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L’Encyclopédie/1re édition/REMISE

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REMISE, s. f. (Gram.) signifie quelquefois simplement l’action de rendre, & remettre une chose dont on s’étoit chargé, à celui envers qui on s’en étoit chargé ; comme la remise des titres & pieces par un procureur ès mains de la partie pour laquelle il a occupé ; à laquelle remise il est contraignable par corps ; comme à la remise de celles qui lui ont été données en communication par le greffe.

Remise, s. f. (Jurisprud.) d’une dette, est lorsque le créancier voulant bien faire grace à son débiteur, le tient quitte en tout ou en partie, soit du principal, soit des intérêts & frais.

Remise en fait d’adjudication par decret & de baux judiciaires, est lorsqu’au lieu d’adjuger définitivement on remet à le faire à un autre jour. Voyez Adjudication, Bail judiciaire, Criées, Decret

Remise de la cause à un tel jour, c’est lorsque la cause est continuée ou renvoyée à un autre jour. (A)

Remise, en terme de Négoce, est le commerce d’argent de ville en ville ou de place en place, par le moyen de lettres-de-change, ordres ou autrement. Voyez Commerce, Négoce.

Remise est proprement une lettre-de-change ou billet à ordre qu’on envoie à un correspondant, pour en être par lui ou autre le montant perçu de celui sur qui la lettre est tirée.

Par exemple, il a été remis à un marchand, demeurant à Lyon, le montant de trois mille livres en billets de commerce par un marchand de Paris. Le marchand à qui la remise est faite ira chez un banquier de Lyon recevoir pareille somme en lettres-de-change ou en argent.

Au moyen de ces remises, on peut faire passer de grandes sommes d’une ville à l’autre sans courir les risques du transport des especes.

Il est aisé à Paris, & même à Londres, de faire des remises d’argent dans toutes les villes de l’Europe. Celles sur Copenhague ne sont pas aisées. Voyez Lettres de change.

Remise se dit aussi du payement d’une lettre-de-change. Ainsi l’on dit, j’ai reçu cent pistoles sur votre remise. M. N. banquier de cette ville vous payera deux cens écus sur ma remise.

Remise se dit aussi de la somme que l’on donne au banquier tant pour son salaire que pour la tare de l’argent, & la différente valeur dont il est dans l’endroit où vous payez, & dans celui où il remet.

La remise de l’argent est forte à Londres & en Italie. Cette remise s’appelle aussi change & rechange.

Remise se prend aussi pour l’excompte ou pour les intérêts illégitimes qu’exigent les usuriers. Je veux la moitié de remise sur ce billet, c’est-à-dire, je ne le prendrai qu’à moitié de perte.

Remise se dit encore de la perte volontaire qu’un créancier consent de faire d’une partie de ce qui lui est dû, pour être payé avant l’échéance des billets ou obligations qu’il a de son debiteur. Souvent cette remise est stipulée dans les actes, & alors n’est plus volontaire, la remise étant de droit en faisant les payemens aux termes convenus.

Remise est pareillement ce qu’on veut bien relacher de la dette par accommodement avec un marchand ou autre débiteur insolvable, ou qui a fait banqueroute. Les créanciers de ce négociant lui ont fait remise des trois quarts par le contrat qu’ils ont fait avec lui. Diction. de Comm. & de Trév.

Remise, s. s. (Archit.) c’est un renfoncement sous un corps de logis, ou un hangar, dans une cour, pour y placer un ou deux carrosses. Pour un carrosse, une remise doit avoir huit piés de large ; mais pour plusieurs carrosses, sept piés suffisent à chacun. Sa profondeur, lorsqu’on veut mettre le timon de carrosses à couvert, est de 20 piés ; & lorsqu’on releve le timon, on ne lui donne que 14 piés sur 9 de hauteur. Afin de ranger aisément les carrosses, on pratique dans les remises de barrieres ou coursieres. Au-dessus on fait des chambres pour les domestiques, qu’on dégage par des corridors.

Remise de galere. C’est dans un arsenal de marine un grand hangar séparé par des rangs de piliers qui en supportent la couverture, où l’on tient à flot séparément les galeres désarmées. Tel est, par exemple, l’arsenal de Venise. Dictionnaire d’Architecture. (D. J.)

Remises, s. m. pl. (Rubannerie.) ce sont des lisses de devant, qui, par les bouclettes, saisissent certains fils de la chaîne, & laissent tous les autres, selon l’arrangement que l’ouvrier a conformé aux points de son dessein. Savary. (D. J.)

Remise se dit, au jeu de quadrille, quand un joueur ne fait que cinq mains, soit qu’il joue le sans prendre, soit qu’il ait appellé : alors le jetton que fait chaque joueur, n’est gagné qu’au coup suivant.

Remises, on appelle ainsi des bouquets de taillis plantés dans les champs de distance en distance pour la conservation du gibier ; on dit aborder la remise, quand la perdrix poussée par l’oiseau gagne ces remises.