L’Encyclopédie/1re édition/RÉADING

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RÉADING, (Géog. mod.) ville d’Angleterre, capitale du Berckshire, au confluent de la Tamise & du Kennet, à 32 milles au couchant de Londres. Elle envoie deux députés au parlement, a droit de marché public, & est très-peuplée, contenant trois paroisses. On y fabrique beaucoup de draps, dont le débit contribue à son opulence, ainsi que celui des grains germés pour la biere. Long. 16. 45. latit. 51. 28.

Laud (Guillaume), naquit à Réading en 1573, & étoit fils d’un marchand drapier de cette ville. Il se distingua par ses talens, & devint successivement docteur d’Oxford, évêque de S. David, puis de Bath & de Wels, ensuite de Londres, enfin archevêque de Cantorbéry en 1633. Il fut accusé de haute trahison en 1640, & décapité en 1644, devant la tour de Londres, âgé de 71 ans passés.

C’étoit un homme savant, sincere, zélé, régulier dans ses mœurs, & humble dans sa vie privée ; mais chaud, indiscret, & soutenant avec trop de feu certaines choses peu importantes en elles-mêmes. Telles sont, par exemple, son ordonnance de mettre la table de la communion au côté oriental des églises ; les révérences qu’il voulut qu’on y fît ; le nom d’autel qu’il leur affecta ; la suppression des sermons du Dimanche au soir ; son dessein d’ôter aux églises walones leurs privileges ; les jeux du Dimanche, dont il se déclara le protecteur, & quelques autres bagatelles sur lesquelles s’exerçoit toute la ferveur de ce tems-là. Mais sa sévérité dans la chambre étoilée, & dans la cour de la haute-commission, sur-tout son injustice dans la poursuite violente de l’évêque Williams, étoient des taches si noires, qu’il n’y avoit presque que l’horrible injustice de sa mort qui pût l’en laver. Son supplice produisit si bien cet effet, qu’il l’érigea lui-même en modele, & donna à ses sentimens une sanction, qui les a fait passer pour la regle de distinction des amis ou des ennemis prétendus de l’église anglicane.

Attaqué avec fureur par ses ennemis, accablé de calomnies, il ne laissa échapper, même dans les lettres familieres qu’il écrivoit à Vossius, aucune expression injurieuse contre ses persécuteurs. Il est pleinement justifié de l’odieuse accusation que ses adversaires répandirent par-tout contre lui, d’avoir voulu introduire le papisme dans l’église anglicane. Non seulement son principal ouvrage est en faveur de cette église contre Fisher, mais de plus, il ne cessoit de presser Vossius d’entreprendre la réfutation des livres du cardinal Baronius.

On a recueilli en un corps tous les ouvrages de ce prélat anglois, dont le premier volume parut en 16-1, & le second en 1700, in-folio. M. Heylin a donné l’histoire de la vie de cet archevêque, & M. Wharton (Henri), a publié son apologie, à Londres en 1695, in-fol. Le lecteur peut aussi consulter les fastes d’Oxford, par Wood, tome I. coll. 147. (D. J.)