L’Encyclopédie/1re édition/PERTUIS

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PERTUIS, s. m. (Archit. Hydraul.) c’est un passage étroit, pratiqué dans une riviere aux endroits où elle est basse pour en augmenter l’eau de quelques piés, afin de faciliter ainsi la navigation des bateaux qui montent & qui descendent. Cela se fait en laissant entre deux bâtardeaux une ouverture qu’on ferme avec des ailes, comme sur la riviere d’Yone, ou avec des planches en-travers, comme sur la riviere de Loing, ou enfin avec des portes à vannes, ainsi qu’au pertuis de Nogent-sur-Seme. Voyez Ecluse.

Pertuis de bassin ; c’est un trou par où se perd l’eau d’un bassin de fontaine ou d’un réservoir, lorsque le plomb, le ciment ou le corroi est fendu en quelque endroit. Si l’on veut connoître la dépense d’un pertuis, soit quarré, circulaire, rectangulaire, &c. vertical ou horisontal, il faut lire les sections 9. & 10. de l’Arehit. hydraul. de M. Belidor, tom. I. de la premiere partie. (D. J.)

Pertuis, terme géographique ; ce mot est employé en Géographie, sur-tout sur les côtes de Poitou, pour désigner un détroit de mer, comme il paroît par les exemples suivans.

Pertuis-d’Antioche, détroit de l’Océan, dans la mer de France, entre l’île de Ré au nord, & l’île d’Oléron au midi.

Pertuis-Breton, détroit de l’Océan, dans la mer de France, entre la côte du Poitou & de l’Aunis au nord & l’ile de Ré au midi.

Pertuis de Maumusson, détroit de l’Océan, dans la mer de France, entre l’île d’Oléron au nord, & la côte de Saintonge au midi & à l’occident.

Mais le pertuis-Rostain ou pertuis-Rostang, est une roche percée au-dessus de laquelle, on voit à l’entrée une dédicace faite à Auguste en ces termes : Divo Cæsari Augusto dedicata, satutate eam. (D. J.)

Pertuis, (Géog. mod.) petite ville de France, en Provence, dans la Viguerie d’Aix, à 4 lieues N. E. d’Aix, 11 N. de Marseille, 162 S. E. de Paris. Long. 23. 15. lat. 43. 44.

Pertuis, s. m. (Serrur.) sorte de garde qu’on met aux planches des serrures. Il a différens noms selon sa figure. On en use le plus communément aux serrures benardes & antiques. Il ne faut pas le confondre avec le rouet qu’on pose sur le palatre, la couverture ou le foncet.

Il y a le pertuis à jambe, & le pertuis volant.

Le pertuis à jambe se pose sur la planche à l’endroit où passe la tige de la clé. Pour l’arrêter à la planche, on fait un trou à la planche à l’endroit où doit passer la tige de la clé, & on épargne par-derriere un petit rivet.

Le pertuis volant se place à quelqu’endroit de la planche qu’on le veut. Après que la planche a tourné dans la clé, on marque ce pertuis des deux côtés de la planche avec une pointe à tracer, comme si c’étoit un rouet. On en prend la longueur avec un compas. On a une piece de fer qu’on fend juste par le milieu jusqu’à deux lignes de ses extrémités, on épargne de chaque côté un pié qu’on rive à la planche. On dresse ensuite cette piece, on la fait entrer dans la planche sur le trait, & on rive. Cela fait, on fait tourner la clé, & on lime le pertuis par le bout.

Il y a des pertuis en cœur, en rond, en trefle, de quarrés, de coudés, en ovale, en croix de S. André, en étoiles, de renversés, de hastés, de deux pleines croix, en M, en brin de sauge, &c.

Pertuis, s. m. terme de Tireur d’or ; ancien mot qui signifie un trou, & qui n’est plus guere d’usage en ce sens, que parmi les Tireurs d’or, ou autres ouvriers, qui réduisent les métaux en fil ; il signifie dans leur langage, les ouvertures ou trous de filieres, à-travers desquels ils font passer successivement ces métaux. Chaque pertuis a son embouchure & son œil : l’embouchure est le côté par où entre le fil, & l’œil est le côté par où il sort ; on passe le lingot par plus de sept vingt pertuis, avant de le porter jusqu’au superfin.