L’Encyclopédie/1re édition/GÉNETHLIAQUE, poeme

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GÉNETHLIAQUE, poeme, (Poésie.) on nomme ainsi, comme on l’a remarqué dans le Dictionnaire, les pieces de vers qu’on fait sur la naissance des rois & des princes, auxquels on promet par une espece de prédiction, toute sorte de bonheur & de prospérités, prédiction que le tems dément presque toujours. Sophocle, loin de s’amuser à des poésies de ce genre également basses & frivoles, finit son Œdipe, ce chef-d’œuvre de l’art, par une réflexion toute opposée à celles des poëmes génethliaques. Voici la morale qu’il met dans la bouche du dernier chœur ; elle est digne des siecles les plus éclairés & les plus capables de goûter la vérité. « O Thébains, vous voyez ce roi, cet Œdipe, dont la pénétration développoit les énigmes du sphinx ; cet Œdipe, dont la puissance égaloit la sagesse ; cet Œdipe, dont la grandeur n’étoit point établie sur les faveurs de la fortune ! vous voyez en quel précipice de maux il est tombé. Apprenez, aveugles mortels, à ne tourner les yeux que sur les derniers jours de la vie des humains, & à n’appeller heureux que ceux qui sont arrivés à ce terme fatal ». (D. J.)