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L’Encyclopédie/1re édition/MARSOUIN, COCHON DE MER

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MARSOUIN, COCHON DE MER, s. m. (Hist. nat. Ict.) poisson cétacée, qui ne differe du dauphin qu’en ce qu’il a le corps plus gros & moins long, & le museau plus court & plus obtus. Rondelet, Hist des poiss. part. I. liv. XVI. ch. vj. Voyez Dauphin, Poisson, & Cétacée.

Les Anglois appellent porpesse ou porpoise ce grand poisson cétacée, qu’il ne faut pas confondre avec le dauphin. Le lecteur trouvera sa description fort étendue dans Ray, & dans les Transact. philosoph. n°. 74, & n°. 231. Nous en avons encore une description particuliere du docteur Edouard Tyson, imprimée à Londres en 1680, in-4°. c’est la description d’un marsouin femelle, dont la longueur étoit de quatre à cinq piés. Ce poisson à 48 dents très-aiguës à chaque mâchoire, & l’anatomiste de Gresham lui a découvert l’organe de l’ouie ; il lui a compté 73 côtes de chaque côté. Ses nageoires sont placées horisontalement, & non pas verticalement comme dans les autres poissons ; sa chair est de fort mauvais goût.

On pêche le marsouin avec le barguot, qui est un gros javelot joint au bout d’un bâton. La graisse ou l’huile qu’on en tire est d’usage pour les tanneries, les savonneries, &c. On a fait vraissemblablement le mot françois marsouin, du latin marinus sus, cochon de mer. (D. J.)

Marsouin, (Pêche.) les pêcheurs du mont Farville, lieu dans le ressort de l’amirauté de Barfleur, ont inventé de grands filets, inusités dans toutes les autres amirautés ; ils les ont fabriqués pour la pêche des marsouins, qui abondent tellement à leur côte que ces poissons y mangent tous les autres qui y sont passagers ou qui y séjournent ordinairement, ou qui y restent en troupes, & que les marsouins viennent chercher entre les rochers où ces poissons se retirent pour les éviter, d’où ils les chassent & en rendent leurs côtes stériles.

Les pêcheurs pour tâcher de prendre des marsouins ont fait des rets formés de gros fils semblables à de moyennes lignes, avec des mailles de la grandeur des contremailles ou hameaux fixés par l’ordonnance de 1681 de neuf pouces en quarré ; le filet a environ cinq à six brasses de chûte ou de hauteur, & quarante à cinquante brasses de longueur.

Lorsque les pêcheurs apperçoivent de haute mer à la côte des marsouins dans les petites anses que forment les pointes des rochers, ils amarrent le bout de leurs filets à une des roches, & portent le reste au large avec une de leurs chaloupes, en formant une espece d’enceinte, & ils arrêtent l’autre bout du filet à une autre roche, ensorte que les marsouins s’y trouvent de cette maniere enclavés, & restent à sec lorsque la mer vient à s’en retirer ; les marsouins franchissent quelquefois le filet en s’élançant, mais il faut observer qu’ils ne le forcent jamais : quand ils trouvent quelques obstacles & qu’ils ont la liberté de nager, ils tournent autour du rets qu’ils cotoyent jusqu’à ce qu’ils se trouvent à sec.