L’Encyclopédie/1re édition/FÉERIE

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FÉERIE, s. f. On a introduit la féerie à l’opéra, comme un nouveau moyen de produire le merveilleux, seul vrai fond de ce spectacle. Voyez Merveilleux, Opéra.

On s’est servi d’abord de la magie. Voyez Magie. Quinault traça d’un pinceau mâle & vigoureux les grands tableaux des Medée, des Arcabonne, des Armide, &c. les Argines, les Zoradïes, les Phéano, ne sont que des copies de ces brillans originaux.

Mais ce grand poëte n’introduisit la féerie dans ses opéra, qu’en sous-ordre. Urgande dans Amadis, & Logistille dans Rolland, ne sont que des personnages sans intérêt, & tels qu’on les apperçoit à peine.

De nos jours le fond de la féerie, dont nous nous sommes formés une idée vive, legere & riante, a paru propre à produire une illusion agréable, & des actions aussi intéressantes que merveilleuses.

On avoit tenté ce genre autrefois ; mais le peu de succès de Manto la fée, & de la Reine des Peris, sembloit l’avoir décrédité. Un auteur moderne, en le maniant d’une maniere ingénieuse, a montré que le malheur de cette premiere tentative ne devoit être imputé ni à l’art ni au genre.

En 1733, M. de Moncrif mit une entrée de féerie dans son ballet de l’empire de l’Amour ; & il acheva de faire goûter ce genre, en donnant Zelindor roi des Silphes.

Cet ouvrage qui fut représenté à la cour, fit partie des fêtes qui y furent données après la victoire de Fontenoy. Voyez MM. Rebel & Francœur qui on ont fait la musique, ont répandu dans le chant une expression aimable, & dans la plûpart des symphonies un ton d’enchantement qui fait illusion : c’est presque partout une musique qui peint, & il n’y a que celle-là qui prouve le talent, & qui mérite des éloges. (B)