L’Encyclopédie/1re édition/GENET
GENET, s. m. geneta, (Hist. nat. bot.) genre de plante à fleur légumineuse, dont le pistil sort du calice, & devient une silique applatie qui s’ouvre en deux parties, & qui renferme des semences en forme de rein. Les feuilles de la plante sont alternes ou verticillées. Tournef. inst. rei herb. Voyez Plante. (I)
Genêt commun, (Botan.) genista vulgaris, Park. theat. 228. Merete, bot. 1. 37. Phyt. britst. 43. &c. arbrisseau qui s’éleve quelquefois à la hauteur d’un homme ; sa racine est dure, ligneuse, longue, pliante, s’enfonçant profondément en terre, jaune, garnie en quelques endroits de fibres obliques. Les tiges sont serrées, jettant plusieurs autres menues verges anguleuses, vertes, flexibles, que l’on peut entrelacer facilement, & qui sont souvent partagées en d’autres verges plus greles ; sur les tiges naissent plusieurs petites feuilles pointues, velues, d’un verd fonce, dont les premieres sont trois à-trois, & les autres seules-à seules ; elles tombent de bonne heure.
Ses fleurs viennent aussi sur les verges ; elles sont papilionacées d’une belle couleur jaune, larges, garnies d’étamines, recourbées & surmontées de sommets jaunes. Il succede à ces fleurs des gousses applaties, larges, noirâtres, quand elles sont mûres, à deux cosses remplies de graines plates, dures, roussâtres, faites en forme de rein.
Cette plante croît par-tout en Allemagne, en Italie, en Espagne, en Portugal & en France ; elle est cultivée aux environs de Paris, parce que ses verges y sont d’un grand débit pour des balais. Quelques medecins font usage de cette plante ; & ce qui vaut peut-être mieux, on tire de ses fleurs par artifice une belle laque jaune, recherchée des Peintres & des Enlumineurs. Voyez l’article suivant pour la matiere médicale, & pour la Peinture . (D. J.)
Genêt d’Espagne, (Botan. & Agric.) genista juncea, J. Bauh. 1. 395. Spartiam arborescens, C. B. p. 396. en anglois, spanish broom.
C’est un arbrisseau qui s’éleve à la hauteur de cinq à six piés, & par une bonne culture à douze & quatorze piés ; son tronc est de la grosseur du bras. Il en sort des jets cylindriques, plians, verdâtres, sur lesquels lorsque la plante est en fleur & encore jeune, se trouvent quelques feuilles oblongues, étroites, semblables aux feuilles de l’olivier qui tombent, & qui sont presque de la couleur des branches.
Les fleurs naissent comme en épi au sommet des rameaux, & en grand nombre ; elles sont légumineuses, amples, d’un jaune doré, très odorantes & agréables au goût.
Leur pistil se change en une gousse à deux cosses droites, longues de quatre ou cinq pouces, applaties, un peu courbes, presque de couleur de chataigne ; elle contient des graines quelquefois au nombre de vingt, souvent en moindre nombre, plates en forme de rein, rougeâtres, luisantes, d’une saveur légumineuse qui approche de celle des pois.
Cet arbuste vient de lui-même dans les pays chauds, en Languedoc, en Italie, en Espagne, en Portugal ; on le cultive dans les jardins des curieux. Il se distingue du genêt commun par sa grandeur, par l’odeur suave de ses fleurs, par ses branches pleines d’une moëlle fongueuse, & par ses feuilles qui ne sont point posées au nombre de trois sur une même queue.
On le multiplie de graine dont on seme une ou deux dans un pot, pour ensuite déplanter l’un ou l’autre des deux piés qu’elles auront produit, & les replanter dans un autre pot qu’on aura rempli d’une terre à potager bien criblée ; il aime une belle exposition, mais point trop chaude. Quand ceux qu’on aura plantés seront devenus trop grands pour être contenus dans des pots, on les dépotera ; on les plantera en pleine terre en lieu convenable. La fleur que donne cet arbrisseau fait un bel effet dans un grand parterre, ou dans de longues plates-bandes. On a remarqué qu’elle est émetique, & que la graine pilée prise en moindre dose qu’un dragme, est un cathartique qui irrite & picote les membranes des intestins.
Bradley dit que les jardiniers ont bien de la peine à assujettir le genêt d’Espagne à aucune forme ; il conseille de la planter dans les bosquets parmi les autres arbrisseaux à fleurs, entre lesquels il figure fort bien. Il produit tous les ans quantité de fleurs d’un jaune agréable, résiste au froid de l’Angleterre, & y perfectionne sa graine. Miller enseigne la maniere de le cultiver dans les pepinieres ; il ne faut pas l’y garder plus de trois ans, après lequel tems il seroit dangereux de l’en retirer, parce que c’est un des arbustes à fleurs des plus difficiles à transplanter quand il est parvenu à une certaine grosseur. (D. J.)
Genêt, (Mat. med.) on employe en Pharmacie deux sortes de genêt, le commun & celui d’Espagne ; leur vertu passe pour être à peu-près la même. On se sert à Paris du premier qui est fort commun dans les environs ; mais dans nos provinces méridionales, on employe indifféremment celui-ci ou celui d’Espagne qui y croit fort abondamment.
