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L’Encyclopédie/1re édition/LOMBARD

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LOMBARD, (Hist. mod. & Com.) ancien peuple d’Allemagne qui s’établit en Italie dans la décadence de l’empire romain, & dont on a long-tems donné le nom en France aux marchands italiens qui venoient y trafiquer, particulierement aux Génois & aux Vénitiens. Il y a même encore à Paris une rue qui porte leur nom, parce que la plûpart y tenoient leurs comptoirs de banque, le commerce d’argent étant le plus considérable qu’ils y fissent.

Le nom de lombard devint ensuite injurieux & synonyme à usurier.

La place du change à Amsterdam conserve encore le nom de place lombarde, comme pour y perpétuer le souvenir du grand commerce que les lombards y ont exercé, & qu’ils ont enseigné aux habitans des Pays-bas.

On appelle encore à Amsterdam le lombard ou la maison des lombards, une maison où tous ceux qui sont pressés d’argent en peuvent trouver à emprunter sur des effets qu’ils y laissent pour gages. Il y a dans les bureaux du lombard des receveurs & des estimateurs : ces derniers estiment la valeur du gage qu’on porte, à-peu-près son juste prix ; mais on ne donne dessus que les deux tiers, comme deux cens florins sur un gage de trois cens. L’on délivre en même tems un billet qui porte l’intérêt qu’on en doit payer, & le tems auquel on doit retirer le gage. Quand ce tems est passé, le gage est vendu au plus offrant & dernier enchérisseur, & le surplus (le prêt & l’intérêt préalablement pris) est rendu au propriétaire. Le moindre intérêt que l’on paye au lombard, est de six pour cent par an ; & plus le gage est de moindre valeur, plus l’intérêt est grand : en sorte qu’il va quelquefois jusqu’à vingt pour cent.

Les Hollandois nomment ce lombard bank vanleeninge, c’est-à-dire banque d’emprunt. C’est un grand bâtiment que les régens des pauvres avoient fait bâtir en 1550 pour leur servir de magasin, & qu’ils céderent à la ville en 1614 pour y établir une banque d’emprunt sur toutes sortes de gages, depuis les bijoux les plus précieux jusqu’aux plus viles guenilles, que les particuliers qui les y ont portées peuvent retirer quand il leur plaît, en payant l’intérêt ; mais s’ils laissent écouler un an & six semaines, ou qu’ils ne prolongent pas le terme du payement en payant l’intérêt de l’année écoulée, leurs effets sont acquis au lombard qui les fait vendre, comme on a déja dit.

L’intérêt de la somme se paye, savoir, au-dessous de cent florins, à raison d’un pennin par semaine de chaque florin, ce qui revient à 16 pour cent par an. Depuis 100 jusqu’à 500 florins, on paye l’intérêt à 6 pour cent par an : depuis 500 florins jusqu’à 3000, 5 pour cent par an : & depuis 3000 jusqu’à 10000 florins, l’intérêt n’est que de 4 pour cent par an.

Outre ce dépôt général, il y a encore par la ville différens petits bureaux répandus dans les divers quartiers, qui ressortissent tous au lombard. Tous les commis & employés de cette banque sont payés par la ville. Les sommes dont le lombard a besoin se tirent de la banque d’Amsterdam, & tous les profits qui en proviennent, sont destinés à l’entretien des hôpitaux de cette ville. Dictionn. de comm. Jean P. Ricard, Traité du commerce d’Amsterdam.