L’Encyclopédie/1re édition/SAXIFRAGE

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SAXIFRAGE, saxifraga, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposés en rond. Le calice de cette fleur est profondement découpé ; le pistil sort du calice ; il a ordinairement deux cornes, & il devient dans la suite, avec le calice, un fruit arrondi, qui a comme le pistil deux cornes & deux capsules ; ce fruit renferme des semences ordinairement fort menues. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Saxifrage dorée, chrysoplenium ; genre de plante à fleur monopétale, découpée en rayons ; cette fleur n’a point de calice ; le pistil sort du centre & devient dans la suite une capsule membraneuse & divisée en deux cornes ; cette capsule s’ouvre en deux parties, & renferme des semences ordinairement assez menues. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Saxifrage, (Mat. méd.) on connoit sous ce nom, dans les boutiques, outre la grande saxifrage, grande pimprenelle-saxifrage ou boucage, & la petite pimprenelle-saxifrage ou petite boucage, dont il est parlé à l’article Boucage, voyez cet article. Plusieurs autres plantes, savoir la saxifrage blanche, saxifragia rotundifolia alba ; la saxifrage des Anglois, ou des prés, & la saxifrage ordinaire, ou la cassepierre. Lignis minor saxifraga. Pluk. & inst. rei herb.

Ce ne sont que les racines de ces trois plantes qui sont d’usage ; on les a regardées comme propres à briser la pierre dans la vessie ; & c’est de cette prétendue proprieté qu’elles ont vraissemblablement tiré leur nom ; leur vertu diurétique, & leur vertu emmenagogue sont plus réelles ; on les fait entrer quelquefois à ce titre dans les bouillons & les aposèmes apéritifs & diurétiques, & dans ceux qu’on fait avaler quelquefois par dessus des bols, ou des poudres emménagogues ; ces racines peuvent se donner aussi en infusion ou en substance dans du vin blanc. En général, ces remedes ne sont pas fort usités.

La semence de la saxifrage ordinaire, ou de la casse-pierre, entre dans la bénédicte laxative de la pharmacopée de Paris. (b)

Les riverains pêcheurs du ressort de l’amirauté de Fécamp, cueillent cette herbe, qui croit en abondance sur les falaises dont leurs côtes sont bordées ; ils font de cette herbe, qu’on estime des meilleures, des salaisons qui se transportent dans les grandes villes ; mais comme les falaises sont extrèmement hautes, ils y descendent au moyen d’une corde établie au haut de la falaise, & tenue par des hommes qui la conduisent à la voix de celui qui cueille la perce-pierre ; ces cordes qui sont grosses comme un petit cablot, ne sont ni tannées ni gauderonnées, pour être plus souples & plus maniables ; elles sont formées de cœur de chanvre, pour la sureté des personnes qui s’exposent à ce travail, qui n’est pas sans danger.