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L’Encyclopédie/1re édition/HUSSARDS les

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 356-357).
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HUSSARDS les, s. m. (Art milit.) sont une espece de milice à cheval en Hongrie & en Pologne, qu’on oppose à la cavalerie ottomane. Ils sont connus dans les troupes de France depuis 1692.

Les armes des hussards sont un grand sabre recourbé, ou un autre tout droit & fort large attaché à la ceinture avec des anneaux & des courroies. C’est pour sabrer à droite & à gauche, & pour frapper de haut en bas. Quelques-uns ont une épée outre leur sabre, longue & menue qu’ils ne portent pas à leur côté. Ils la mettent le long du cheval depuis le poitrail jusqu’à la croupe, au défaut de la selle, & en piquant panché sur la tête du cheval. Ils s’en servent pour embrocher les ennemis. Je me sers de ce terme, parce que cette épée est une espece de broche. Quand ils en usent, ils l’appuient sur le genou ; ils ont encore des pistolets & une carabine, & de très-grandes gibecieres en bandouliere, en forme de havresac. Ils ne se servent pas si communément en France de cette broche, mais c’est une de leurs armes dans les troupes de l’empereur ; on appelle cette arme penseretesche ou palache ; elle a cinq piés de long. Leur maniere la plus ordinaire de combattre, est d’envelopper l’ennemi, de l’effrayer par leurs cris & leurs divers mouvemens. Comme ils sont fort adroits à manier leurs chevaux qui sont de petite taille, qu’ils ont les étriers fort courts, & les éperons près des flancs du cheval, ils les forcent à courir plus vîte que la grosse cavalerie. Ils s’élevent au-dessus de leurs selles, & sont dangereux, sur-tout contre les fuyards. Ils se rallient très-aisément, & passent un défilé avec beaucoup de vîtesse. Ce qui rend leurs chevaux encore plus vîtes, c’est que n’ayant que des bridons, ils en ont la respiration plus libre, & pâturent à la moindre alte sans débrider. Quand ils font alte après quelque course vive, ils tirent les oreilles & la queue à leurs chevaux pour les délasser. Leurs selles sont d’un bois fort léger, & courtes avec deux arçons également relevés devant comme derriere : au lieu des anneaux, ce sont des tresses de grosse ficelle ; elles sont posées sur de bonnes couvertures en plusieurs doubles, qui leur servent pour se coucher & couvrir leurs chevaux : le dessus des selles sont des peaux avec leur poil, qui couvrent leurs pistolets aussi-bien que leurs housses. Ces peaux vont depuis le poitrail du cheval jusqu’à la queue & aux jarrets, & tombent en pointe sur les cuisses.

Leurs trompettes sont fort petites, & n’ont guere plus de son que les cors des postillons ; leurs étendarts sont en pointe. Et dans les armées de France, ils sont d’ordinaire parsemés de fleurs-de-lis : leurs housses sont de même ; & pour être moins connus dans le pays ennemi, ils les roulent sur la croupe de leurs chevaux, & plient leurs étendarts. Leur maniere de camper n’est pas réguliere ; ils s’attachent à la commodité, & s’embarrassent peu du fourrage, parce qu’ils ne restent pas dans le camp : ils ont très peu d’équipage, parce que leurs chevaux sont fort petits, & souvent en course. Leur discipline est exacte, la subordination grande, & les châtimens rudes. Le plus ordinaire est le bastonnade sur le dos & sur le derriere, d’un nombre de coups marqués. On se sert utilement de cette milice dans les partis pour aller à la découverte, & à l’avant & à l’arriere-garde pour couvrir un fourrage, parce que c’est une troupe fort légere pour les courses ; mais ils ne peuvent tenir contre des escadrons en ordre de bataille.

L’habillement des hussards est tout different de celui des autres troupes. Ils ont une espece de pourpoint ou de veste qui ne va qu’à la ceinture ; les manches en sont fort étroites, & retroussées avec un bouton : ils ont une grande culote en pantalon, c’est-à-dire qu’elle tient au bas des chausses : ils ont des bottines jusqu’aux genoux sans genouillieres, & qui tiennent aux souliers qui sont arrondis avec de petits talons ; il y en a qui ont des talons de fer. Les chemises des soldats sont fort courtes, & ils en changent rarement ; c’est pourquoi plusieurs en ont de toile de coton bleue : leurs manteaux ne sont guere plus longs que leurs pourpoints ; ils les mettent du côté que vient la pluie : leurs bonnets sont longs, & ils les bordent de peaux ; la plus grande partie a la tête rasée, & ne laisse qu’un petit toupet de cheveux du côté droit.

Les officiers sont plus proprement habillés, chacun selon son goût & sa dignité ; ils sont même magnifiques en habillemens, en armes, en peaux, en harnois, en fourrures ; il ornent leurs bonnets de belles aigrettes : il y en a qui ont quelques lames de vermillon d’argent qui se plaquent du côté droit, pour marquer par-là le nombre des combats où ils ont été ; & une boule d’argent sur la poitrine quand ils sont à cheval, pour marquer la noblesse. Les officiers des hussards sont le colonel, le lieutenant-colonel, les capitaines, & à peu-près comme dans le reste de la cavalerie. Histoire de la milice françoise, par le P. Daniel. (Q)