L’Encyclopédie/1re édition/ETALIERES

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* ETALIERES, (Rets de basses-) terme de Pêche, sorte de rets que les pêcheurs du ressort de l’amirauté de Coutances tendent à-peu-près de la même maniere que les filets flotés, dont on se sert dans les coudes ou les anses, où la marée montante apporte avec elle à la côte beaucoup de varech, & où il n’est pas possible d’établir des pêcheries toutes montées sur piquets. Les pêcheurs de Briqueville tendent leurs étalieres en demi-cercle, enfoüissant le pié du filet, comme on le pratique aux rets flotés, afin que le rets prête & s’abbaisse à mesure que le varech passe dessus, & pour empêcher que les herbes n’assujettissent le filet, en ensablant ou chargeant de varech les rabans qui en tiennent la tête ; outre quelques flotes de liége, les pêcheurs mettent dans le milieu de leur tente deux à trois piquets, hauts de dix pouces environ ; ils servent à contenir les rabans, & à faire ouvrir plus facilement l’étaliere au reflux, car l’étaliere ne prend rien que de marée baissante.

Ces sortes de rets sont établis à-peu-près de la même maniere que les colorets ou parcs volans des petits pêcheurs des côtes de Saintonge & d’Aunis, qui font avec leurs acons des pêcheries variables sur les basses de sable qui sont dans le fond des pertuis.

* Etalieres, Applets ou Tressures flotées, terme de Pêche. Les pêcheurs de la côte de Bretagne dans l’amirauté de Saint-Malo, tendent leurs rets de piés ou tressures autrement que les autres, qui les amarrent sur des piquets en forme de bas parc ; celles-ci se tendent flotées & pierrées, ou plommées comme les cibaudieres, dont ce filet est une espece : ce filet se peut disposer à pié, sans qu’il soit besoin de bateaux pour pratiquer cette petite pêche.

Les pêcheurs étendent à plat, à la basse-mer, leurs rets ou tressures dont le pié regarde la mer, & qu’ils ensablent en le garnissant, soit de pierres, ou de sable, ou torchis de paille ou de goesmont, suivant le lieu où ils se trouvent, suivant la ligne des flotes que les pêcheurs nomment ligne de montant. Ils couchent une autre ligne qu’ils nomment ligne de bande, qui est arrêtée, pendant que la mer monte, par des pierres ou petits crochets de bois enfoncés dans le sable ; & au commencement du reflux, quand la mer commence à perdre, on leve la ligne de bande par un des bouts où le pêcheur a frappé une boüée : cette ligne le dégage des pierres, ou enleve les crochets qui la retenoient. En même tems les étalieres ou tressures se soûlevent au moyen des flotes, & se soûtiennent debout jusqu’à la basse-mer : pour lors le pêcheur ramasse le poisson qui a monté à la côte avec la marée, & qui s’est trouvé arrêté par le filet des étalieres.

On ne pratique cette pêche que durant les chaleurs des mois de Mai, Juin, Juillet, Août, & Septembre. On prend indifféremment des poissons ronds & plats. Les plus belles soles proviennent de cette pêche.