L’Encyclopédie/1re édition/MELOPÉE

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MELOPÉE, s. f. Μελοποιΐα, (Musique.) étoit dans la musique greque, l’art ou les regles de la composition du chant, dont l’exécution s’appelloit mélodie, voyez ce mot.

Les anciens avoient diverses regles pour la maniere de conduire le chant, par degrés conjoints, disjoints ou mêlés, en montant ou en descendant. On en trouve plusieurs dans Aristoxene qui dépendent toutes de ce principe, que dans tout système harmonique, le quatrieme ou le cinquieme son après le son fondamental, on doit toujours frapper la quarte ou la quinte juste, selon que les tétracordes sont conjoints ou disjoints ; différence qui rend un mode quelconque authentique ou plagal, au gré du compositeur.

Aristide Quintilien divise toute la mélopée en trois especes qui se rapportent à autant de modes, en prenant ce nom dans un nouveau sens. La premiere étoit l’hypatoide appellée ainsi de la corde hypate, la principale ou la plus basse ; parce que le chant régnant seulement sur les sons graves, ne s’éloignoit pas de cette corde, & ce chant étoit approprié au mode tragique. La seconde espece étoit la mesoïde, de mesé, la corde du milieu, parce que le chant rouloit sur les sons moyens, & celle-ci répondoit au mode nomique consacré à Apollon. Et la troisieme s’appelloit netoïde, de neté, la derniere corde ou la plus haute : son chant ne s’étendoit que sur les sons aigus, & constituoit le mode dithyrambique ou bacchique. Ces modes en avoient d’autres qui leur étoient en quelque maniere subordonnés, tels que l’hérotique ou amoureux, le comique, & l’encosmiasque destiné aux louanges. Tous ces modes étant propres à exciter ou à calmer certaines passions, influoient beaucoup dans les mœurs : & par rapport à cette influence, la mélopée se partageoit encore en trois genres ; savoir, 1°. Le systalique, ou celui qui inspiroit les passions tendres & amoureuses, les passions tristes & capables de resserrer le cœur, suivant le sens même du mot grec. 2°. Le diastaltique, ou celui qui étoit propre à l’épanouir en excitant la joie, le courage, la magnanimité, & les plus grands sentimens. 3°. L’ésuchastique, qui tenoit le milieu entre les deux autres, c’est-à-dire, qui ramenoit l’ame à un état de tranquillité. La premiere espece de mélopée convenoit aux poésies amoureuses, aux plaintes, aux lamentations, & autres expressions semblables. La seconde étoit réservée pour les tragédies & les autres sujets héroïques. La troisieme, pour les hymnes, les louanges, les instructions. (S)