L’Encyclopédie/1re édition/FISSURE
FISSURE, s. f. fissura, (Anat.) est dans son sens le plus usité, la division des visceres en lobes. (g)
Fissure, s. f. terme de Chirurgie, qui signifie la fracture longitudinale d’un os, ou la solution de continuité d’un os qui est seulement félé ou fendu.
M. Petit, dans son traité ces maladies des os, prouve par la raison & l’expérience, que les os des extrémités ne peuvent être fracturés en long, comme l’ont dit les anciens ; il n’admet cette espece de fracture que dans les plaies d’armes à feu, où l’on voit souvent qu’un os fracassé dans sa partie moyenne, est fendu jusque dans les articulations.
Les fractures en long des grands os des extrémités sont très-difficiles à connoître, parce qu’elles ne causent aucune difformité à la partie ; elles peuvent néanmoins produire des accidens, tels que la fievre, l’inflammation du périoste, des abcès qui peuvent être suivis de carie, &c. Les saignées, le régime, les cataplasmes émolliens-résolutifs, secondés de la bonne situation de la partie, sont les moyens qu’on peut mettre en usage pour prévenir ces accidens, ou les combattre dans les commencemens. L’inutilité de ces secours doit faire recourir à l’amputation du membre : c’est un parti qu’il ne faut pas prendre legerement ; mais le malade peut aussi-bien être la victime du délai que de la précipitation. Voyez Amputation.
Les os du crane sont sujets à être fendus ou félés. Les fissures du crane sont de deux sortes ; celles qui sont apparentes, sont nommées par les-Grecs ῥῆξις, & par les Latins scissura. La fissure, qui est si petite qu’elle échappe à la vûe, les Grecs l’ont appellée τριχισμὸς, & les Latins rima capillaris, fente capillaire, comme qui diroit de la grosseur d’un cheveu.
Les fissures se font ordinairement à l’endroit où le coup a été donné, ou sur la partie opposée : celles-ci s’appellent contre-fissure ou contre-coup. Voy. Contre-coup & Contre-fissure.
Les personnes âgées, à raison de la sécheresse de leurs os, sont plus sujettes aux fissures que les jeunes gens.
Les fissures sont très-difficiles à appercevoir. Pour ne pas se tromper en prenant pour fissure une petite gouttiere creusée naturellement sur la surface de l’os, pour le passage de quelque vaisseau, on met de l’encre sur l’endroit qu’on pense fracturé : on le ratisse ensuite avec un instrument nommé rugine ; & si la marque noire subsiste après qu’on a raclé l’os, on est sûr que c’est une félure. On peut par le même procédé connoître si elle se borne à la table externe ; & de-là on tire des indications pour trépaner, ou pour s’abstenir de l’opération du trépan. Voyez Trépaner.
Les fissures du crane sont dangereuses, comme toutes les fractures du crane ; on pourroit même dire que, toutes choses égales d’ailleurs, une fissure est plus fâcheuse qu’une fracture ; 1°. parce qu’elle est plus difficile à connoître ; 2°. parce que la commotion est communément d’autant plus violente, que les os ont moins souffert de l’action percussive ; 3°. enfin parce que les matieres qui peuvent se former entre le crane & la dure-mere, ne peuvent pas se faire jour au-travers d’une fissure, pour indiquer, comme cela arrive dans les fractures apparentes, la nécessité de procurer par l’application du trépan, une issue plus libre aux matieres épanchées. Plusieurs malades ont été trépanés utilement, parce que ce suintement a précédé la manifestation des accidens consécutifs, qui arrivent quelquefois trop tard pour que le malade puisse être secouru efficacement. En général, on devroit regarder toutes les fractures du crane, non-seulement comme une cause qui peut donner lieu à l’opération du trépan, mais comme un signe qui indique actuellement cette opération, indépendamment de tout accident. Voyez un précis d’observations sur le trépan dans les cas douteux, par M. Quesnay, premier volume des mém. de l’acad. royale de Chirurgie. (Y)