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L’Encyclopédie/1re édition/NISSA

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NISSA, (Géog.) ville de la Turquie européenne, dans la Servie, aux confins de la Bulgarie, sur la riviere de Nissara, qui peu après se joint avec la Morave, à l’orient de la ville de Précop : c’est la Naissus des anciens. Nissa est à 8 lieues E. de Précop, 52 lieues S. E. de Belgrade. Long. 40. 30. lat. 43. 22.

L’époque du regne de Constantin né à Nissa, est une époque glorieuse pour la Religion qu’il rendit triomphante ; heureux s’il en eût pratiqué les maximes ! Mais le meurtre de Licinius son beau-frere, assassiné malgré la foi des sermens ; Licinien son neveu massacré à l’âge de douze ans ; Maximilien son beau-pere égorgé par son ordre à Marseille ; son propre fils Crispus, prince de grande espérance, mis injustement à mort, & après lui avoir gagné des batailles ; son épouse Fausta étouffée dans un bain ; tous ces crimes exécrables flétriront à jamais le nom de cet empereur, & n’adouciront pas la haine qu’on lui porta pendant sa vie.

Il ne faut pas juger Constantin ni par des satyres, ni par des panégyriques ; il faut pour ne point se tromper, le juger par ses seules actions. Qu’on loue tant qu’on voudra, sa constance, son économie, sa valeur, ses exploits guerriers sur les Barbares ; je vois par l’histoire, qu’il les a vaincus ; mais cette même histoire m’apprend qu’il a fait dévorer par les bêtes féroces, dans les jeux du cirque, tous les chefs des Francs, avec tous les prisonniers qu’il avoit faits dans une expédition sur le Rhin : je n’en veux pas davantage pour détester sa cruauté.

On trouve dans le code Théodosien, un de ses édits, où il déclare qu’il a fondé Constantinople par ordre de Dieu ; ce trait me fait voir qu’il fit tout servir à ses projets, & à ce qu’il crut être son intérêt. En transportant le trône sur le Bosphore de Thrace, il immola l’Occident à l’Orient ; ce n’étoit pas là un coup de politique heureusement frappé. Quoique l’empire ne fût déja que trop grand, la division qu’il en fit, ne servit qu’à le ruiner davantage.

Enfin, après avoir affoibli la capitale, il se conduisit de la même maniere pour les frontieres ; il rappella les légions qui étoient sur le bord des grands fleuves, & les dispersa dans les provinces ; ce qui produisit deux maux : l’un, que la barriere qui contenoit tant de nations, fut ôtée ; & l’autre, que les soldats vécurent & s’amollirent dans le cirque & dans les théâtres. Il mourut à Achyron, près de Nicomédie, en 337, à 63 ans, après en avoir regné 31. (D. J.)