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L’Encyclopédie/1re édition/HELOTES

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 108).
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HELOTES, s. m. (Hist. anc.) esclaves chez les Lacédémoniens. On nommoit hélotes, en grec εἴλωτες, en latin helotæ, & par Tite-Live ilotæ, les habitans de Hélos, ville voisine de Sparte.

Cette ville ayant été subjuguée par les Lacédémoniens sous le regne de Soüs, & le peuple réduit à l’esclavage, le nom de hélotes ou ilotes, devint avec le tems un nom général, qu’on donna dans la Grece à toutes sortes d’esclaves, de quelque pays qu’ils fussent ; cependant ils étoient traités avec bonté chez les uns, & très-durement par d’autres : les vrais hélotes l’éprouverent. Ils étoient rigoureusement occupés par les Spartiates à des emplois bas & pénibles, comme à labourer la terre, à porter tous les fardeaux, & à pourvoir la ville des provisions dont elle avoit besoin. Il n’y en eut qu’un petit nombre qu’on employa à des ministeres honnêtes, comme à conduire les enfans aux écoles, à les ramener à la maison, en un mot à en prendre soin. Ceux-ci étoient des affranchis, qui néanmoins ne jouissoient pas de tous les priviléges des personnes libres, quoique par leur conduite ils pussent les obtenir ; puisque Lysandre, Callicrate, & Cysippe, qui étoient helotes de naissance, acquirent la liberté en considération de leur valeur.

Mais il faut convenir qu’en général, les hélotes étoient fort malheureux ; esclaves à-la-fois du public & du particulier, leur servitude étoit personnelle & réelle ; ils étoient soumis à tous les travaux hors de la maison, & à toutes sortes d’insultes dans la maison ; on les maltraitoit continuellement, & même on les tuoit quelquefois sans ombre de justice ; Plutarque ne l’a point dissimulé. Aussi ces pauvres gens nés braves, & réduits au desespoir, voyant Sparte affligée par un tremblement de terre, ravagerent la Laconie, conspirerent contre leurs tyrans, & mirent la capitale dans le plus grand danger qu’elle ait jamais couru. Ils volerent de toutes parts pour achever de détruire ceux que le tremblement de terre auroit épargnés ; mais les ayant trouvés rangés en bataille, ils se retirerent auprès des Messéniens, les attirerent dans leur parti, & déclarerent aux Spartiates une guerre ouverte. Alors ils soûtinrent jusqu’à la derniere extrémité le siége d’Ithome contre toutes les forces des Lacédémoniens : enfin, après la prise de cette ville, ils furent transportés hors du Péloponnese, avec défense d’y rentrer sous peine de la vie. Ceux des hélotes qui resterent, furent condamnés à une perpétuelle servitude, sans que leurs maîtres pussent les affranchir, ni les vendre hors du pays.

Telle est en peu de mots l’histoire des hélotes, sur lesquels on peut lire Aristote, Politic. lib. II. Pausanias, in Laconic ; Thucydide, lib. VIII. Athénée, liv. VI. & XIV. Isocrate, in Panathen ; Elien, lib. TVIII. cap. xxxxiij. Plutarque, dans la vie de Lycurgue ; Strabon, liv. VIII. & parmi les modernes, Cragius, de Repub. Lacedemon. Meursius, Miscellan. Laconic. Potter, Archæol. Groec. lib. I. cap. x. (D. J.)