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L’Encyclopédie/1re édition/SUPPURATION

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SUPPURATION, s. f. terme de Chirurgie & de Médecine, action de la nature qui convertit des humeurs en pus. Voyez Pus. Lorsque la matiere purulente coule par une solution de continuité, l’action qui forme ce pus se nomme plus particulierement digestion. La suppuration proprement dite, est la formation du pus dans une partie enflammée, qui fait de la tumeur inflammatoire un abscès. La production du pus dans les inflammations est un effet immédiat de l’action des arteres sur les humeurs mêmes qu’elles contiennent, & sur les graisses renfermées dans le tissu cellulaire enflamme. Car on remarque que ce ne sont ni les muscles, ni les tendons, ni les nerfs, ni les vaisseaux principaux qui suppurent, c’est toujours la membrane adipeuse qui est le siege de la matiere suppurée ; les autres parties solides peuvent se pourrir, mais elles ne suppurent pas. Voyez Inflammation & Phlegmon.

L’attention du chirurgien dans le traitement d’une inflammation, consiste à s’opposer à la suppuration, s’il convient & s’il est possible de l’empêcher ; & à la procurer ou à la favoriser, quand elle est avantageuse ou inévitable. La résolution est souvent la terminaison la plus convenable. Voyez Résolution & Résolutif. Mais quand il est nécessaire qu’une tumeur suppure, on ne peut compter que sur l’inflammation pour obtenir une suppuration louable ; mais cette suppuration qui forme un abscès, n’est pas une terminaison naturelle de l’inflammation, puisqu’elle suppose en outre dans le tissu adipeux une solution de continuité accidentelle, dans laquelle l’humeur purulente s’extravase : les indications principales pour conduire une inflammation à suppuration, doivent donc être de procurer cette solution de continuité dans l’intérieur de la partie malade, & de faciliter la collection du pus. M. Quesnay, qui a traité à fond cette matiere intéressante dans un traité particulier, dont nous avons recommandé la lecture au mot Suppuratif, reconnoît quatre causes principales de la formation de l’abscès, ou de la dilacération du tissu cellulaire ; 1°. l’inflammation portée à un point qui ferme les routes des cellules graisseuses entr’elles, & avec les veines qui resorbent les sucs qui s’épanchent naturellement dans ces cellules ; 2°. l’action violente des vaisseaux, qui produit une humeur âcre & putrescente ; 3°. la surabondance de l’humeur engorgée, qui rompt les parois qui la retiennent ; 4°. les médicamens qui favorisent ces différentes causes.

On voit, par cet exposé, que pour produire du pus il y a quelquefois l’indication de calmer une inflammation excessive, qui suffoque les vaisseaux, & feroit tomber la partie en mortification ; qu’il faut dans d’autres cas ranimer une inflammation foible & languissante ; qu’ainsi il y a des suppuratifs émolliens & des suppuratifs stimulans.

La suppuration a un second état, qui est son accroissement : l’abscès est déja commencé, il faut en procurer la maturation. Les remedes suppuratifs sont alors maturatifs ; mais le pus déja formé coopere plus que tout à la destruction du tissu cellulaire, & à l’ampliation du foyer de l’abcès : tous les sucs engorgés s’y déposent ; les accidens de la fievre qui accompagnoient l’inflammation commencent à cesser ; les pulsations locales qui étoient les agens de la formation du pus diminuent ; & lorsque l’abscès est fait, ce dont on s’apperçoit par la mollesse de la tumeur & par la fluctuation des liqueurs épanchées, il leur faut procurer une issue. Voyez Absces, Incision. (Y)