L’Encyclopédie/1re édition/SSIO

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SSIBU-KAKI  ►

SSIO, s. m. (Hist. nat. Botan.) arbre du Japon, qui est une espece de laurier qui donne du camphre, sur-tout par ses racines. Il est de l’épaisseur & de la hauteur de nos tilleuls. On en tire le camphre dans la province de Saxuma, & dans les îles de Gotto, où il croît uniquement, par la décoction des racines & du bois coupés en petits morceaux ; mais quoiqu’on le sublime ensuite, il est plus de quatre-vingt fois meilleur marché que celui de Borneo, qui se tire des arbres par de simples incisions entre l’écorce & le bois. L’arbre japonnois a peu de branches ; son écorce est dure & d’un gris obscur, mais celle des jeunes branches est gluante & s’enleve aisément. La moëlle en est dure & ligneuse ; le bois est naturellement blanc ; mais en se séchant, il prend une petite teinture de rouge. Quoique peu compacte, il a des fibres assez dures qui le rendent propre à faire des ouvrages de menuiserie, comme cabinets, boîtes, &c. mais à mesure que sa résine s’évapore, il devient raboteux. Les plus beaux cabinets du Japon sont faits de la racine de cet arbre, & de celle du fatz-no-ki. Les veines & les nuances de l’une & de l’autre ont beaucoup d’agrément.

Les feuilles du camphier japonois tiennent à des pédicules assez longs, qui rougissent un peu après avoir été verds d’abord. Elles sont toujours seules, sans ordre, membraneuses, de forme tirant sur l’ovale, pointues à l’extrémité, ondées sur les bords, sans être dentelées, avec beaucoup de fibres d’une couleur plus pâle. Le dessus est d’un verd foncé, mais luisant ; le dessous a la couleur de l’herbe & la douceur de la soie. Le nerf qui est prominant des deux côtés, est d’un verd blanchâtre, & jette ses rameaux en arc le long de la feuille. De ces rameaux, il en sort d’autres plus déliés. L’extrémité des fibres forme assez souvent de petits poreaux qui sont particuliers à cet arbre. Lorsqu’il est dans toute sa grandeur, il commence à pousser de petites fleurs, aux mois de Mai & de Juin. Elles naissent aux extrémités des petites branches sous les pédicules des feuilles ; & leurs propres pédicules sont d’un tiers plus courts que ceux des feuilles, forts, menus, divisés en petites branches, dont chacune porte une fleur blanche hexapétale avec neuf étamines ; trois au milieu, & les six autres disposées en rond autour des premieres. A mesure que le calice augmente, la graine mûrit ; & dans sa maturité, elle est de la grosseur d’un poids, luisante, & d’un pourpre foncé. Sa figure est ronde, alongée comme une poire, avec une petite enveloppe de couleur tirant sur le pourpre, d’un goût de camphre giroflé. Elle renferme un noyau, de la grosseur d’un grain de poivre, dont l’écorce est d’un noir luisant, & qui se sépare en deux ; il est de nature huileuse, & d’un goût fade. Voyez Kempfer, histoire du Japon.