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L’Encyclopédie/1re édition/PALAIS

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PALAIS, s. m. en Anatomie, est la chair qui compose le dedans, c’est-à-dire la partie supérieure & intérieure de la bouche. Voyez Bouche.

Du Laurens dit que ce mot vient du latin pali, parce que le palais est enfermé par deux rangs de dents, semblables à de petits pieux, que les Latins nommoient pali.

Le palais est une espece de petite voûte ou ceintre ; il est tapissé d’une tunique glanduleuse, sous laquelle sont un grand nombre de petites glandes visibles, conglomérées, de la grosseur d’un grain de millet à la partie antérieure, avec quantité de petits interstices, dont les conduits excrétoires perçant la membrane, s’ouvrent dans la bouche, mais sont beaucoup plus drues vers le fond, & forment un amas si considérable vers la racine de la luette, que toutes ensemble elles paroissent former une grosse glande conglomérée, que Verhey en appelle en effet glandula conglomerata palatina.

Vers le fond du palais derriere la luette, il y a un grand trou qui tout près de son origine se partage en deux, dont chacun des deux va aboutir à l’une des deux narines. Plusieurs prétendent que le palais est l’organe du goût. Voyez Goût.

L’os du palais est un petit os quarré, qui forme la partie enfoncée du palais, & se joint à la partie de l’os maxillaire, qui forme le devant du palais. Voyez Machoire supérieure.

Les os du palais sont au nombre de deux, situés aux parties latérales & postérieures des narines.

On distingue dans ces os deux plans, un petit horisontal, qui fait portion de la voûte du palais des fosses nasales, & est appellée portion palatine ; l’autre grand vertical, qui fait partie des fosses nasales : dans le plan horisontal deux faces ; une supérieure légerement concave dans sa longueur ; une inférieure plate & raboteuse : quatre bords, un latéral interne épais & un peu élevé en-dedans des fosses nasales ; un latéral externe rencontré à angle droit par le plan vertical ; un antérieur déchiré ; un postérieur tranchant légerement échancré, & se terminant à sa partie latérale interne en une pointe.

On remarque dans le plan vertical deux faces ; une latérale interne unie & divisée vers sa partie inférieure par une petite ligne saillante transversale, sur laquelle s’appuie l’extrémité postérieure des cornets intérieurs du nez ; une latérale interne raboteuse & creusée dans sa longueur en forme de gouttiere, qui se termine quelque fois au milieu du bord de rencontre des deux plans par un creux ; d’autres fois ce trou est formé en partie par l’os maxillaire avec lequel il est joint, on l’appelle trou palatin postérieur : quatre bords, un bord inférieur qui rencontre le bord latéral externe du plan horisontal ; à l’angle postérieur de rencontre une grosse éminence, appellée portion ptérigoïdienne, dans la partie postérieure de cette éminence deux fossettes pour recevoir l’extrémité inférieure antérieure des aîles de l’apophyse-ptérigoïde ; dans sa partie antérieure une petite apophyse qui s’engrene dans l’os maxillaire ; au bord supérieur sur la partie antérieure duquel on remarque une apophyse, nommée portion orbitaire, qui est unie à sa face supérieure & postérieur cellulaire, à sa face latérale interne, à la partie postérieure de cette apophyse ; une échancrure qui, avec l’os sphénoïde, forme le trou sphéno-palatin ou ptérigo-palatin ; un bord postérieur terminé par la portion ptérigoïdienne ; un bord antérieur mince, en forme d’angle, & quelquefois replié en dehors, & qui forme la partie postérieure de l’ouverture du sinus maxillaire.

Cet os est articulé avec son pareil, avec l’os sphénoïde, l’os éthmoïde, l’os maxillaire, le vomer & le cornet inférieur du nez. Voyez Sphenoïde, Éthmoïde, &c.

Palais, s. m. (Botan.) dans les fleurs, le palais est cette partie qui se trouve entre deux autres, semblables aux mâchoires ; ainsi l’espace qui est compris entre les deux mâchoires de la fleur du mélampyrum, s’appelle son palais.

Palais, (Géograph. mod.) petite place forte de France en Bretagne, capitale de l’île de Belle-Isle. Long. 14. 20. lat. 47. 20.

Il ne faut pas confondre ce Palais, capitale de Belle-Isle, avec Palais, village à 4 lieues de Nantes en Bretagne. Ce village, quoique pauvre village, est bien célebre dans l’histoire, pour avoir donné le jour à Pierre Abélard, que sur de fausses apparences d’infidélité les parens d’Héloïse firent cruellement mutiler ; lui qui n’aimoit au monde que cette savante fille, & qui l’aima jusqu’au tombeau ; lui qui étoit un des plus fameux & des plus habiles docteurs du xij. siecle, le plus grand dialecticien, & le plus subtil esprit de son tems.

