L’Encyclopédie/1re édition/HÉCATÉSIES

La bibliothèque libre.
Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 93).
◄  HÉCATE

HÉCATÉSIES, subst. f. pl. Hecatesia, (Antiq.) fêtes & sacrifices en l’honneur d’Hécate. On les faisoit tous les mois à Athènes, qui étoit la ville de Grece où l’on avoit le plus de vénération pour cette déesse : les Athéniens la regardoient comme la protectrice de leurs familles & de leurs enfans. En conséquence de cette idée, ils célébroient régulierement sa fête avec un grand concours de peuple, & lui dressoient devant leurs maisons des statues appellées ἑκατα. Alors à chaque nouvelle lune, les gens riches donnoient un repas public dans les carrefours où la divinité étoit censée présider, & ce repas se nommoit le repas d’Hécate, Ἑκάτης δίπνον.

Mais ces repas publics étoient sur tout destinés pour les pauvres ; & même dans les sacrifices à Hécate, il y avoit toûjours un certain nombre de pains & d’autres provisions, que leur distribuoient les sacrificateurs : c’étoit de-là principalement que les malheureux tiroient leur subsistance, au rapport du scholiaste d’Aristophane. On dressoit les tables, autant qu’il étoit possible, dans les carrefours & les places où trois rues venoient aboutir, parce que ces rues étoient consacrées à la déesse, surnommée par cette raison Trivia ; les sacrifices qu’on lui offroit portoient aussi le même nom.

Dans la plûpart de tous les autres sacrifices, une portion de la victime, outre ce que nos bouchers appellent issues, étoit reservée pour la nourriture des personnes incapables de travailler. Les Grecs & les Romains avoient des usages admirables dans leur police : tandis qu’ils sévissoient contre les mendians & les vagabonds, ils avoient imaginé les moyens d’aider perpétuellement les familles indigentes, sans le secours des hôpitaux qu’ils ne connoissoient pas ; & leurs sacrifices servoient tout-ensemble à la religion & au soûtien de ceux qui se trouvoient dans le besoin. (D. J.)