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L’Encyclopédie/1re édition/EPODE

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EPODE, s. f. (Poésie anc.) espece de poésie des Grecs & des Latins. Mais développons l’ambiguité du mot épode, dont les diverses significations ont causé des débats entre les littérateurs.

1°. On appelloit épode chez les Grecs un assemblage de vers lytiques, ou la derniere stance qui, dans les odes, se chantoit immédiatement après deux autres stances nommées strophe & antistrophe. Ces trois sortes de stances se répétoient ordinairement plusieurs fois suivant ce même ordre, dans le cours d’une seule ode, & le nombre de ces répétitions remplissoit l’étendue de ce poëme. La strophe & l’antistrophe contenoient toûjours autant de vers l’une que l’autre, & pouvoient par conséquent se chanter sur le même air. L’épode, tantôt plus longue, tantôt plus courte, leur étoit rarement égale ; elle devoit donc, pour l’ordinaire, se chanter sur un air différent : elle terminoit le chant de ce que les Grecs nommoient période, & de ce que nous pourrions appeller un couplet de trois stances, & elle en faisoit comme la clôture ; c’est aussi de cette circonstance que lui venoit son nom, dérivé du verbe ἐπῴδειν, chanter par-dessus, chanter à la fin. Après avoir chanté le premier couplet de l’ode composé de ces trois stances, on chantoit le second, puis le troisieme, & ainsi des autres. Presque toutes les odes de Pindare fournissent des preuves de ce que l’on vient d’avancer.

2°. On donnoit le nom d’épode à un petit poëme lyrique composé de plusieurs distiques, dont les premiers vers étoient autant d’iambes-trimetres, ou de six piés, & les derniers étoient plus courts, & seulement des ïambes-dimetres ou de quatre piés. De ce genre étoient les épodes d’Archiloque, c’est-à-dire ces pieces dans lesquelles ce poëte satyrique déchiroit impitoyablement Lycambe, Néobulé sa fille, & plusieurs de ses parens distingués par leur naissance ou par leurs emplois.

S’il en faut croire Victorinus le grammairien, c’étoit proprement le petit vers qui s’appelloit épode, parce qu’il terminoit le sens du distique, de même que l’épode des odes en finissoit le chant. Ce grammairien ajoûte que chaque vers trimetre ne doit point se faire entendre sans être suivi du petit vers dimetre, qui en fait comme la clôture & le complément.

3°. Le grammairien-poëte Terentianus attribue le nom d’épode à un demi-vers élégiaque, & Victorinus lui-même va jusqu’à prodiguer cette dénomination au petit vers adonien mis après trois vers saphiques, & de plus à un petit poëme composé de plusieurs vers adoniens rangés de suite.

4°. Enfin on a étendu la signification du mot épode, jusqu’à désigner par-là tout petit vers mis à la suite d’un ou de plusieurs grands : en ce sens le pentametre est le vers épode après l’hexametre qui est le proodique.

Si l’on demandoit à présent ce que signifient ces mots, liber epodon, que porte le livre V. des odes d’Horace, je répondrois que ce livre a pris ce nom de l’inégalité des vers, rangés de maniere que chaque grand vers est suivi d’un petit, qui en est le complément ou la clausule. Quand donc le livre V. des odes d’Horace est intitulé liber épodon, livre des épodes, c’est-à-dire liber versuum épodon, livre de vers épodes, livre où chaque grand vers de l’ode est suivi d’un petit vers qui termine le sens ; & cependant les huit dernieres odes de ce livre ne sont point du caractere épodique des dix premieres. Article de M. le chevalier de Jaucourt.

Epodes, (Musique.) chant des anciens chœurs des Grecs, qu’ils exécutoient sans se mouvoir, pour représenter l’immobilité de la terre qu’ils croyoient fixe. Voyez Ballet, Chœurs, Danse . (B)