Ce n’est pas tout, il eut encore à essuyer coup sur coup malheurs sur malheurs, par la jalousie de ses rivaux, & quelquefois par son imprudence. C’est ainsi qu’il lui échappa de dire étant au couvent de S. Denis, qu’il ne pensoit pas que leur S. Denis fût Denis l’Aréopagite, dont il est parlé dans l’Ecriture. L’abbé étant instruit de ces discours hors de saison, déclara qu’il livreroit à la justice du roi celui qui avoit l’audace de renverser la gloire & la couronne du royaume. Abélard se sauva de nuit en Champagne, & se crut trop heureux d’obtenir après la mort de l’abbé de S. Denis la permission de vivre monastiquement loin de Paris.

Il vint au Paraclet, des écoliers l’y suivirent en foule ; & ses ennemis en plus grand nombre lui rendirent dans cet hermitage même la vie tellement amere, qu’il fut sur le point de se retirer hors de la chrétienté ; mais son étoile ne lui permit pas de se procurer ce repos.

On lui fit un procès d’hérésie devant l’archevêque de Sens, & l’on convoqua sur cette affaire l’an 1140 un concile provincial, auquel le roi Louis VIII. voulut assister en personne. S. Bernard étoit l’accusateur, Abélard fut bientôt condamné. Le pape Innocent II. confirma la condamnation, en ordonnant que les livres de l’hérétique seroient brûlés, qu’il ne pourroit plus enseigner, & qu’on l’emprisonnât.

Il étoit perdu sans Pierre le Vénérable, qui, touché de son triste sort & de la beauté de son génie, le reçut favorablement dans son abbaye de Clugny, & lui réconcilia S. Bernard, le promoteur de l’oppression que l’innocence avoit soufferte dans le concile de Sens & à Rome. Mais de si longs malheurs consécutifs avoient tellement délabré la santé d’Abélard, qu’il n’étoit plus tems d’y porter remede. Envain l’abbé de Clugny l’envoya pour le rétablir dans le prieuré de S. Marcel, lieu pur & agréable, situé sur la Saône auprès de Châlons ; il y mourut bientôt après le 21 Avril 1142, à l’âge de 63 ans. Voyez dans Bayle son article, joignez-y les articles Héloïse, Berenger de Poitiers, Ambroise (François) Froulques, & vous aurez dans le même dictionnaire l’histoire complette d’Abélard. (D. J.)

Palais, s. m. (Architect.) bâtiment magnifique, propre à loger un roi ou un prince. On distingue les palais en palais impérial, royal, pontifical, épiscopal, cardinal, ducal, &c. selon la dignité des personnes qui l’occupent.

On appelle aussi palais le lieu où une cour souveraine rend la justice au nom du roi, parce qu’anciennement on la rendoit dans les palais des rois.

Selon Procope, le mot palais vient d’un certain grec, nommé Pallas, lequel donna son nom à une maison magnifique qu’il avoit fait bâtir. Auguste fut le premier qui nomma palais la demeure des empereurs à Rome sur le mont qu’on nomme à cause de cela le mont palatin. (D. J.)

Palais, (Antiq. rom.) le nom de palais vient du mont palatin à Rome, sur lequel étoit assise la maison des empereurs. De-là les hôtels ou maisons des rois, princes & grands seigneurs, prirent le nom de palais : Nam quia imperii sedes in eo constituta fuit, cujusvis principis aulam, aut splendidi hominis domum, palatium dicimus. Auguste fut le premier qui se logea au mont palatin, faisant son palais de la maison de l’orateur Hortensius, qui n’étoit ni des plus grandes, ni des mieux ornées de Rome. Suétone nous la dépeint, quand il dit : Habitavit posteà in palatio, sed ædibus modicis Hortensianis, neque cultis, neque conspicuis.

Ce palais fut ensuite augmenté par Tibere, Caligula, Alexandre fils de Mammée, & autres. Il subsista jusqu’au regne de Valentinian III. sous lequel n’étant ni habité, ni entretenu, il vint à tomber en ruine. Les seigneurs romains avoient leurs palais, ou plutôt leurs hôtels sous le nom de domus, qui ressembloient par leur grandeur à de petites villes, domos cognoveris, dit Saluste, in urbium modum ædificatas. Ces sont ces maisons que Séneque appelle, ædificia privata, laxitatem urbium magnarum vincentia. Le grand-seigneur de Rome s’estimoit être logé à l’étroit, si sa maison n’occupoit autant de place que les terres labourables de Cincinnatus. Pline dit plus, lorsqu’il assûre que quelques-uns y avoient des vergers, des étangs, des viviers & des caves si vastes, qu’elles passoient en étendue les terres de ces premiers citoyens de Rome que l’on tiroit de la charrue à la dictature. Ces palais contenoient divers édifices, qui formoient autant d’appartemens d’été & d’hiver, ornés chacun de galeries, salles, chambres, cabinets, bains, tous enrichis de peintures, dorures, statues, bronzes, marbres, & de pavés superbes de marqueterie & de mosaïque. (D. J.)

