L’Encyclopédie/1re édition/SACERDOCE

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SACERDOCE, s. m. (Antiq. grec. & rom.) Toute religion suppose un sacerdoce, c’est-à-dire des ministres qui aient soin des choses de la religion. Le sacerdoce appartenoit anciennement aux chefs de famille, d’où il a passé aux chefs des peuples, aux souverains qui s’en sont déchargés en tout, ou en partie sur des ministres subalternes. Les Grecs & les Romains avoient une véritable hiérarchie, c’est-à-dire des souverains pontifes, des prêtres, & d’autres ministres subalternes. A Delphes il y avoit cinq princes des prêtres, & avec eux, des prophetes qui annonçoient les oracles. Le sacerdoce à Syracuse étoit d’une très grande considération, selon Cicéron, mais il ne duroit qu’un an. Il y avoit quelques villes grecques, comme Argos, où les femmes exerçoient le sacerdoce avec autorité.

C’étoit principalement à Rome que cette hiérarchie avoit lieu. Le sacerdoce fut d’abord exercé par 60 prêtres, élus deux de chaque curie ; dans la suite ce nombre fut augmenté. Au commencement c’étoient les seuls patrices qui exerçoient le sacerdoce, auquel étoient attachées de grandes prérogatives ; mais les plébéïens s’y firent admettre dans la suite, comme ils avoient fait dans les premieres charges de l’état. L’élection se fit d’abord par le college des prêtres : bientôt après le peuple s’attribua les élections, & les conserva jusqu’au tems des empereurs. Le sacerdoce avoit à Rome différens noms & différentes fonctions : le souverain pontife, le roi des sacrifices, les pontifes, les flamines, les augures, les aruspices, les saliens, les arvales, les luperces, les sybilles, les vestales.

Ajoutons que le sacerdoce étoit fort honoré à Rome, & jouissoit de grands privileges. Les prêtres pouvoient monter au capitole sur des chars, ils pouvoient entrer au sénat : on portoit devant eux une branche de laurier, & un flambeau pour leur faire honneur. On ne pouvoit les prendre pour la guerre, ni pour tout autre office onéreux ; mais ils fournissoient leur part des frais de la guerre. Ils pouvoient se marier, & leurs femmes, pour l’ordinaire, prenoient part au ministere. Quand il s’agissoit d’élire un prêtre, on examinoit sa vie, ses mœurs, & même ses qualités corporelles ; car il falloit qu’il fût exempt de ces défauts qui choquent, comme d’être borgne, boiteux, bossu, &c. Romulus avoit ordonné que les prêtres auroient au moins cinquante ans acccomplis. (D. J.)

Sacerdoce, (Critiq. sacrée.) prétrise, dignité sacerdotale. On peut distinguer dans l’Ecriture trois sortes de sacerdoces : 1°. celui des rois, des chefs de familles, des premiers nés à qui il appartenoit le droit d’offrir des sacrifices à Dieu, & qui pour cela étoient appellés prêtres, sacerdotes. 2°. Le sacerdoce d’Aaron & de sa famille, Ecclés. xlv. 8. 3°. Le sacerdoce de Jesus-Christ qui sera sans succession, Hébreux, vij. 24. Quant au sacerdoce chrétien, un pere de l’Église l’a fort bien défini, une oblation de prieres & d’instructions par lesquelles on gagne les ames que l’on offre à Dieu. (D. J.)