L’Encyclopédie/1re édition/CRÉMAILLIERE
CRÉMAILLIERE, s. f. terme qui a différentes acceptions. Voyez les articles suivans. C’est dans une montre ou pendule à répétition, la piece que l’on pousse avec le poussoir, ou que l’on tire avec le cordon, lorsque l’on veut qu’elle répete. Par ce mouvement elle produit deux effets : 1°. elle bande le ressort de la répétition, qui en se débandant la fait sonner : 2°. elle va s’appuyer sur les degrés du limaçon des heures, pour la déterminer à sonner l’heure marquée par les aiguilles.
Dans les pendules à répétition à la françoise, où elle ne sert qu’à produire ce dernier effet, on l’appelle rateau. Voyez Répétition, Cadrature, &c.
Quoique nous ayons dit que le cordon d’une pendule à répétition étoit attaché à la crémailliere, cependant il tient plus ordinairement à une poulie fixée sur l’arbre de la grande roue de sonnerie. Voyez Répétition. (T)
Crémailliere, en terme d’Orfévre en grosserie, se dit proprement d’un morceau de fer dentelé dont le cric est garni, au bout duquel la main s’accroche, & qui est tiré lui-même par la machine que nous avons décrite en parlant du cric ou banc à cric. Voy. Banc.
Crémailleres ou Crémailliers, (Rubanerie & Manufacture en soie.) Ce sont deux pieces de bois plates, taillées en forme de crémaillere renversée, que l’on attache sur les piliers de devant du métier. Leur usage est de recevoir deux ficelles qui sont attachées aux porterames de devant, & qui viennent terminer sur elles pour y être haussées ou baissées, suivant le besoin. Voici ce besoin. Lorsque le tems est sec, les rames s’allongent, & conséquemment les lissettes seroient plus basses que le peigne, ce qui ne se doit jamais : il faut donc que l’ouvrier tire à lui le porterame, en baissant les cordes sur les crémailleres, ce qui remet les rames dans leur état. Au contraire lorsque le tems est humide, les rames se raccourcissent, se haussent : il faut donc faire le contraire.
* Crémaillere, (Serrur.) c’est dans une serrure un méchanisme d’usage, quand elle est à pignon. Ce méchanisme consiste en deux pieces de fer dentées qui traversent la serrure dans toute sa largeur, & prennent le pignon entre leurs parties dentées, de sorte que le pignon ne peut tourner sans faire monter l’une des pieces & descendre l’autre. Mais ces pieces portent à leurs extrémités coudées quelquefois à double coude, des verroux, qui entrent par ce moyen haut & bas dans des gâches qui leur sont préparées.
Le pignon est mû par le moyen d’une crémaillere pratiquée à la queue du pêle, & qui entre dans les dents du pignion ; de sorte que quand on tourne la clé pour ouvrir ou fermer la porte, les verroux sortent & entrent dans leurs gâches, en même tems que le pêle sort & entre dans la gâche, par le mouvement que le pêle communique au pignon en allant & venant.
La crémaillere est encore une piece de serrurerie qui s’applique derriere les guichets des grandes portes. Cette piece a à ses extrémités des pattes qui servent à l’attacher contre le guichet. La partie qui est entre les pattes est dentée, & sert à recevoir le crochet d’une barre de fer qui est scellée dans le mur opposé, avec son lacéré. Son usage est de tenir une porte fermée entierement, ou ouverte plus ou moins, à discrétion. Pour fermer la porte entierement, on met le crochet de la barre au premier cran de la crémaillere ; pour l’ouvrir plus ou moins, on met le crochet au second, au troisieme cran, &c.
Il est évident que quand la porte est ainsi ouverte ou fermée, elle reste immobile, & ne peut ni s’ouvrir si elle est fermée, ni s’ouvrir davantage si elle est déja ouverte.
La crémaillere a pour couverture une tringle ronde de fer rond, tout d’une piece avec elle, & qui empêche le crochet de s’échapper des crans ; & à conduire le crochet, en soûtenant la barre pendant le mouvement de la porte ou du guichet.
On appelle encore crémaillere, soit en bois, soit en fer, ces parties ou tringles dentées dans lesquelles se met un chevalet qui sert à tenir une surface, comme celle d’un pupitre, plus ou moins inclinée.
On donne le même nom à une bande de fer plat, sur la longueur de laquelle on a pratiqué des dents ou hoches profondes. Cette bande a un bout de chaîne à une de ses extrémités, par lequel elle peut être suspendue ; elle est embrassée par une autre bande de fer plat qui se meut sur elle, dont l’extrémité supérieure peut s’arrêter dans chacune de ses dents, & dont l’inférieure est terminée par un crochet. On place cet assemblage dans les cheminées de cuisine ; on fait descendre ou monter le crochet à discrétion, par le moyen des dents ou crans ; on passe un pot à anse ou un chauderon dans le crochet, & ce vaisseau demeure ainsi exposé au-dessus de la flamme.