Palais galienne, (Antiq.) nom d’un reste d’amphithéâtre que l’on voit près de Bordeaux à la distance d’environ quatre cens pas. Il est le moins bien conservé de tous ceux qui sont en France, si l’on en excepte celui de Lyon, & ce qui a été détruit, faisoit près de trois quarts de l’édifice : ce qui reste, peut cependant faire juger de son ancienne beauté. Il étoit bâti de petites pierres fort dures toutes taillées, de trois pouces de haut & autant de large sur le parement de la muraille, & rentrant en-dedans d’environ cinq à six pouces. Ce parement étoit entrecoupé d’un rang de trois grosses briques qui regnoit tout à l’entour de chaque côté. Les arceaux des portes étoient aussi entrecoupés de brique, ce qui, pour la couleur, contrastoit agréablement avec la pierre ordinaire, & présentoit un coup-d’œil symmétrique & varié. Ces matériaux étoient si fortement unis ensemble par leur assemblage & par une certaine espece de ciment, que depuis près de douze siecles il ne s’est détaché aucune pierre de tout ce qui reste d’entier. La solidité, dont on juge que cet édifice devoit être, fait croire que nous l’aurions encore dans son premier état, si l’on n’eût travaillé tout exprès à le détruire. Sa forme étoit elliptique ou ovale. Il y avoit six enceintes, en y comprenant l’arene, c’est-à-dire le lieu où se faisoient les combats d’hommes ou d’animaux. On a trouvé que sa longueur devoit être de 226 piés, & sa largeur de 166.

Comme on n’a découvert aucune inscription qui puisse fixer l’époque de l’érection de ce monument, on ne peut assûrer rien de positif à ce sujet. Le nom de palais galienne qui lui est resté pourroit donner lieu de croire qu’il fut élevé sous le regne de cet empereur.

Une fable, conservée par Rodéric de Tolede, attribue la construction de ce prétendu palais à Charlemagne, qui le destina, dit-il, à Galienne son épouse, fille de Galastre, roi de Tolede : mais l’ignorance seule des derniers siecles a pu accréditer ce conte. La forme du monument ne laisse aucun lieu de douter que ce ne soit un amphithéâtre. Outre cela de vieux titres latins de l’église de S. Severin qui en est voisine, & qui ont plus de 500 ans d’antiquité, lui donnent le nom d’arènes, que la tradition lui avoit sans doute conservé. Voyez le recueil de littérat. tome XII. in-4°. (D. J.)

Palais, comte du, (Hist. de France.) charge éminente sous la seconde race des rois de France : sous la premiere race, le comte du Palais étoit fort inférieur au maire, quoiqu’il fût cependant le juge de tous les officiers de la maison du roi, & qu’il confondît dans sa personne tous les autres offices que l’on a vû depuis, tels que le bouteiller, le chambrier, &c. Cette charge s’éleva sous la deuxieme race, tandis que celle de maire fut anéantie ; & sous les rois de la troisieme, celle de sénéchal anéantit celle de comte du palais, dont l’idée nous est restée dans le grand-prevôt de l’hôtel. Le connétable, qui ne marchoit qu’après le comte du palais sous la deuxieme race, devint le premier homme de l’état sous la troisieme, & la charge de sénéchal finit en 1191. P. Hainault. (D. J.)

Palais, (Jurisprud.) est une maison dans laquelle un roi ou autre prince souverain fait sa demeure ordinaire.

Le palais qui est à Paris dans la cité & dans lequel le parlement & plusieurs autres cours & tribunaux tiennent leurs séances est ainsi appellé, parce que c’étoit la demeure de plusieurs de nos rois jusqu’au tems de Louis Hutin, qui l’abandonna entierement pour y faire rendre la justice.

A l’imitation de ce palais de Paris, on a aussi dans plusieurs grandes villes donné le titre de palais à l’édifice dans lequel se rend la principale justice royale, parce que ces sortes d’édifices où l’on rend la justice au nom du roi sont censés sa demeure.

Les maisons des cardinaux sont aussi qualifiées de palais, témoin le palais cardinal à Paris, appellé vulgairement le palais royal.

Les maisons des archevêques & évêques n’étoient autrefois qualifiées que d’hôtel, aussi-bien que la demeure du roi, présentement on dit palais archiépiscopal, palais épiscopal.

Du reste aucune personne quelque qualifiée qu’elle soit, ne peut faire mettre sur la porte de sa maison le titre de palais, mais seulement celui d’hôtel. (A)

Palais, terme de Pêche, usité dans le ressort de l’amirauté de Marennes. La description en est faite à l’article Salicots.

Palais, Saint, (Géog. mod.) petite ville de France dans la basse Navarre, au diocese de Bayonne, sur la Bidouse, à 5 lieues de S. Jean Pié-de-Port, à qui elle dispute l’honneur d’être la capitale de la Navarre. Long. 16. 35. latit. 43. 20.