L’Encyclopédie/1re édition/GRAND-MAÎTRE

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Grand-Maître des Arbalétriers de France, (Hist. mod.) c’étoit anciennement un des grands officiers de la couronne, qui avoit la surintendance sur tous les officiers des machines de guerre, avant l’invention de l’artillerie ; on en trouve dans notre histoire une suite depuis S. Louis jusque sous François premier. (G)

Grand-Maître de France, (Hist. mod.) officier de la couronne appellé autrefois souverain maître d’hôtel du roi ; il a le commandement sur tous les officiers de la maison & de la bouche du roi, qui lui prêtent tous serment de fidélité, & des charges desquels il dispose : depuis Arnoul de Wesemale, qualifié de souverain maitre d’hôtel du roi Philippe-le-Bel, vers l’an 1290, on compte quarante-deux grands-maîtres de France, jusqu’à M. le prince de Condé, qui est aujourd’hui revêtu de cette charge, qui pendant sa minorité a été exercée par M. le comte de Charolois, son oncle.

Grand-Maître des Cérémonies de France, (Hist. mod.) officier du roi dont la charge étoit autrefois annexée à celle de grand-maître de la maison du roi ; elle en fut séparée par Henri III. en 1585. Le grand-maître des cérémonies a soin du rang & de la séance que chacun doit avoir dans les actions solemnelles, comme au sacre des rois, aux réceptions des ambassadeurs, aux obseques & pompes funebres des rois, des reines, des princes & des princesses ; il a sous lui un maître des cérémonies & un aide des cérémonies. La marque de sa charge est un bâton couvert de velours noir, dont le bout & le pommeau sont d’yvoire. Quand le grand-maître, le maître, ou l’aide des cérémonies, vont porter l’ordre & avertir les cours souveraines, ils prennent place au rang des conseillers ; avec cette différence, que si c’est le grand-maître, il a toûjours un conseiller après lui ; si c’est le maître ou l’aide des cérémonies, il se met après le dernier conseiller, puis il parle assis & couvert, l’épée au côté & le bâton de cérémonie en main.

Grand-Maître de Malte, Voyez Ordre de Malte.
Grand-Pannetier, Pannetier.
Grand-Prevôt, Prevôt.
Grand-Prieur, Prieur.
Grand-Queux, Queux.
Grand-Turcopellier, Ordre de Malte.
Grand-Visir, Visir.

Grand-Maître d’Artillerie, (Hist. mod. & Art milit.) étoit en France le chef suprême de l’Artillerie.

Par les provisions que le roi lui faisoit expédier, il avoit la sur-intendance, l’exercice, l’administration, & le gouvernement de l’état, & charge de grand maître, & capitaine général de l’Artillerie de France, tant deçà que delà les monts & les mers, dedans & dehors le royaume, pays & terres étant sous l’obéissance & la protection de sa majesté.

Il ne se faisoit aucuns mouvemens de munitions d’Artillerie dans le royaume, que par les ordres du grand-maître, ou de ses lieutenans, ou officiers, à qui il donnoit des commissions particulieres pour cet effet, ensuite des ordres qu’il recevoit du roi.

Tous les marchés se faisoient en son nom, stipulant pour sa majesté ; il arrêtoit le compte général de l’Artillerie que le thrésorier rend à sa chambre des comptes, où le grand-maitre étoit reçû comme ordonnateur de tous les fonds qui ont rapport à la dépense d’Artillerie de quelque nature qu’elle pût être.

Le grand-maître avoit encore un privilége dont il n’étoit pòint fait mention dans les provisions de sa charge ; c’est que quand on prenoit une ville sur laquelle on avoit tiré du canon, les cloches des églises, les ustenciles de cuivre & autre métal, lui appartenoient, & devoient être rachetés d’une somme d’argent par les habitans, à-moins que dans la capitulation on ne fût convenu du contraire.

Il avoit encore le droit en entrant & en sortant d’une place où il y avoit de l’Artillerie, d’être salué de cinq volées de grosses pieces de canon, sans préjudice du plus grand nombre, auquel il pourroit avoir droit par sa naissance, ou par quelqu’autre qualité.

Le grand-maître d’Artillerie prêtoit serment entre les mains du roi, au-moins depuis que cette charge avoit été érigée en charge de la couronne ; car avant ce tems-là Armand de Biron, sous le regne de Charles IX. prêta serment, non pas entre les mains de ce prince, mais entre les mains de Henri, duc d’Anjou, qui fut depuis roi de France, troisieme du nom. Ce serment fut fait le 3 de Février 1570.

Mais ce qui ajoûta le plus de splendeur à cette haute dignité, est le relief que lui donna Henri IV. en l’érigeant en charge de la couronne, en faveur de Maximilien de Béthune, marquis de Rosni, & depuis duc de Sully. Cette érection se fit en 1601 au mois de Janvier.

Le grand-maître de l’Artillerie avoit un grand nombre d’offiers, & même des corps de troupes sous sa jurisdiction & dans sa dépendance ; aux officiers desquels il pourvoyoit & donnoit à la plûpart des provisions en vertu de sa charge.

Le grand-maître pour marque de sa dignité, mettoit au-dessous de l’écu de ses armes deux canons sur leurs affuts, des caques de poudre, des boulets, & des gabions.

« Il seroit difficile, dit le P. Daniel, de déterminer le tems où le titre de grand a été donné au maitre d’Artillerie. Il est certain qu’il lui a été donné au-moins quelquefois, même dans des actes authentiques, long-tems avant que cette dignité fût érigée en charge de la couronne. Henri III. Charles IX. Henri II. le lui donnoient dans leurs ordonnances. L’usage en étoit dès le regne de François I. » Histoire de la milice françoise.

On peut voir dans le I. vol. de la troisieme édition des mémoires de Saint-Remi, le détail de tous les droits & priviléges qui étoient attribués à la charge de grand-maître de l’Artillerie. Cette importante charge a été supprimée au mois de Décembre 1755, sur la démission de Louis-Charles de Bourbon, comte d’Eu, qui en avoit été pourvû en survivance de M. le duc du Maine, le 12 Mai 1710. Voyez Génie. (Q)