L’Encyclopédie/1re édition/PARAPHIMOSIS

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Paraphimosis, s. m. en Chirurgie, est une maladie du penis, dans laquelle le prépuce est renversé & gonflé au-dessous du gland, ensorte qu’il n’est plus en état de le couvrir. Voyez Prépuce & Gland.

Ce mot est grec, composé du παρὰ, multùm, beaucoup, & de φιμόω, obligo, constringo, je serre, j’étrécis, parce que le paraphimosis serre la verge comme un lien.

Cette incommodité est souvent un symptome de maladie vénérienne. Elle peut arriver accidentellement, lorsque le prépuce est naturellement étroit, & qu’on l’a fait remonter avec violence par-dessus la couronne du gland, dont la largeur empêche le prépuce de descendre & de recouvrir l’extrémité de la verge : cela arrive souvent à des enfans dont le gland n’a point encore été découvert, & qui, par fantaisie & par curiosité, font remonter le prépuce par force : cela arrive aussi aux nouveaux mariés, qui font des efforts pour dépuceler de jeunes filles qu’ils auront épousées. Dionis dit qu’il a réduit un paraphimosis à un jeune homme à qui cela arriva le jour de son mariage, & qui accusoit sa femme de lui avoir donné du mal vénérien. L’auteur consola beaucoup ce jeune homme, en lui disant tout ce qui étoit capable de lui faire supporter avec satisfaction la douleur que sa femme lui auroit épargnée, si elle eût été moins sage.

La réduction de prépuce s’obtient différemment, suivant les circonstances. S’il n’y a pas long-tems que le prépuce étrangle le gland, & que l’inflammation de cette partie ne soit pas considérable, la réduction se fait aisément : on jette d’abord de l’eau froide sur la verge & sur les bourses, ou l’on fait tremper ces parties dans un vaisseau qui en contienne. La fraîcheur de l’eau répercute le sang & les esprits, voyez Répercussifs, & la verge se dégonflant ; par ce moyen le malade peut réduire lui-même son prépuce. Si l’inflammation avoit été portée à un certain point, la verge ne se flétriroit point assez pour que le malade pût parvenir à se recouvrir le gland ; il a alors besoin de la main du chirurgien, qui peut réussir par la méthode suivante. Il prend la verge entre les deux doigts indices & du milieu des deux mains, dont les dos regardent le ventre du malade, & il amene le prépuce sur le gland qu’on comprime latéralement avec les deux pouces pour l’alonger. Dionis dit que les deux pouces doivent repousser le gland pour le faire rentrer dans sa bourse ; mais on sent que par cette maniere on rendroit la base du gland plus large, & l’on s’opposeroit à la réduction du prépuce.

Si l’inflammation est grande, il faudra faire des scarifications à la membrane interne du prépuce pour détruire l’étranglement : cette membrane forme des bourrelets séparés par des brides, qui sont des especes de ligatures circulaires ; ce sont ces brides qu’il faut principalement couper ; on passe à cet effet sous chacune d’elles une sonde cannelée très-déliée ; elle sert à conduire la pointe d’un bistouri courbe. Lorsqu’on a détruit toutes les brides, on peut faire des scarifications avec la lancette ou le bistouri sur le bourrelet pour le fendre transversalement, c’est-à-dire suivant la longueur de la verge ; ces incisions donnent issue à une lymphe gangréneuse infiltrée dans le tissu cellulaire qui joint la peau du prépuce à la membrane interne : il n’est pas nécessaire de réduire le prépuce après l’opération ; j’en ai même vû des inconvéniens par la réunion qui se fait au prépuce, & qui a mis des malades dans le cas de l’opération du phymosis bien plus douloureux. Voyez Phymosis. Après l’opération, on peut se contenter d’envelopper la verge avec des compresses trempées dans de l’eau-de-vie camphrée tempérée par un peu d’eau ; on ne risque rien de l’hémorrhagie, il est à propos de laisser dégorger un peu les vaisseaux qui ont été coupés par les incisions ; le sang s’arrête de lui-même au bout d’une demi-heure, ou d’une heure au plus. Vingt-quatre heures après l’opération, on peut lever l’appareil & réduire le prépuce ; si le gland n’a aucune maladie qui exige qu’il soit découvert, comme chancres, poireaux, &c. on termine la cure par des injections détersives, & ensuite par des dessicatives.

Dans le cas de chancres, l’inflammation ne se dissipe pas si facilement, on doit appliquer des cataplasmes anodins sur la partie, & panser avec le même appareil que nous avons décrit pour le panaris, à l’exception de la croix de Malte, qui doit être percée vis-à-vis de l’orifice de l’urethre. Voyez Panaris. Il faut mettre ensuite la verge en une situation qui favorise le retour du sang : pour cet effet, il ne faut pas la laisser pendante, mais la coucher sur le ventre, & l’assujettir par une petite bandelette à une ceinture de linge qu’on aura mise autour du corps. (Y)