L’Encyclopédie/1re édition/MANIPULE

La bibliothèque libre.

MANIPULE, s. m. (Hist. ecclés.) ornement d’église que les officians, prêtres, diacres & soudiacres portent au bras gauche. Il consiste en une petite bande large de trois à quatre pouces, & configurée en petite étole, voyez l’article Étole. Le manipule est de la même étoffe, de la même couleur que la chasuble & la tunique. On prétend qu’il représente le mouchoir dont les prêtres dans la premiere église essuyoient les larmes qu’ils versoient pour les péchés du peuple. En effet, ceux qui s’en revêtent disent : mereor, domine, portare manipulum fletus & doloris. On l’appelle en beaucoup d’endroits fanon. Les Grecs & les Maronites ont un manipule à chaque bras ; les Evêques de l’église latine ne prennent le manipule qu’au bas de l’autel, après la confession des péchés : le soudiacre leur passe au bras. Manipule se dit en latin sudarium, manuale, mappula, mouchoir.

Manipule, (Art militaire des Romains.) corps d’infanterie romaine qui du tems de Romulus formoit la dixieme partie d’une légion ; mais sous Marius la légion fut composée de trente manipules, & chaque manipule contenoit plus ou moins d’hommes, selon que la légion étoit plus ou moins forte. Dans une légion composée de six mille hommes, le manipule étoit de deux cens hommes ou de deux centuries, parce que le manipule avoit deux centurions qui le commandoient, & dont l’un étoit comme lieutenant de l’autre. Les Romains donnoient le nom de manipule à cette troupe, de l’enseigne qui étoit à la tête de ces corps. Cet enseigne, manipulus, consistoit dans les commencemens en une botte d’herbe attachée au bout d’une perche, usage qui subsista jusqu’à ce que les Romains eussent substitue les aigles à leur botte de foin. (D. J.)

Manipule, (Medecine.) c’est une poignée. Cette quantité se designe dans les ordonnances par une M. suivie du chiffre qui indique le nombre des poignées.

Manipules, (Artific.) Les Artificiers appellent ainsi une certaine quantité de pétards de fer ou de cuivre joints ensemble par un fil-d’archal, & chargés de poudre grainée & de balles de mousquets, qu’on jette où l’on veut qu’ils fassent leurs effets par le moyen d’un mortier, comme les bombes & les carcasses. Voyez Bombe, Carcasse.