L’Encyclopédie/1re édition/MANDRIN

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MANDRIN, s. m. (Art méchaniq.) instrument à l’usage d’un grand nombre d’artisans. Voyez les articles suivans, presque par-tout il fait la fonction de moule ou modele, & a la forme d’une autre piece.

Mandrin de porte mouchette, en terme d’Argenteur, est un cercle de fer un peu ovale, soutenu sur trois piés, traversé en long par deux barres immobiles, & percés de plusieurs trous pour recevoir deux autres traverses qui s’approchent & s’éloignent autant qu’on veut, selon la longueur de la piece : ces traverses y sont attachées par d’autres petites parties qui y sont vissées ; & deux especes de petites machines aussi retenues par des vis, arrêtent le porte-mouchette entr’elles & les traverses. Il faut que tout mandrin d’argenteur soit toujours également chaud, sans quoi l’argent ne prendroit pas. Voyez Planche de l’Argenteur.

Mandrin à éguiere, (Argenteur.) est une espece d’étau creux dans son intérieur, dont les Argenteurs se servent pour argenter les éguieres.

Mandrin, terme d’Artillerie, espece de moule ou de petit cylindre de bois, dont on se sert pour former les cartouches propres au fusil. Les mandrins y doivent être parfaitement cylindriques, & avoir 7 à 8 pouces de longueur, & 6 lignes 3 quarts de diametre, suivant une ordonnance sur les cartouches, donnée en 1738. Ils doivent être creusés dans les deux bouts en cavité sphérique, en sorte que de quelque côté que l’on s’en serve, cette cavité puisse recevoir & embrasser environ un tiers de la balle. (Q)

Mandrin, en terme de Chauderonnier, c’est un long bâton de fer qui diminue proportionnellement, & sur lequel on forme le tuyau d’un cor-de-chasse. Voyez les Pl. du Chauderonnier.

Mandrin, en terme de Doreur, sont des plateaux de bois de plusieurs grandeurs, sur lesquels on travaille les plus grandes pieces. Il n’est guere possible de leur donner une forme qui serve de modele. Ils la doivent au caprice, comme les pieces auxquelles ils servent. Voyez dans nos Planches du Doreur les figures qui représentent les mandrins nécessaires pour tenir toutes les pieces d’une épée.

Il y a le mandrin de plaque ; le coin pour faire serrer le mandrin.

Le poinçeau monté sur son mandrin.

Le plaque d’épée montée sur son mandrin.

Le coin dudit mandrin.

Le mandrin de corps, sur lequel est monté un corps d’épée.

Le coin dudit mandrin.

Mandrin à boutons, (Doreur en feuilles.) sont des formes de boutons de cuivre montés sur une branche de fer, sur lesquelles on brunit les boutons. Il faut avoir soin de faire chauffer ces mandrins à chaque bouton que l’on brunit. Voyez Brunir.

Mandrin, (Fourbisseur.) les Fourbisseurs appellent ainsi un outil qui leur sert à soutenir, entr’ouvrir & travailler plusieurs pieces de la garde de leurs épées & des fourreaux. Ils en ont de cinq sortes, qui sont le mandrin de plaque, le mandrin de garde, le mandrin de corps, le mandrin de branche & le mandrin de bout. Ce dernier sert pour le bout du fourreau, & les quatre autres aux manœuvres. Tous ces outils sont de fer. Voyez bloc de corps, bloc de plaque & mandrin de bout, Planche du Fourbisseur & du Cizeleur-Damasquineur.

Mandrin de bout, (Fourbisseur.) les Fourbisseurs se servent de deux morceaux de fer forgés, ressemblant à des limes, mais qui sont unis, qui sont plus larges au milieu, & finissent un peu en diminuant, pour relever les bosses des bouts des fourreaux d’épées & les viroles d’en-haut, & aussi pour passer sur les fourreaux quand ils ont peine à entrer sur les lames ; cela se fait en tenant ces deux morceaux de fer des deux mains, & mettant entre les deux la lame dans son fourreau, & faisant glisser ces deux morceaux de fer de bas en-haut, cela presse le fourreau, & l’élargit tant soit peu. Voyez la fig. Pl. du Fourbisseur.

