L’Encyclopédie/1re édition/EXFOLIATION

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EXFOLIATION, en Chirurgie, est la séparation des parties d’un os qui s’écaille, c’est-à-dire qui se détache par feuilles ou par lames minces. Voyez Os.

Ce mot est composé des mots latins ex, & folium, feuille.

Quand une partie de la surface du crane a été à nud pendant quelque tems, elle est sujette à l’exfoliation : l’usage de la poudre céphalique ne sert de rien pour avancer l’exfoliation. Dionis.

On ne doit point trop hâter la guérison des blessures faites aux os ; mais on doit laisser aux os le tems de se rétablir d’eux-mêmes ; ce qu’ils font quelquefois sans exfoliation, sur-tout dans les enfans.

On ne peut pas guérir les caries des os sans exfoliation. Voyez Carie. Les os découverts ne s’exfolient pas toûjours ; on a vû des dénudations considérables qui ont duré six mois avec suppuration, où la surface de l’os s’est revivifiée au lieu de s’exfolier ; on peut lire à ce sujet des observations de M. de la Peyronie, insérées dans un mémoire de M. Quesnay sur les exfoliations du crane, dans le premier volume des mémoires de l’acad. royale de Chirurgie. On trouvera dans ce même mémoire plusieurs observations qui montrent l’usage du trépan perforatif pour accélerer l’exfoliation & pour l’empêcher ; l’usage de la rugine & des couronnes du trépan pour procurer l’exfoliation ; les cas où il a fallu employer le ciseau & le maillet de plomb pour enlever à plusieurs reprises des portions d’os altérées, & les obstacles particuliers qui peuvent retenir & engager une piece d’os qui doit se séparer. (Y)

C’étoit une opinion commune & reçue parmi les anciens, que tous les os découverts doivent s’exfolier ; c’est pourquoi ils tenoient pendant long-tems les levres de la plaie écartées l’une de l’autre, en attendant cette exfoliation. L’expérience & la raison ont détruit ce préjugé, & ont fait voir qu’en temponnant les plaies où les os sont simplement découverts, on en retarde la guérison, & l’on expose les blessés à des accidens fâcheux : ce n’est pas cependant que l’exfoliation des os ne soit presque toûjours l’ouvrage de la pure nature, & que la plûpart des précautions qu’on prend pour produire cette exfoliation, ne soient d’ordinaire inutiles ou nuisibles : il faut dire hautement ces sortes de vérités.

En effet, combien de fois voit-on des chirurgiens, qui, pendant des mois entiers, même pendant des années entieres, se flatent vainement de parvenir à l’exfoliation d’une partie de quelque os, par le charpi sec, l’esprit-de-vin, les caustiques, & la rugine, tandis que d’autres sans tous ces secours, voyent en peu de tems une heureuse exfoliation se produire chez leurs malades, c’est qu’alors la nature étoit elle-même l’artiste de l’exfoliation. Le plus grand secret du chirurgien est de laisser agir cette nature, d’observer ses démarches, de ne pas contrecarrer ses opérations, de conserver à la partie sa chaleur naturelle, ou de l’augmenter quand elle est languissante. Il n’y a pas seulement de la droiture, mais du bon sens, à reconnoître dans les Arts les plus utiles, les bornes & les limites de leur puissance. Les habiles gens qui professent de tels arts n’y perdent rien, & les fripons trouvent moins de dupes. Addition de M. le Chevalier de Jaucourt.

On donne aussi le nom d’exfoliation, à la séparation d’une membrane, d’un tendon, & autres parties molles, froissées & meurtries par quelque cause extérieure, ou altérées par l’impulsion de l’air à l’occasion d’une plaie, ou par des matieres purulentes ; le défaut de cette séparation dans cette derniere circonstance, est une cause de fistule. Voyez Fistule. (Y)