L’Encyclopédie/1re édition/SERINETTE

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SERINETTE, s. f. (Lutherie.) petit orgue de Barbarie, aujourd’hui en usage pour apprendre aux serins à chanter plusieurs airs ; elle sonne l’unisson du larigot de l’orgue. Voyez Orgue, Larigot & Flageolet.

L’orgue de Barbarie, & par conséquent la serinette qui n’en differe qu’en grandeur, est composée de deux soufflets, ou d’un soufflet double, d’un sommier ou laye, où le vent des soufflets est conduit par un tuyau ou porte-vent d’un clavier à pillottes, c’est-à-dire, qui fait ouvrir les soupapes en foulant, & d’un cilyndre noté qui fait agir les touches. Le mouvement est communiqué à cette machine par le moyen d’une manivelle qui fait tourner une visse sans fin BD. La tige de cette visse a une cheville excentrique C, laquelle répond vis-à-vis des soufflets, & communique avec l’inférieur par le moyen d’une bride de fer Cm, qui entoure par son extrémité supérieure la cheville C, & qui est attachée par son extrémité inférieure M : au moyen d’une cheville à la queue, entaillée en fourchette qui est à la table inférieure du soufflet de dessous M, lorsque l’on tourne la manivelle, à cause de l’excentricité de la cheville C, à laquelle la bride qui communique au soufflet inférieur est attachée ; cette bride CM hausse & baisse à chaque tour de manivelle : ce qui fait de même hausser & baisser la table inférieure du soufflet, qui aspire & chasse par ce moyen l’air extérieur dans la laye, d’où il passe aux tuyaux, lorsque les pilotes des touches ouvrent les soupapes. L’extrémité D de la tige BD qui est tournée en visse sans fin engrene dans une roue dentée d, qui est appliquée à une des extrémités du cilyndre qui tourne sur lui-même de la quantité d’une dent à chaque tour de la manivelle AB ; ensorte qu’il y a autant de coups de soufflets que de dents à la roue D, qui peut en avoir cent.

Cet instrument a ordinairement une 8e. d’étendue ; ainsi il doit avoir 13 tuyaux & 13 touches à son clavier qui est composé d’une barre de bois DE, à laquelle les touches sont attachés par-dessous, au moyen d’un double crochet de fer fait en forme d’U, lequel est passé dans un trou de la touche, & dont les pointes entrent dans la barre, ensorte que les touches qui sont attachées par leur milieu puissent se mouvoir librement. A l’extrémité des touches qui regardent les tuyaux, est un pilote ab attaché à la touche par un petit morceau de peau de mouton qui est lié autour du pilote & collé sur la touche. A la partie inférieure b du pilote est une pointe de fil de fer qui traverse le sommier, & porte sur la soupape qu’elle ouvre en poussant de haut-en-bas. Voyez Soupape, Sommier de positif, auquel celui-ci ressemble, avec cette seule différence que la laye, voyez Laye, est ici en dessous ; au lieu qu’au sommier du positif elle est en-dessus ; du reste les soupapes, leurs ressorts & les pilotes sont disposées de même. L’extrémité antérieure des touches a des pointes cccc qui portent sur les notes des cilyndres ; ensorte que lorsque l’on tourne le cilyndre, & que les notes dont il est entouré, se présentent aux pointes des touches, elles font lever ces dernieres, & par conséquent baisser la pilote qui est attachée à l’autre extrémité de la touche, laquelle ouvre la soupape qui laisse passer le vent aux tuyaux. Voyez la description du cylindre noté à l’article Carillon.

Le soufflet double Mm est comprimé en en-bas, afin de chasser l’air qu’il contient dans la laye, lorsque le soufflet inférieur aspire par les deux ressorts de fil de fer élastiques SS. Ce soufflet a aussi une soupape T qui s’ouvre de dedans en-dehors : cette soupape est tenue fermée par le ressort de fil de fer V, & elle ne s’ouvre que lorsque l’air contenu dans les soufflets est condensé jusqu’à un certain point, passé lequel, si elle ne s’ouvroit pas, le soufflet seroit en danger de crever : ce qui ne manqueroit pas d’arriver, lorsque l’on tourne rapidement la manivelle ; mais au moyen de cette soupape, cet accident n’est point à craindre.

Au reste il ne faut nulle science pour jouer de cet instrument ; la seule attention qu’il faut avoir est de tourner la manivelle d’un mouvement égal & proportionné à celui des airs qui sont notés sur le cylindre, lesquels s’exécutent aussi facilement à 2, 3, 4 ou 5 parties qu’à une seule. Voyez Carillon & la figure de la serinette, Pl. de Lutherie.