L’Encyclopédie/1re édition/PUTÉAL

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PUTÉAL, s. m. (Antiq. rom.) espece de puits couvert à Rome, sur lequel on avoit dressé un autel dans le lieu des comices, proche du tribunal où on rendoit la justice. C’étoit sur cet autel qu’on prêtoit le serment, en le touchant de la main. Cicéron, lib. I. Divinat. rapporte la formule des sermens, qui consistoit à attester Jupiter, & à le prier qu’il dépouillât de ses biens celui qui faisoit le serment, s’il juroit faux, comme il se dépouilloit d’une pierre qu’il tenoit à la main, & qu’il laissoit tomber : si ego te sciens fallo, ita me ejiciat Diespiter bonis, salvâ urbe & arce, ut ego hunc lapidem. « Si je vous trompe en le sachant, que Jupiter me dépouille de mes biens, comme je me défais de cette pierre ». Putéal vient du mot puteus, un puits.

Le putéal de Libon, puteal libonis, si célebre dans l’histoire romaine, étoit un rebord de puits avec un couvercle dans la place romaine, que Scribonius Libo avoit fait élever par ordre du sénat, sur un endroit où la foudre étoit tombée, suivant la coutume superstitieuse des Romains en pareilles occasions. Ce putéal étoit attenant le temple de Faustine, près des statues de Marsyas & de Janus ; il renfermoit dans son enceinte un autel, une chapelle, & tout-auprès étoit le tribunal d’un préteur, ou d’un centumvir, qui connoissoit des affaires concernant le commerce. Les banquiers se tenoient au-tour de ce puits couvert. On voit encore la figure de ce putéal dans quelques médailles, avec l’inscription putéal libon. (D. J.)