L’Encyclopédie/1re édition/PHYTOLITES

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PHYTOLITES, (Hist. nat. Min.) nom générique donné par les Naturalistes à toutes les pierres qui ont la figure, ou qui portent l’empreinte de quelque corps du regne végétal. Les auteurs ont donné des noms différens aux pierres, suivant les parties des végétaux qui étoient pétrifiés, ou dont elles portoient les empreintes ; c’est ainsi que l’on a nommé carpolites les empreintes des fruits, ou les fruits pétrifiés ; lythoxyla, les bois pétrifiés ; risolithes, les racines pétrifiées ; les pierres chargées d’empreintes de végétaux ont été nommées typolites ou phytotypolites ; enfin les pierres sur lesquelles on voyoit des empreintes de feuilles ont été nommées lithobiblia. Voyez ces différens articles & voyez Pétrification. (—)

C’est ordinairement dans des pierres feuilletées, telles que les schistes & les ardoises, que l’on rencontre des empreintes des végétaux, on les trouve très fréquemment dans les couches de ces sortes de pierres qui accompagnent les mines de charbon de terre. Le phénomene qui a le plus embarrassé les Physiciens sur ces sortes d’empreintes, c’est que lorsqu’on les considére avec attention, on trouve qu’elles ont été faites par des végétaux entierement différens de ceux qui croissent actuellement dans les pays où on les rencontre ; c’est ainsi que M. Jussieu, en examinant les empreintes qui se trouvent sur la pierre qui accompagne les mines de S. Chaumont en Lyonnois, crut botaniser dans un nouveau monde en voyant des empreintes de plantes dont les analogues ne croissent point en France, mais sont propres aux climats les plus chauds des Indes orientales & de l’Amérique ; la plûpart de ces empreintes sont des fougeres & des capillaires. Le célebre M. de Leibnitz avoit déjà été très-surpris de trouver des empreintes de plantes exotiques sur des ardoises d’Allemagne. Au reste, M. de Jussieu a remarqué que les feuilles empreintes dans les pierres de S. Chaumont étoient toujours étendues comme si elles eussent été collées à dessein, ce qui prouve, selon lui, qu’elles y ont été apportées par de l’eau. Un autre phenomene digne de remarque, c’est que les deux lames de ces pierres ont l’empreinte de la même face de ces feuilles, l’une en creux, l’autre en relief, Voyez les mém. de l’acad. royale des Sciences, année 1718.

M. de Jussieu cherche à expliquer ces phénomenes par le séjour de la mer sur quelques parties de notre globe, où ses eaux ont porté des plantes qu’elles avoient apportées d’autres pays éloignés ; mais il paroît que l’on ne peut guere expliquer ce phénomene étrange, qu’en supposant que les pays que nous habitons, ont produit anciennement des plantes très différentes de celles qu’ils nous offrent maintenant, & que les révolutions générales que notre globe a éprouvées depuis, ont changé notre climat & ses productions. Voyez l’article Fossiles & Terre, révolution de la. (—)