L’Encyclopédie/1re édition/IMIRETTE

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 566).
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IMIRETTE, (Géog.) petit royaume d’Asie entre les montagnes qui séparent la mer Caspienne & la mer Noire. Il est enfermé entre le mont Caucase, la Colchide, la mer Noire, la principauté de Garcil, & la Géorgie. Sa longueur est de six vingt mille stades, sa largeur de soixante mille. Les peuples du mont Caucase, avec qui l’Imirette confine, sont les Géorgiens & les Turcs au midi ; au septentrion, ces Caracioles ou Circassiens noirs, que les Européens ont appellé Huns, & qui firent tous les ravages en Italie & dans les Gaules, dont parlent les historiens, & Cédrénus en particulier.

L’Imirette est un pays de bois & de montagnes, comme la Mingrélie, mais il y a de plus belles vallées & de plus délicieuses plaines. Il s’y trouve des minieres de fer ; l’argent y a cours, & l’on y bat monnoie. Quant aux mœurs & aux coûtumes, c’est la même chose qu’en Mingrélie, qui a été autrefois sous sa domination, ainsi que les peuples du Guriel ; ils sont tous aujourd’hui tributaires du Turc. Le tribut du meppe, c’est-à-dire du roi d’Imirette est de 80 enfans, filles & garçons, depuis dix ans jusqu’à vingt ; il envoie son tribut au pacha d’Akalziche, & dans les lettres qu’il fait expédier, il se nomme le roi des rois : qu’est donc le pacha du grand-seigneur vis-à-vis de lui ?

La Turquie ne s’est point souciée de s’emparer de tous ces pays limitrophes, où il est impossible d’observer le Mahométisme, parce qu’ils n’ont rien de meilleur que le vin & le cochon, défendus par la loi mahométane ; outre que le peuple y est épars, errant & vagabond : de sorte que les Turcs se sont contentés de faire en sorte que toutes ces provinces leur servissent de pepinieres d’esclaves. On dit qu’ils en tirent six ou sept mille chaque année.

Des égards & des obstacles à peu près semblables, empêchent encore apparemment les Turcs d’incorporer à leur empire les vastes plaines de Tartarie & de Scythie, & les pays immenses du mont Caucase. C’est une observation remarquable que cet ancien usage de tribut d’enfans pour esclaves. La Colchide le payoit à la Perse dès les premiers âges du monde ; c’est une autre chose bien singuliere, que dans tous les siecles, ces régions maritimes de la mer Noire, aient produit de si beau sang, & en si grande quantité. (D. J.)