dans le pays, où on ne l’employe qu’aux mêmes usages que celui de Fromager. Article de M. le Romain