L’Encyclopédie/1re édition/TORRENT

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TORRENT, s. m. eau qui coule avec une grande violence, & dont le débordement fait quelquefois de grands ravages. Voyez Inondation, Débordement.

Torrent, (Critique sacrée.) le mot hébreu qui signifie torrent, se prend aussi pour vallée ; l’Ecriture les met souvent l’un pour l’autre ; & attribue au premier mot, ce qui ne convient qu’au dernier ; par exemple, Genes. xxvj. 17. venit ad torrentem Geraræ : il faut traduire, il vint à la vallée de Gérare.

L’Ecriture donne encore quelquefois le nom de torrent, à de grands fleuves, comme au Nil, à l’Euphrate, &c. Enfin, comme il y avoit plusieurs torrens qui couloient dans la Palestine, & que les uns y faisoient beaucoup de bien, & d’autres beaucoup de mal, ce mot a donné lieu à ces façons de parler métaphoriques, un torrent de délices, Ps. xxxv. 9. un torrent de soufre, Is. xxx. 33. Mais torrent se prend d’ordinaire en un sens défavorable ; & c’est pour cela qu’il signifie l’affliction, la persécution, la terreur : « les détresses de la mort m’ont environné ; les torrens de Bélial m’ont épouvanté ». II. Rois, xxij. 5. (D. J.)

Torrent, (Géog. mod.) en latin torrens, en grec cheimarros, en hébreu nachal. On distingue le torrent du fleuve, en ce que le fleuve coule toujours, & que le torrent ne coule que de tems-en-tems ; par exemple, après les grandes pluies, ou la fonte des neiges.

Comme le terme hébreu nachal, signifie une vallée, aussi-bien qu’un torrent, souvent dans l’Ecriture, on met l’un pour l’autre ; par exemple, le torrent de Gérare, pour la vallée de Gérare L’équivoque en cela n’est pas fort dangereuse, puisque les torrens se trouvent ordinairement dans les vallées ; mais il est bon de la remarquer, parce qu’on attribue quelquefois à la vallée, ce qui ne convient qu’au torrent : par exemple, à la vallée de Cédron, ce qui doit s’entendre du torrent de même nom.

On n’observe pas toujours dans l’Ecriture la distinction qui se trouve entre le torrent & le fleuve ; & souvent on prend l’un pour l’autre, en donnant le même nom à de grandes rivieres, comme l’Euphrate, le Nil, le Jourdain ; & à des rivieres qui coulent toute l’année, comme le Jabok & l’Arnon. On donne au Nil le nom de torrent d’Egypte : dans les Nombres, xxxiv. 5. Josué, xxv. 4. & 47. Isaïe, xxvij. 12. & à l’Euphrate, Psalm. CXXIII. 5. & dans Isaïe, ce fleuve est nommé le torrent des Sauls, Isaïe, xv. 7. D. Calmet, Dictionn. (D. J.)