L’Encyclopédie/1re édition/FOURREAU

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* FOURREAU, s. m. ce mot a l’acception commune de gaîne & d’étui, celle de contenir, couvrir, envelopper, préserver ; mais avec l’acception particuliere d’être long, qui le distingue de gaîne, & de n’avoir point de couvercle, qui le distingue d’étui.

Fourreau : les Artificiers appellent ainsi le grand cartouche des trompes, qui renferme plusieurs pots-à-feu entassés les uns sur les autres. Voyez Trompe & Pot-à-feu.

* Fourreau d’Epée, (Fourbisseur.) espece de gaîne, d’étui ou d’enveloppe, qui sert à couvrir la lame & à la garantir de l’humidité. Voyez Epée. Le faux-fourreau est une longue enveloppe ou gaîne de peau qui garantit le fourreau, comme le fourreau garantit l’épée.

* Fourreau, en termes de Batteur-d’or, c’est une espece d’étui sans fond, composé de vélin, dont on enveloppe les outils pour que les feuilles ne se dérangent point. On en met toûjours deux en sens contraire ; ensorte que la partie de l’outil qui n’est pas renfermée dans l’un, l’est par l’autre, & qu’il n’y a jamais qu’un côté qui ne le soit par aucun. On fait glisser l’outil des fourreaux, en le prenant & en le poussant vers l’ouverture, pour examiner dans quel état est l’or.

* Fourreau, (Bourrelier.) c’est une espece d’étui de peau, ou même de cuir, qui couvre la portion du trait qui correspond au flanc du cheval, & qui empêche que cette partie ne soit dépouillée de son poil par le frottement du trait.

* Fourreau, (Ceinturier.) papier, parchemin ou autre corps flexible & mou, qu’on roule & qu’on place dans les pendans d’un baudrier, pour les soûtenir & en conserver la forme.

* Fourreau, (Econ. rustiq.) il se dit des feuilles qui couvrent l’épi du froment, de l’orge & des autres graines, lorsqu’il n’est pas encore formé ni sorti.

Fourreau, (Manege & Maréchall.) La partie que dans le cheval nous nommons le fourreau, n’est autre chose que l’espece de gaîne qui en recele & qui en recouvre le membre. Cette gaîne dont la situation est suffisamment connue, est un prolongement de la peau ; extérieurement elle se présente comme une sorte de poche flotante, d’une consistance très forte & très-épaisse, qui cede sans s’étendre dans le tems de l’érection, & qui paroît ouverte sur le devant lorsque le membre est retiré. Son orifice a la forme d’un bourrelet ; il est garni d’un plus ou grand nombre de rides & de plis differens. C’est sur la portion inférieure de ce même bourrelet, que l’on découvre dans quelques chevaux deux sortes de mammelons assez voisins l’un de l’autre ; d’où il n’est pas étonnant que l’on ait pensé qu’il en est qui ne sont pas absolument dépourvûs de mammelles, mais d’où il est singulier que l’on ait voulu conclure que ceux dans lesquels on n’observe aucune élévation qui puisse les annoncer, n’en ont pas toûjours été privés. Aristote a usé de plus de réserve. Lorsqu’il n’en a pas apperçu la plus legere trace, il n’a pas cru devoir supposer qu’elles avoient existé, & qu’elles étoient affaissées ou détruites par l’âge : j’ai vû d’ailleurs une multitude de jeunes chevaux, dans lesquels malgré les recherches les plus scrupuleuses, je n’ai jamais pû en reconnoître le moindre vestige. Je ne sai au surplus si ce grand naturaliste a parlé d’après des observations exactes & répétées, lorsqu’il a dit : equi mammas non habent, nisi qui matri similes prodiere.

Le fourreau est ordinairement dénué de poil. Comme il est dans la peau du membre une quantité de cryptes folliculeux du genre des glandes sebacées, que dans l’homme nous nommons glandes odoriférantes de Tison, & qui filtrent une humeur grasse & très-fétide, dont l’amas & le séjour peut causer des inflammations, il importe extrèmement de laver & de nettoyer avec soin cette poche. Voyez Panser. Il arrive souvent aussi qu’elle paroît enflée, sur-tout après que l’animal a séjourné long-tems dans l’écurie : ces sortes d’enflures auxquelles les chevaux entiers sont plus sujets que les chevaux hongres, ne résistent jamais aux bains de riviere, & à un exercice modéré. Ceux qui ne seront point à-portée d’avoir recours à ces bains, étuveront fréquemment cette partie avec de l’eau fraîche ; ce qui produira les mêmes effets. (e)