L’Encyclopédie/1re édition/HERMODACTE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 174).
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HERMODACTE, s. m. hermodactilus, (Bot.) genre de plante à fleur liliacée, monopétale, ressemblante à la fleur de la flambe ; mais la racine est tuberculeuse, & presque disposée en forme de doigts. Tournefort, inst. rei herb. coroll. Voyez Plante. (I)

L’hermodacte ou la racine du colchique oriental, que les Botanistes appellent colchicum, radice siccatâ, albâ, est une racine dure, tubéreuse, triangulaire, ou représentant la figure d’un cœur coupé par le milieu, applati d’un côté, relevé en bosse de l’autre, & se terminant comme par une pointe, avec un sillon creusé de la base à la pointe sur le dos. Elle est d’un peu plus d’un pouce de longueur, jaunâtre en dehors, blanche en dedans ; étant pilée, elle se réduit facilement en une substance farineuse, d’un goût visqueux, douceâtre, avec une légere acrimonie.

Quand cette racine est dépouillée de ses enveloppes, on la distingue seulement de celle du colchique commun, par le goût, la couleur & la dureté. M. Tournefort a souvent trouvé l’hermodacte dans l’Asie mineure, avec des feuilles & des fruits semblables à ceux du colchique. On ne nous apporte d’Orient que la partie intérieure dépouillée de ses tuniques.

Les Arabes ont enrichi la pharmacie de ce remede, qui étoit inconnu des anciens Grecs ; & Paul Eginete est le premier des nouveaux Grecs qui en a fait mention. (D. J.)

Hermodactes, ou Hermodattes, (Mat. med.) on estime les hermodactes blanches, grosses, compactes, & non cariées.

On dit que les hermodactes récentes purgent la pituite & la sérosité, par le vomissement & par les selles ; & que lorsqu’elles sont séchées & rôties, elles servent de nourriture aux Egyptiens, & surtout aux femmes, ce qui les engraisse à ce que l’on croit.

Lorsqu’elles sont séchées, telles qu’on les trouve dans nos boutiques, leur vertu purgative est très foible, plusieurs les recommandent comme une panacée pour les goutteux ; & dans le tems même de la fluxion, selon Æginette, il faut les donner en substance ou en décoction. Geoffroy, Mat. med.

On ne fait point d’usage des hermodattes dans les prescriptions magistrales ; elles entrent dans plusieurs compositions pharmaceutiques purgatives, telles que la bénédicte laxative, l’électuaire cariocoxtin, l’électuaire dicarthami, les pillules fœtides, &c. (b)