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L’Encyclopédie/1re édition/EBIONITES

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EBIONITES, s. m. pl. (Théolol.) anciens hérétiques qui parurent dans le premier siecle de l’Eglise, & qui entr’autres choses nioient la divinité de J. C. Voyez Ariens. La plus commune opinion est que leur chef s’appelloit Ebion, & qu’ils en ont tiré leur nom : ils parurent vers l’an 75 de J. C.

Selon quelques-uns, le mot Ebionites vient du mot hébreu ebion, qui signifie pauvre, & fut donné à ces hérétiques à cause des idées basses qu’ils avoient de J. C. étymologie un peu forcée.

Les Ebionites se disoient disciples de S. Pierre, & rejettoient S Paul, sur ce qu’il n’étoit pas Juif d’origine, mais un Gentil prosélyte. Ils observoient, comme les fideles, le dimanche, donnoient le baptême & consacroient l’Eucharistie, mais avec de l’eau seule dans le calice. Ils soûtenoient que Dieu avoit donné l’empire de toutes choses à deux personnages, au Christ & au diable ; que le diable avoit tout pouvoir sur le monde présent, le Christ sur le siecle futur ; que le Christ étoit comme l’un des anges, mais avec de plus grandes prérogatives ; que Jesus étoit né de Joseph & de Marie par la voie de la génération, & qu’ensuite, à cause de ses progrès dans la vertu, il avoit été choisi pour fils de Dieu par le Christ, qui étoit descendu en lui d’en-haut en forme de colombe. Ils ne croyoient pas que la foi en Jesus-Christ fût suffisante pour le salut, sans les observances légales, & se servoient de l’évangile de S. Matthieu, qu’ils avoient tronqué, sur-tout en en retranchant la généalogie. Ils retranchoient aussi divers autres endroits des Ecritures, & rejettoient tous les prophetes depuis Josué, ayant en horreur les noms de David, Salomon, Isaïe, Ezéchiel, Jéremie, &c. ce qui, pour le dire en passant, prouve combien ils étoient différens des Nazaréens, avec lesquels on les a quelquefois confondus ; car les Nazaréens recevoient comme Ecritures-saintes tous les livres contenus dans le canon des Juifs. Enfin les Ebionites adoroient Jérusalem comme la maison de Dieu : ils obligeoient tous leurs sectateurs à se marier, même avant l’âge de puberté, & permettoient la polygamie. Fleuri, hist. ecclés. tome I. liv. II. tit. xlij. pag. 236 & suiv. (G)