L’Encyclopédie/1re édition/SABELLI

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SABELLI, (Géog. anc.) diminutif de Sabini, & qui signifie, des petits Sabins, ou plutôt des descendans des Sabins. Horace, l. II. sat. j. v. 35. dit :

Nam Venusinus arat finem sub utrumque colonus,
Missus ad hoc pulsis, vetus est ut sama, Sabellis,
Quo ne per vacuum Romano incurreret hostis :
Sive quod Appula gens, seu quod Lucania bellum
Incuteret violenta.

« Si je voulois copier Lucile, je vous dirois dans son style, que je ne sais pas trop si je suis de la Lucanie, ou de la Pouille, parce que Vénuse, ma patrie, est sur la frontiere de ces deux provinces. J’ajouterois qu’il y a une vieille tradition que les Romains, après en avoir chassé les Samnites, y envoyerent une colonie, de peur que si le pays étoit dépourvû de garnisons, il ne prît envie aux Apuliens & aux Lucaniens, deux nations belliqueuses, de nous faire la guerre, & de passer au-travers pour entrer sur les terres de la république ».

Je suis ici la traduction du P. Sanadon, qui rend le Sabelli d’Horace par les Samnites & non par les Sabins. Plusieurs savans s’y sont trompés ; M. Dacier prétend aussi que ce sont les Samnites ; & Desprez, dans son Horace à l’usage du Dauphin, a ouvert le même sentiment.

Par ces Sabelli ou Samnites, il faut entendre ceux que l’on appelloit Hirpini, qui touchoient la Pouille au nord, & la Lucanie à l’est. Tous ces peuples descendoient originairement des Ausones, qui depuis prirent le nom d’Osques, & ensuite celui de Sabins ; ceux-ci formerent différentes peuplades, qui farent les Aurunces, les Fidicins, les Samnites, les Picentins, les Vestins, les Marrucins, les Pélignes, les Marses, les Eques, & les Herniques ; les Samnites produisirent les Trentaniens, les Lucaniens, les Campaniens, & les Hirpins ; enfin les Lucaniens donnerent naissance aux Bruttiens.

Il est bien vrai que les Samnites étant descendus des Sabins, on a dit quelquefois Sabelli pour Sabini, par une variation de dialecte ; mais ici il ne peut signifier que les Samnites, parce que ces derniers étant dans le voisinage de Vénuse, étoient aussi beaucoup plus à portée de s’en rendre les maîtres, que les Sabins, qui en étoient fort éloignés. (D. J.)