L’Encyclopédie/1re édition/HYSTÉROLITE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 420-421).

HYSTÉROLITE, s. f. (Hist. nat. Lithol.) en latin, hysterolithus, hystera petra, cunnolithus, pierre ainsi nommée, parce qu’elle représente d’une maniere distincte l’extérieur des parties de la génération du sexe féminin. Elle est fort dure, d’un gris ou d’un brun noirâtre, de la grandeur de la moitié d’une noix, à qui elle ressemble aussi, parce qu’elle est convexe & peu lisse d’un côté ; par l’autre côté elle a un enfoncement duquel il sort comme en relief un corps oblong, partagé en longueur par le milieu, & ressemblant aux labia pudenda.

Langius distingue deux especes d’hystérolites, l’une est à peu près de la grandeur d’une noix, telle est celle qui vient d’être décrite ; l’autre est plus petite, & n’est que de la grandeur d’une noisette ; elle differe de la précédente en ce que la fente qu’on y remarque est garnie de petits sillons transversaux & paralleles ; cette derniere espece se trouve en Suisse. Voyez Langius, historia lapidum figuratorum, p. 48.

Wallerius distingue aussi deux especes d’hystérolites ; il appelle l’une simple, & l’autre ailée ; peut-être entend-il par-là la même distinction que Langius.

Wormius parle d’une hystérolite qu’il décrit de même que nous avons fait, avec cette différence que l’on voyoit de l’autre côté les parties naturelles de l’homme, représentées très-distinctement, d’où il conclut que l’on devroit nommer cette pierre diphyis, plutôt qu’hysterolite, à cause que les parties naturelles des deux sexes s’y trouvoient réunies. Voyez Musæum Wormianum, pag. 83 & 84.

Les hystérolites ne paroissent redevables de leur figure qu’à l’empreinte d’une coquille bivalve, dans l’intérieur de laquelle elles ont été moulées, ou à qui elles ont servi de noyau. Les auteurs sont partagés sur la coquille qui a pû donner cette empreinte. Klein prétend qu’elle est entiérement inconnue. Baier croit que l’hystérolite est la même chose que la bucardite, ou le cœur de bœuf. Langius croit que c’est la même chose que l’urtica marina, à qui il trouve qu’elle ressemble beaucoup. Wallerius dit que l’hystérolite est le novau d’une coquille bivalve, qu’il appelle ostreopectinites ventricosa. Le musæum Richterianum la regarde comme formée par l’empreinte du concha veneris.

Les hysterolites ne se trouvent nulle part en si grande abondance que près du château de Braubach sur le Rhin, sur les confins du landgraviat de Hesse. On en trouve aussi, suivant Gesner, dans la montagne nommée Ehrenbreitstein, vis-à-vis de Coblentz, à l’endroit où la Moselle se jette dans le Rhin. On en rencontre, quoique assez rarement dans le duché de Brunswick, près de la ville de Wolfembutel ; ces dernieres ne sont point fort dures, elles n’ont que la consistence de la terre ou de l’argille séchée. Les hystérolites de la petite espece, dont parle Langius, se trouvent en Suisse.

Il ne faut point confondre les hystérolites dont il est question dans cet article, avec d’autres pierres plus grandes, qui représentent assez bien la partie naturelle de la femme, & qu’on nomme communément bijoux de Castres, parce qu’elles se trouvent en Languedoc dans le voisinage de cette ville : ces dernieres doivent être regardées comme une espece de madrépore, elles sont formées par plusieurs couches concentriques.

M. Falconet croit que l’hystérolite est la même pierre que celle que les anciens appelloient pierre de la mere des dieux, & qu’ils croyoient tombée du ciel ; elle étoit d’une grandeur médiocre, d’une couleur noire, & l’on y voyoit une apparence de bouche. Ce savant académicien ajoute, que « peut-être par rapport à une ressemblance qui n’est guere éloignée de celle de la bouche, le culte de cette pierre fut imaginé ; & on ne crut point trouver de symbole plus convenable, que cette pierre ainsi figurée, pour représenter une déesse, qui selon les Poëtes, étoit la mere des dieux & des hommes, & qui selon les Philosophes, étoit la nature même, source féconde de tout ce qui paroît dans l’Univers. » Voyez les mémoires de l’académie royale des Inscriptions & Belles-Lettres, tom. VI. p. 528. (—)