L’Encyclopédie/1re édition/JONC

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Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand (Tome 8p. 873).
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JONC, juncus, s. m. (Hist. nat.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond ; il sort du milieu de la fleur un pistil qui devient dans la suite un fruit ou une capsule. Cette capsule a ordinairement trois côtés qui s’ouvrent en trois pieces, & qui renferment des semences, dont la plûpart sont arrondies. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Jonc d’eau, (Hist. nat.) scirpus, genre de plante à fleur sans pétales, composée d’étamines & disposée en bouquet écailleux ; il sort des aisselles de ces écailles des pistils qui deviennent dans la suite des semences triangulaires disposées en bouquets. Ajoutez à ces caracteres que les tiges ne sont pas triangulaires. Tournefort, Inst. rei herbar. Voyez Plante.

Jonc fleuri, (Hist. nat.) butomus, genre de plante à fleur en rose, composée pour l’ordinaire de plusieurs pétales disposés en rond, dont les uns sont plus grands que les autres. Il sort du milieu de la fleur un pistil qui devient dans la suite un fruit membraneux composé de plusieurs gaines rassemblées en forme de tête, la plûpart terminées par une corne ; elles s’ouvrent dans leur longueur, & elles renferment des semences ordinairement oblongues. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Jonc marin, (Hist. nat.) genista spartium, genre de plante qui ne differe du genêt & du sparte, qu’en ce qu’il est épineux. Tournefort, Inst. rei herb. Voyez Plante.

Jonc odorant, (Botan. exot.) schœnanthus. C’est, suivant l’exacte description de M. Geoffroi, une espece de gramen ou de chaume qu’on nous apporte d’Arabie, garni de feuilles, & quelquefois de fleurs. Il est sec, roide, cylindrique, luisant, genouillé, de la longueur d’un pié ou environ, rempli d’une moelle fongueuse. Il est pâle ou jaunâtre près la racine ; verd ou de couleur de pourpre, près du sommet ; d’un goût brûlant, un peu âcre, amer, aromatique & agréable, semblable à celui du pouliot, cependant beaucoup plus fort. Son odeur tient le milieu entre celle des roses & du pouliot, elle est très-pénétrante ; il s’éleve plusieurs tiges d’une même racine.

Ne doutons plus que notre jonc odorant ne soit le même que celui des anciens. Matthiole & Bauhin en ont donné plusieurs preuves convaincantes. Dioscoride & Galien l’appellent simplement σχοῖνος ou jonc par excellence. Hippocrate le nomme σχοίνον ἐνόδη, jonc odoriférant, & le recommande par cette qualité. Les autres anciens grecs l’appelloient σχοίνου ἄνθος, c’est-à-dire fleur de jonc ou jonc précieux ; car le mot ἄνθος ne désigne pas seulement une fleur, mais quelque chose d’excellent, selon les observations de Saumaise ; & nous employons aussi le mot de fleur dans le même sens en françois.

La plante d’où le jonc odorant est tiré, s’appelle par les Botanistes schœnanthus, sive juncus odoratus, J. B. T. Juncus rotundus, aromaticus, C. B. &c.

Ses racines sont blanchâtres, petites, pliantes, dures, ligneuses, accompagnées à leur origine de plusieurs fibres très-menues. Ses feuilles ont plus d’une palme de longueur, semblables à celles du blé, roides, épaisses, larges vers la racine, roulées les unes sur les autres en maniere d’écailles ; elles se terminent en pointe dure, menue, arrondie, & embrassent étroitement les tuyaux par leurs gaines, comme dans le roseau. Les tiges ont un pié de long, & sortent du haut de la racine ; elles sont cylindriques, grêles vers leurs sommets, divisées par des nœuds fort éloignés les uns des autres ; quelquefois elles sont ligneuses, sans nœuds, & remplies d’une moelle fongueuse,telle qu’est celle du jonc ordinaire. Elles portent des épis de fleurs disposées deux à deux, comme l’ivraie ; ces fleurs sont très petites, composées d’étamines & d’un pistil à aigrette, contenus dans des petits calices rougeâtres en dehors. Quand ces fleurs sont tombées, il leur succede des graines.

Cette plante vient en si grande quantité dans quelques provinces d’Arabie, qu’elle sert de nourriture commune aux chameaux. Autrefois on recherchoit toutes les parties de ce jonc, savoir les tiges, les fleurs & les racines pour l’usage médicinal ; en effet elles sont toutes odorantes. Les feuilles piquent la langue par une certaine acrimonie agréable ; la racine a un goût brûlant & aromatique ; les fleurs récentes sont un peu aromatiques ; mais au bout d’un an elles ont perdu leur parfum, & paroissent inutiles. Il faut donc employer pour les compositions de Pharmacie, comme la thériaque & le mithridate, le jonc odorant, quand il est récent, aromatique, d’un goût brûlant & d’une odeur pénétrante. Il donne pour lors beaucoup d’huile essentielle par la distillation ; ses fleurs, ses feuilles & ses tiges sont un peu astringentes, atténuantes & composées de parties volatiles. (D. J.)

Jonc odorant, (Mat. méd.) voyez Schœnante.

Joncs de Pierre, junci lapidei, (Hist. nat. Minéralogie.) Quelques auteurs nomment ainsi une pierre formée par l’assemblage de tubulites pétrifiées, ou de coralloïdes cylindriques paralleles les unes aux autres, & placées perpendiculairement, eu égard à la masse de la pierre ; il se trouve une pierre de cette espece en Angleterre, dans la province ou comté de Shropshire, suivant le rapport d’Emanuel Mendez d’Acosta, qui place cette pierre parmi celles qu’il nomme marmoroïdes ou ressemblantes au marbre. C’est aussi de cette espece qu’est, selon lui, le marmor juncum ou les junci lapides décrits dans le catalogue de Woodward, où il est dit que les cylindres qu’on remarquoit dans le morceau qu’il possédoit, avoient près de deux piés de longueur, & s’étendoient autant que la pierre, quoiqu’elle ne fût elle-même qu’un fragment. Ce morceau curieux étoit tiré d’une carriere située entre Carlisle & Cokesmouth, dans le duché de Cumberland. Il s’en trouve aussi en Angleterre dans l’évêché de Durham & dans la province d’Yorck. Voyez Em. Mendez d’Acosta, natural history of fossils, tom. I. pag. 248. (—)

Jonc, (Joaillier.) bague unie qui n’a point de chaton, & dont le cercle est par-tout égal.