Mandrin de chapes, en terme de Fourbisseur, est un fer triangulaire, dont les pans sont arrondis, sur lequel on dore ou l’on argente des chapes d’épées. Voyez Chapes. Voyez les fig. dans les Planches du Fourbisseur.

Mandrin de corps, en terme de Fourbisseur, est un morceau de fer quarré, recourbé & percé pour recevoir le bout de la branche qu’on dore ou qu’on argente dessus. Voyez Planche du Doreur.

Mandrin, parmi les Horlogers signifie un outil dont ils se servent pour tourner certaines pieces ; cet outil est monté sur un arbre, tantôt on fait entrer la piece que l’on veut tourner sur sa circonférence, tantôt on l’appuie contre son plan : dans le premier cas, le mandrin doit être tourné parfaitement rond, & dans le second parfaitement droit du côté où la piece s’appuie. Voyez Pl. d’Horlog.

Mandrins, ce sont, en terme d’Orfevre en tabatieres, des masses de cuivre jaune de bois ou de fer, contournées différemment, sur lesquelles on emboutit les tabatieres, en leur imprimant le contour & les moulures qui sont modelées sur ces mandrins. Voyez les Pl. d’Orfév.

Mandrin, outil de Potier d’étain, c’est un morceau de fer ordinairement quarré, dont la moitié entre dans l’arbre du tour, s’il est creux ; & cette partie de mandrin est percée, ainsi que l’arbre, pour y pouvoir passer une clavette de fer qui tient le mandrin attaché à l’arbre, comme si c’étoit une seule piece. L’autre bout du mandrin qui sort de l’arbre, sert à faire les gaines des empreintes ou calibres, & c’est sur ce bout qu’on les monte lorsqu’on veut tourner. Voyez Tourner l’étain.

A l’égard de la longueur & grosseur du mandrin, il n’y a rien de déterminé pour cela, parce que la différence & la grosseur des arbres de tour en fait la regle ; mais communément il doit avoir environ sept à huit lignes sur chaque face en diminuant peu-à-peu jusqu’aux bouts, & cinq à six pouces de longueur en tout. Voyez les Pl. de Potier d’etain.

Mandrin, (Serrurerie & Taillanderie.) piece de fer ou d’acier un peu plus renflu dans son milieu qu’à ses extrémités, ce qui lui donne la facilité d’entrer & de sortir plus facilement, & en même tems de former un trou plus égal à celui qu’on demande. Ainsi ce mandrin est une espece de pointe ou d’instrument à percer ou à froid ou à chaud. Il y en a de différentes formes, selon le trou à percer. On se sert du mandrin chaud, lorsqu’il est question d’ouvrir plusieurs trous sur la longueur d’une barre, comme aux traverses des grilles où les barreaux sont compris dans l’épaisseur das traverses. Il faut que le mandrin soit de la grosseur des barreaux. On se sert aussi de mandrin à froid : celui-ci doit être d’acier trempé. On le chasse à force dans les trous faits à la lime, & il marque les endroits qu’il faut diminuer. On commence l’ouvrage ou l’ouverture au poinçon, & on l’acheve au mandrin. Le poinçon perce, le mandrin dirige en perfectionnant. V. Pl. de Serrur.

Mandrin, (Tailland.) espece de poinçon rond ou quarré, qu’on passe dans un trou qu’on a percé dans une espece de fer, lorsqu’il s’agit de finir ce trou, & de lui donner sa grandeur juste, & la forme convenable ; c’est ainsi qu’on forme l’œil d’un marteau, d’une coignée, la douille d’une bèche. Voyez Pl. de Taillandier.

Mandrin, en terme de Tabletier-Cornetier, est un rouleau de bois uni & égal dans sa circonférence, que l’on enfonce à force dans les cornets pour les redresser. Voyez Redresser. V. Pl. du Tabl. Corn.

Mandrin, (Tourneur.) est un morceau de bois de hêtre ou de poirier, ou autre qui puisse se couper net, qui sert à monter l’ouvrage sur le tour. Voyez Tour à lunette.