L’Encyclopédie/1re édition/SANDARAQUE

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SANDARAQUE, s. f. (Hist. des drog. exot.) on a donné ce nom à trois différentes substances, qu’il est important de distinguer avec M. Geoffroi. 1°. A une espece d’arsenic rouge, que les Grecs nomment σανδαράκη ; c’est pourquoi on l’appelle sandaraque des Grecs, pour la distinguer des autres especes : 2°. à la resine de genievrier, que les Arabes nomment sandarach ou sandarax, & que leurs interpretes ont appellés sandaraque des Arabes : 3°. à une substance qui tient le milieu entre le miel & la cire, que l’on trouve souvent à part dans les endroits vuides des ruches, & c’est la nourriture des abeilles lorsqu’elles travaillent ; on appelle cette troisieme sorte de sandaraque, sandaracha, erithace, & cœrithus, comme Pline le rapporte. Cette derniere espece n’est ni d’usage, ni connue dans les boutiques.

La sandaraque des Grecs est nommée par les Arabes, zarnich-alimer, ou réalgar, qui signifie poison ; en effet c’est notre orpiment, ou notre arsenic rouge, qui est un très-grand poison, sur lequel voyez Orpiment, ou Réalgar ; car c’est la même chose.

Il nous reste donc seulement à parler ici de la sandaraque des Arabes, qui est le vernis, la gomme, ou la résine des genevriers ; on l’appelle dans les boutiques, sandaracha, vernix, gummi juniperinum. Κόμμι ἀρχοειδὲς grec. Sandarax arab. C’est une substance résineuse, séche, inflammable, transparente, d’un jaune pâle ou citrin, en gouttes semblables au mastic, d’un goût résineux, d’une odeur pénétrante & suave quand on la brule ; elle ne se dissout pas dans l’eau, mais seulement dans l’huile, ou l’esprit de vin. On estime celle qui est brillante, transparente, jaunâtre ; on nous l’apporte des côtes d’Afrique par Marseille.

Cette résine découle d’elle-même dans les pays chauds, ou par les incisions que l’on fait à l’écorce du génévrier en arbre, & du cèdre baccifere à feuilles de cyprès. La sandaraque qui découle de ce cedre, a une odeur plus suave quand on la brule, & est par cette raison plus estimée ; mais on en trouve très-rarement dans les boutiques. La sandaraque du géniévrier est employée extérieurement pour la guérison des ulcères, & en fumigation pour les catharres ; elle sert à faire une poudre dont on frotte le papier pour l’empêcher de boire ; on l’emploie sur-tout pour en préparer un vernis liquide, en la faisant dissoudre dans l’huile de lin, de térébenthine, de spic, ou dans de l’esprit-de-vin. (D. J.)