L’infusion ou plutôt la lessive des cendres de genêt, est un remede très-employé dans la leucoplegmatie & dans l’hydropisie ; les medecins de Montpellier s’en servent beaucoup dans ce cas. Ce remede évacue en effet très-efficacement par les couloirs du ventre & par les voies des urines ; mais on ne voit point pourquoi on le préféreroit à la lessive des cendres de tout autre végétal qui fourniroit à-peu-près la même quantité d’alkali fixe & de sel neutre qu’on retire de la plus grande partie des végétaux par la combustion. Les cendres de genêt paroissent avoir tiré leur célébrité particuliere de la proprieté qu’a la plante inaltérée, & sur-tout sa semence, d’exciter puissamment les selles & les urines, selon l’observation de Mathiole, de Lobel, de Rai & plusieurs autres medecins.
La fleur de genêt est un vomitif doux selon Lobel ; quoi qu’il en soit, nous employons fort peu les feuilles, les sommités, les graines & les fleurs de genêt, parce que nous avons des hydragogues & des émétiques plus sûrs.
Sa cendre ou plutôt son sel lixiviel n’a, comme nous l’avons insinué déjà, que les propriétés communes des sels lixiviels. Voyez Sel lixiviel. (b)
Genêt-Cytise, s. m. (Hist. nat. bot.) cytiso-genista, genre de plante qui differe du genêt & du cytise, en ce qu’elle a des feuilles seules, & d’autres qui sont trois ensemble. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante. (I)
Genêt épineux, (Botan. & Agric.) genista spinosa vulgaris, Ger. Emacul. genista ou eartium majus, aculeatum. Tournef. en anglois, the, common, furz, wheins ou gorse.
Les épines dont de cet arbrisseau est couvert le distinguent des autres genêts ; ses fleurs en épis sont succédées par des gousses applaties, courbes, contenant trois ou quatre graines faites en forme de rein. Le grand & le petit genêt épineux sont communs dans les montagnes & bruyeres d’Angleterre, & l’on en voit de cultivés dans leurs jardins qui y font une belle figure, & qui ne le cedent point aux meilleurs arbrisseaux toûjours verds. On les tond comme l’if, mais ils les surpassent à tous égards ; car ils fleurissent dans toutes les saisons de l’année, & gardent long-tems toutes leurs fleurs. Quand ils sont bien taillés & soignés, ils forment des haies impénétrables ; on observe seulement de ne les point tailler dans un tems fort sec, ni trop tôt au printems, ni trop tard en automne. Leur culture est la même que celle du genêt d’Espagne ; ils se plaisent dans une terre seche & sablonneuse. On les multiplie de graine, car les boutures ne reprennent point ; & on ne réussiroit pas mieux en coupant leurs branches : comme ils ont peu de parties spongieuses, il leur faut peu d’eau ; enfin on ne doit pas les transplanter plus tard qu’au bout de l’an. (D. J.)
Genêt, (Econ. rust.) Quoique quelques genêts méritent d’être cultivés, cependant comme la plûpart perdent les bonnes terres où ils pullulent, il ne faut pas alors hésiter de les détruire, parce qu’ils jettent de profondes racines, qui sucent le sel de ces terres précieuses. La bonne méthode pour parvenir à leur entiere destruction, est de brûler ces terres, les labourer profondément, & les fumer ensuite, soit avec du fumier & des cendres, soit en y répandant de la marne & de l’urine des bestiaux. Si c’est un terrein de pâturage, le meilleur parti seroit de couper les genêts raz terre au mois de Mai, qui est le tems de leur seve ; ensuite d’y jetter du bétail qui fourragera l’herbe, & dont l’urine fera mourir les racines des genêts, outre qu’ils ne viennent point dans un lieu qui est bien foulé par les piés des animaux. Au reste cette plante pernicieuse dans les cas dont nous venons de parler, n’est pas toûjours nuisible au laboureur ; au contraire il peut quelquefois en tirer un parti fort utile, comme par exemple en former du chaume, qui fait avec art est aussi durable qu’excellent pour la couverture des granges. (D. J.)
Genêt, (Manége.) Quelques personnes prétendent que ce mot, qui est aujourd’hui très-peu usité parmi nous, est dérivé du grec εὔγνης, bene natus : d’autres avancent qu’il n’a d’autre origine que le terme espagnol ginette, cavalier, homme de cheval ; d’où ces derniers concluent que les Francois l’ont transporté de l’animal à l’homme, puisqu’il s’applique spécialement à certains chevaux d’Espagne qui sont d’une petite taille & parfaitement bien conformes. Il paroît aussi que du tems de Louis XI. cette espece de chevaux étoit en usage, & servoit de monture à des cavaliers qui étoient nommés génétaires.
On a dit encore genêt de Portugal, genêt de Sardaigne.
Je me déchargerai d’un faix que je dédaigne,
Suffisant de crever un genêt de Sardaigne. Regn.
Voyez Ménage. Voyez aussi le dictionn. de Trévoux, de l’autorité duquel on ne me reprochera pas d’abuser. (e)