L’Encyclopédie/1re édition/PARME, le Duché de

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PARME, le Duché de, (Géog. mod.) province d’Italie, bornée nord par le Pô, qui la sépare du Crémonese, nord-est par le Mantouan, est & sud-est par le duché de Modene, sud par la Toscane, ouest par le duché de Plaisance ; c’est un pays délicieux & fertile, dont jouit la maison d’Espagne. Parme en est la capitale. (D. J.)

Parme, (Géog. anc. & mod.) ville d’Italie, capitale du duché de même nom, avec une citadelle, un évêché suffragant de Bologne, & une université. Elle est sur la riviere de Parme, à 12 lieues S. E. de Crémone, 14 S. O. de Mantoue, 26 N. O. de Modene, 12 S. E. de Milan. Long. suivant Des Places & de la Hire, 28, 19. lat. 44d. 44′ 50″.

Cette ville est très-ancienne, & a eu l’avantage de conserver toujours le même nom sans aucun changement. Les Romains, avant & après Auguste, & les Italiens d’aujourd’hui, la nomment Parma. Elle est située dans une plaine, sur l’ancien chemin romain nommé voie flaminienne. Elle fut faite colonie romaine, en même tems que Modene, l’an 579 de Rome, & la 184 avant J. C. sous le consulat de M. Claudius Marcellus, & de Quintus Fabius Labeo. Cette ville souffrit beaucoup durant le triumvirat, par les infames cruautés des gens du parti d’Antoine. Ciceron parle d’eux avec horreur après avoir peint les Parmesans comme les plus honnêtes gens du monde. Auguste étant monté sur le trône, envoya de nouveaux colons à Parme, qui en prit par reconnoissance, le surnom de Julia Augusta Colonia.

Il paroît que dans la suite des tems, Parme éprouva les mêmes révolutions que Plaisance, après la destruction de l’empire d’Occident. Les Lombards s’en emparerent d’abord, ensuite les Visconti de Milan, le marquis d’Este, les Sforce, Louis XII. le saint Siege, les Farneses, & l’infant dom Carlos.

Cassius, qui conspira contre César, étoit de Parme. Après la journée de Philippes, il suivit le parti de Pompée, ensuite celui d’Antoine, & après la bataille d’Actium il se retira à Athenes, où Varus le fit tuer, l’an 723 de Rome, par ordre d’Octavien. Horace appelle Cassius toscan, etrusci Cassi, parce que la ville de Parme étoit anciennement de la Toscane, comme l’ont remarqué Cluvier, Lambin, Cruquius & M. Masson.

Je me rappelle que parmi les modernes, Vic (Enée), antiquaire du xvj. siecle, étoit natif de Parme. Nous avons de lui les médailles des empereurs & des impératrices, depuis Nerva & Plautine, jusqu’à Lucius Verus & Salonine ; elles sont gravées avec propreté, mais par malheur il y en a plusieurs de fausses.

Les citoyens de Parme prétendent que Macrobe (Aurelius Macrobius), qui vivoit sur la fin du iv. siecle, étoit de leur ville ; mais il avoue lui-même qu’il n’étoit pas né dans un pays où l’on parlât latin. Nous savons du-moins qu’il fut un des grands maîtres de la garde-robe de Théodose, comme il est aisé de le voir par un rescrit adressé à Florent, sur le rang de ceux qui possédoient cet office. Ses saturnales sont un agréable mêlange de critique & d’antiquité, mais le style est d’un siecle où la pureté de la langue latine étoit perdue. Quoiqu’il ait copié Plutarque & Aulu-Gelle en beaucoup de choses, il ajoute aussi du sien quelques singularités qui justifient son érudition. On a encore de lui des commentaires sur le traité de Ciceron, intitulé le songe de Scipion, qu’il a traduit en grec, & que Pontanus & Meursius ont enrichi de leurs notes. (D. J.)