L’Encyclopédie/1re édition/FERRANT

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FERRANT, adj. (Maréchall.) Maréchal ferrant, ouvrier, artisan dont la profession devroit être bornée à l’emploi de ferrer les chevaux, &c. Voyez Hippiatrique. Voyez aussi Maréchal. (e)

Ferrant, s. m. (Manége.) vieille expression usitée par nos anciens romanciers, pour designer, selon Ducange, un cheval gris pommelé ; selon Ménage, un cheval d’une robe semblable à celle que les Latins appelloient color ferrugineus ; & selon Bessi, avocat du Roi de Fontenai-le-Comte, un cheval de guerre. Ménage a prétendu que dans le cas où sa conjecture seroit bien fondée, le terme dont il s’agit dériveroit de ferrum. Bessi avance qu’il est tiré de celui de waranus, lequel a été dit pour waranio, mot, qui dans la loi salique signifie un cheval ou un étalon. Si quis waranionem homini franco furaverit, culpabilis judicetur, &c. tome IV. pag. 2.

Nous trouvons dans la vie de Philippe-Auguste par Rigord, & dans la Philippide de Guillaume le Breton, une anecdote sur l’insulte que le peuple de Paris fit à Ferrand comte de Flandre, après qu’il eut été fait prisonnier à la bataille de Bovines.

Nec verecumdabantur, dit le premier, illudere comiti Ferrando rustici, vetulæ, & pueri, nactâ occasione ab æquivocatione nominis ; quia nomen ejus tam equo, quam homini, erat æquivocum ; & casu mirabili, duo equi ejus coloris, qui hoc nomen equis imponit, ipsum in lecticâ vehebant. Unde & ei improperabant, quod modo ipse errat ferratus, quod recalcitrare non poterat, qui prius impinguatus, dilatatus, recalcitravit & calcaneum in dominum suum elevavit.

Le Breton rapporte ainsi ce fait.

At Ferrandus, equis evectus forte duobus,
Lectica, duplici Temone, vehentibus ipsum,
Nomine quos illi color æquivocabat, ut esset
Nomen idem comitis, & equorum, parisianis
Civibus offertur, luparâ claudendus in arce
.

Un semblable jeu de mots peut-il dédommager de la honte d’avoir osé insulter au vaincu ? (e)