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L’Encyclopédie/1re édition/MANTELETS

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MANTELETS, en terme de guerre, (Art milit.) sont des especes de parapets mobiles faits de planches ou madriers, d’environ trois pouces d’épaisseur, qui sont cloués les uns sur les autres jusqu’à la hauteur d’environ six piés, & qui sont ordinairement serrés avec du fer-blanc, & mis sur de petites roues ; de façon que, dans les sieges, ils peuvent se placer devant les premiers, & leur servir de blinde pour les couvrir de la mousqueterie. Voyez Blindes.

Il y a une autre sorte de mantelets couverts par le haut, dont les mineurs font usage pour approcher des murailles d’une place ou d’un château. Voyez Galerie.

Il paroît dans Vegece que les anciens s’en servoient aussi sous le nom de vincæ : mais ils étoient construits plus légérement, & cependant plus grands que les nôtres, hauts de 8 à 9 piés, larges d’autant, & longs de 16, couverts à doubles étages ; l’un de planches, & l’autre de claies, avec les côtés d’osier, & revêtus par dehors de cuirs trempés dans de l’eau de peur du feu. Chambers.

Les mantelets servoient autrefois aux sapeurs pour se couvrir du feu de la place ; mais ils se servent actuellement pour le même usage du gabion farci. Voyez Gabion.

M. le maréchal de Vauban s’en servoit dans les attaques ; voici ce qu’il prescrit pour leur construction dans son traité de l’attaque des places.

« Pour faire les mantelets, on cherche des roulettes de charrue à la campagne ; on leur met un essieu de 4 à 5 pouces de diametre, sur 4 à 5 piés de long entre les moyeux, au moyen desquelles on assemble une queue fourchue de 7 à 8 piés de long, à tenons & mortoises, passant les bouts de la fourche entaillée dans l’essieu : on les arrête ferme par des chevilles ou des clous, les deux bouts traversés sur l’essieu passant au-travers du mantele, qui est un assemblage de madriers de 2 piés 8 pouces de haut sur 4 de large, penchant un peu sur l’essieu du côté de la queue, pour l’empêcher de culbuter en avant. Les madriers qui composent les mantelets, sont goujonnés l’un à l’autre, & tenus ensemble par deux traverses de 4 pouces de large & 2 d’épais, auxquelles ils sont cloués & chevillés. Tout le corps du mantelet s’appuie sur une ou deux contrefiches assemblées dans les traverses du mantelet par un bout d’une part, & sur la queue du même de l’autre, auquel elles sont fortement chevillées ». Voyez Planche XIII. de Fortification, le plan, profil & élévation de ce mantelet.

On en avoit autrefois d’une autre façon. Ils étoient formés de deux côtés qui faisoient un angle saillant, & ils étoient mûs par trois roulettes. Cette machine s’appelloit pluteus chez les Romains. Voyez l’attaque & la défense des places des anciens, par le chevalier de Folard. Voyez aussi cet ancien mantelet dans la Planche qu’on vient de citer.

Mantelet ou Contresabords, (Marine.) ce sont des especes de portes qui ferment les sabords, ils sont attachés par le haut, & battent sur le feuillet du bas ; ils doivent être faits de fortes planches, bien doublés & cloués fort serré en losange. La doublure en doit être un peu plus mince que le dessus ; on les peint ordinairement de rouge en-dedans. Voyez Marine, Planche VI. fig. 77. le dessein d’un mantelet de sabord & sa doublure.

Mantelet, (Marchand de modes.) c’est un ajustement de femme qu’elles portent sur leurs épaules, qui est fait de satin, taffetas, droguet, ou autre étoffe de soie ; elles attachent cet ajustement sous leur menton avec un ruban, & cela leur sert pour couvrir leur gorge & leurs épaules ; il descend par derriere en forme de coquille environ jusqu’au coude, & elles l’arrêtent par-devant avec une épingle, il est garni tout autour d’une dentelle de la même couleur qui forme des festons ; on en garnit aussi en hermine, en petit-gris, en cigne, &c. on en falbalate avec de la même étoffe découpée.

L’on en a fait avec le velours, de la chenille, de l’écarlate, qui servoient pour l’hiver ; & pour l’été, on les fait de gase noire, ou de dentelle. Ils sont faits à l’imitation des petits manteaux d’écarlate que les angloises portent, & qui leur descend jusqu’aux reins.

Cet ajustement tire son nom du mot manteau, & parce qu’il est beaucoup plus court & plus léger, on l’a appellé manteles.

Il y a environ douze ans que cet ajustement a été à la mode, mais les femmes de condition ont commencé en 1736 ou 1737 à en porter le matin, & depuis toutes les femmes en ont porté quand elles s’habillent ; depuis ce tems-là, on y a ajouté un cabochon qui y est attaché au collet, & qui est fait comme une coëffe ; cela sert d’ornement, & aussi pour couvrir la tête quand il fait froid. Il est garni tout autour de pareille dentelle que le mantelet.

Mantelet, terme de Blason, il se dit des courtines du pavillon des armoiries, quand elles ne sont pas couvertes de leurs chapeaux. C’étoit autrefois une espece de lambrequin large & court, qui couvroit les casques & les écus des chevaliers. Voyez Lambreqins.