L’Encyclopédie/1re édition/GARDE (complément)
GARDE, en terme de Fourbisseur, est l’extrémité de l’épée, qu’on pourroit nommer plus simplement poignée, si ce qui l’accompagne ne garantissoit pas effectivement la main de plusieurs coups qu’on n’éviteroit pas dans les occasions. Les gardes sont d’or ou d’argent, de cuivre ou d’acier ; elles sont composées de la plaque, d’une moulure, d’une bate, d’un œil, d’un corps, d’une branche, & d’un pommeau. Voyez tous ces mots à leurs articles, quelques-unes d’entr’elles sont encore subdivisées, comme on le verra aussi sous leurs noms.
Garde seigneuriale, (Droit féodal.) il est vraissemblable qu’elle eut deux origines toutes opposées dans les principes ; en effet il y a lieu de croire que quelques seigneurs voyant des enfans nobles abandonnés & incapables de gouverner leur héritage, prirent le soin de leurs personnes & de leurs fiefs par un sentiment de générosité, & par la compassion naturelle que l’on a pour les foibles & les malheureux ; mais d’autres seigneurs moins humains & plus intéressés se prévalurent du bas-âge de tels vassaux, & sur le prétexte apparent de leur foiblesse & de leur incapacité, ils se rendirent maîtres de leurs biens, & s’en approprierent les revenus pendant leur minorité. Ainsi des sentimens nobles et infames produisirent le même droit ; & ce mot sacré de garde, qui ne signifioit que defense, conservation & protection, désigna trop souvent la rapine, l’usurpation & la tyrannie. (D. J.)